Pesquisar seu artigo aqui

vendredi 27 mai 2016

DÉSHUMANISATION ET INHUMANITÉ EN HAITI: MOURIR EN SILENCE?

Résumé

Cet article propose une réflexion sur l´état de déshumanisation et d´inhumanité par lequel la société haitienne est rongée graduellement. Pour comprendre cette situation, nous prenons en compte la grève du secteur médical entamée, cela fait des mois, par les médecins résidents de l´HUEH en soulignant qu´elle n´en est pas des moindres. Le résultat auquel l´article s´attend est de faire ressortir qu´en dépit de l´état de dégénérescence et de pourrisement auquel est parvenue notre cruauté au détriment de l´humanité, il nous reste encore de l´espoir.

Introduction

Depuis quelques mois, le secteur médical en Haiti est sécoué par une forte crise, disons plus globalement, la santé est en grève dans une société où elle accuse déjà une précarité pas croyable. Ce secteur fait face à d´énormes difficultés, et cela ne date pas d´hier. En conséquence, il rentre en grève à cause des problèmes structuraux vieux, jamais résolus mais toujours coincés sous le label d´un tout va mieux maquilleur et maquillé. En clair, les révendications des médecins sont précises: outre de bonnes conditions sanitaires de travail, ils réclament un salaire raisonnable qui leur permetterait de contrecarrer la situation de galère que leur impose la profession médicale sachant que la question salariale donne épineusement à mourir douce et en silence en Haiti. En résumant ainsi en peu de mots le contenu essentiel de cette crise, pas la peine de revenir sur toutes les scènes vu que l´article n´a pas pour objectif de reprendre et de reconstituer les faits avec une perspective journalistique. Néanmoins, il s´ambitionne à interpeller l´intélligence de plus d´uns et à fouetter la conscience humaine de chacun sur la déshumanisation et l´inhumanité qui règnent en maître en Haiti, ce en partant de ce cas récent de la santé en grève, bien qu´il y en ait beaucoup d´autres. Un fait qui, apparaissant absolument invraisemblable, n´aurait jamais dû se produire dans une société dite constituée d´êtres humains digne d´une telle appelation. Tandis que cela fait des mois que les dirigeants pleurnichent là-dessus. Alors, faut-il mourir en silence ou défendre l´humanité, ce bien commun à tous?

La mort préférée à la vie 

La vie n´a plus d´importance en Haiti, elle est de plus en plus banalisée et vandalisée. Le chemin de la mort a l´air d´être une option implicitement et officieusement préparée par ceux-là dirigeants, hommes politiques, grands entrepreneurs, capitalistes, bourgeois, riches commerçants ayant les moyens économiques de se faire soigner ailleurs, pour se débarrasser des indésirables. En d´autres termes, en Haiti, le traitement réservé aux Haitiens les force à mourir, les pousse plus vers la mort que vers la vie. Une sorte de génocide douce, classique et un massacre silencieux quoi! Dans les quartiers populaires, par conséquent, on y meurt en silence, car on n´a le droit ni d´être malade ni d´avoir des soins de santé. Le seul droit qui reste à ces rejetés de la société c´est de mourir, ce, dans le plus sombre et profond silence puisque même en poussant de grands cris, il n´est pas sûr d´être entendus. Or, les morgues n´en peuvent plus, la terre, seule à convenir un refuge non refusable, se lasse de recevoir le corps de ces pauvres et innocents lâchement assassinés.

À entendre les médecins grevistes résidents du plus grand centre hospitalier du pays, ''Hospital général'', de son nom populaire, ça donne froid au dos et l´on se demande dans quel siècle vivent finalement les Haitiens? Qui sommes-nous pour nous traiter nous-mêmes de la sorte? Qu´est-ce qui nous arrive pour que nous soyons si impitoyables aux souffrances maladives de nos semblables? Qu´est-ce qui se passe pour que nous devenions si insensibles aux pleurs et aux cris des autres? Nous sommes devenus des morts vivants. La mort nous frole à chaque instant dans la plus imparfaite insensibilité et indifférence. Elle est devenue plus qu´un soulagement qu´un gain.

La vie et la santé: deux choses sacrées en dégénérescence en Haiti

Or la vie est sacrée et la mort en est sa continuité, n´est-ce pas ce que nous a appris la morale religieuse? La santé c´est ce qui vivifie, honore et fortifie la vie, alors quand elle n´est pas garantie, soutenue et maintenue c´est la vie elle-même qui est en danger. En effet, le sacré est la manifestation sociopsychologique de l´individu devant le respect et la révérence qu´il observe devant les choses qui, par leur sacralisation et ayant été classées à part, deviennent intouchables, inviolables et immortelles. D´autre part, le symbolisme du sacré est la mémoire historique et sociale de toute société. C´est d´ailleurs l´un des fondements jusque là inébranlables de la société au point que s´il se brise, l´avenir de celle-ci est facheusement menacé. Ce symbolisme tend, malheureusement, à s´éteindre en Haiti. Et plus particuclièrement cette présente crise dont on ignore la solution et la fin nous le montre. Si on était en Grèce et à Rome, on dirait que les dieux et les déesses de l´Olympe nous ont abandonnés, de ce fait, nous sommes maintenant livrés à toute sorte de malheur et de maladie même les plus impuissants.

Si la santé est intimement liée à la vie et, dirions-nous même, elle la conditionne en quelque sorte, alors elle doit être traitée de la même manière que celle-là. Le non accès aux soins de santé est automatiquement un non respect à la vie. La grève des médecins résidents à l´HUEH, pas des moindres d´ailleurs, avilit une fois de plus la fragilité, le calvaire de vivre en Haiti et la malencontreuse mésaventure de s´y trouver malade lorsqu´on doit se faire transporter à l´HUEH. C´est le sort de cette femme enceinte, morte avec son bébé dans le ventre faute de soins, qui attend chacun qui se trouverait dans une telle situation. Quelle cruauté! Même en temps de guerre, je ne m´imaginerais pas entrain de vivre une scène pareille. Que les dieux de nos ancêtres aient pitié de nous à cause de ces sacrifices humains qui deviennent monnaie courante dans notre société! L´image de cette femme, si fraîche soit-elle en tout cas, doit nous revenir à la mémoire à chaque fois que nous devons nous souvenir combien sommes-nous cruels, maniaques et sadiques vis-à-vis de l´humanité et de la vie. 

Quiconque aime la vie, la trouve et la vit. En revanche, quiconque la haît, la maltraite, la détruit tel que nous le faisons en Haiti, ne peut rien espérer d´elle, elle fuit loin. Sur ce, cet article est en quelque sorte un plaidoyer pour le respect de la vie, pour le traitement digne à l´être humain, pour la protection de l´environnement dans lequel nous vivons et évoluons, enfin, pour la recherche des solutions aux problèmes qui divisent et fachent en même temps. Au lieu de nous perdre sous une attitude hypocritement et intentionnellement démésurée dans un débat stérile, vide de sens basé sur le structurel, il vaudrait mieux questionner d´abord notre humanité. C´est, à mon humble avis, un faux débat, car toute institution, toute structure et toute organisation prennent la forme des individus qui la dirigent et épousent leur caractère. Ainsi donc, le problème de notre société est au premier chef d´ordre humain. Tel est, en dépit de tout, le point lumineux et éclaireur que nous révèle cette grève de la santé.

Les structures non comme faux problème, mais comme expression de nos capacités humaines

Toujours est-il que le problème n´est pas seulement d´ordre structurel, il est surtout d´ordre humain, car les structures, qui sont avant tout humaines, ne tombent pas du ciel et ne sont pas non plus une espèce d´objet flottant sur l´eau ou exposé dans l´air, elles s´intègrent à notre humanité, forment avec elle un seul et unique composant, enfin, elles sont l´oeuvre et l´expression de nos capacités humaines. Intélligemment nous les revêtons un caractère sacré et institutionnel pour protéger la lettre collective dont elles sont issues, les faire fonctionner dans l´impartialité, la justice sociale et l´équité, non pas pour en faire un faux problème. Quand on parle d´être humain, il ne faut pas voir uniquement cette masse corporelle, physique et matérielle, mais d´abord cette intélligibilité derrière laquelle se cache tout une infinité d´idées, d´idéologies, de projets, de capacités et de compétences lui permettant d´agir sur les problèmes tant sociaux que naturels retenant que les premiers portent les empreintes humaines tandis que les seconds nous les trouvons en naissant et nous les laisserons tels quels après avoir traversé. Donc, ce qui se passe actuellement en Haiti, à savoir, la santé en grève, porte d´un côté la marque de nos mauvaises actions irrefléchies et irrationnelles, est une déstruction et une négation de l´humanité, de l´autre. Il prouve ainsi notre incapacité à maitriser nos propres environnements, à agir sur nos problèmes et à transformer les difficultés en opportunités.

Les structures, qu´elles soient sociales, politiques, économiques ou culturelles, ont été et sont faites par nous, c´est nous qui les construsons, les définissons, les ordonnons, les organisons, en déterminons le fonctionnement, donc, c´est dire que nous sommes en avale, elles sont en amont. Ce n´est pas que je sois entrain de minimiser la force, le poids, l´impersonalité et la puissance des structures qui ont un caractère et une nature complètement distincts de ceux de chaque individu, mais elles restent une oeuvre collective née d´une union et d´une fusion de forces individuelles et d´actions humaines. À mon humble avis, faire de ce problème de santé y compris de tous les autres qui rongent notre société une simple affaire d´ordre strictement structurel, c´est une manière encore plus sinique de banaliser ce qui, en fait, est un mal historico-humain. Il n´y a de struture et d´institution que les individus, acteurs et agents sociaux par excellence. Ainsi donc, à travers les structures nous devons entrevoir l´intélligence humaine en action, la rationalité humaine en activité.

Sur ce, nous avons besoin de nous regarder nous-mêmes, de questionner notre propre image pour comprendre que, comparativement, aux autres êtres humains dotés des mêmes caractéristiques et potentialités humaines que nous, nous nous trouvons dans les marges des plans de développement humain du nouveau millénaire. Sans respect pour la vie et la santé et nous croyant seuls et isolés dans le monde, nous ne nous rendons même pas compte que nos actions sont une menace potentielle pour l´espèce humaine. 

Notre humanité: entre dégénérescence et espoir

Oui, les plus pauvres crèvent en silence dans leur trou de ghuetto où ils sont entassés sans accès à l´eau potable, à la toilette, aux soins de santé, à la nourriture sous les yeux assassins des autorités. Quand le minimum qu´est la santé est loin d´être acquis le seul issu qui se présente à eux dans un pareil cas est de crever en silence. La mort devient, par conséquent, un soulagement, une délivrance, une libération plutôt qu´une félicité et une rentrée bien heureuse dans l´autre monde. Certains trouveraient peut-être mon texte un peu allarmiste. En fait, il l´est et il doit l´être compte tenu de la gravité de la situation qui prévaut actuellement dans notre société, afin de montrer notre inhumanité et à quel point nous autres en Haiti nous vivons en marge de cette si merveilleuse coopération que nous enseigne la nature humaine. Nous ne faisons rien pour l´améliorer alors nous la détruisons à petit feu par le refus de survenir au secours des personnes vulnérables. Toutefois, l´article se révèle aussi un cri d´alerte sur ce qui nous guette, sur ce à quoi nous sommes exposés: C´est qu´en nous entredestruisant, entredéchirant et entremaltraitant nous causons des torts énormes aux autres de près comme de loin sans même le savoir et en être conscients, car l´humanité est une et indivisible. Il est donc temps de nous ressaisir. Que faire donc?

La solution n´est pas aussi simple que l´on pense, car, parlant d´êtres humains nous nous attaquons à un des problèmes les plus complexes et compliqués de tous les temps. La nature humaine en elle-même est très problématique. Sa définition intéresse moins les chercheurs que sa fonction, car l´être humain est différent d´un objet facilement définissable ayant des caractéristiques et propriétés propres, stables et même stagnées. Or, la fonction de tout être humain est une perpétuelle construction et évolution. Il change, se développe, se perfectionne et est au centre des grandes mutations et transformations sociales qui n´arrêtent pas de bouleverser les sociétés humaines. Il est le seul détenteur de cette intélligibilité perfectionniste parmi toutes les espèces. Par ailleurs, il est important de rappeler que nous sommes aussi cette unique espèce capable de faire confiance aux autres, de travailler dans la coopération, de construire une solidarité collective, d´être conscients de nos fautes afin de recommencer, enfin, de parfaire notre société, nos actes, nos actions et nos activités. Sur ce, nous devons défendre avec force et véhémence notre humanité ainsi que ses valeurs les plus fondamentales que sont la justice, la dignité, le droit, l´égalité, le respect, l´éthique, la morale pour ne citer que celles-là, dans le cas contraire il ne nous reste qu´à choisir de mourir en silence.  Si les problèmes qui nous assiègent sont avant tout d´ordre humain, ils nécessitent par conséquent d´une solution en tant que tel, c´est dire qu´il revient de changer notre façon d´être et de vivre dans le monde. Pour ce qui concerne la méthodologie, elle peut être d´ordre macro, meso ou micro. Toutefois, en partant de ce changement d´ordre transcendant et ontologique, les structures changeront de par elles-mêmes.

Considérations finales

Enfin de compte, il est urgent de recouvrer notre humanité par le vivre collectif, la solidarité et la recherche du bien commun. Car, bien au-delà des libertés individuelles - qui, étant une des grandes conquêtes de la modernisation à consolider, mérite d´être exploitée à bon escient - il y a les actions collectives, seule force de survie d´une société. Elles se concrétisent dans l´union et la fusion des forces individuelles. Les libertés individuelles n´ont de sens qu´au sein d´une représentation collective où elles prennent effet. De plus, elles sont individuelles pourvu qu´elles s´intègrent à une collectivité dont elles sont inséparables  bien que distinctes d´elle. Contrairement à ce que l´on pense, l´individualisme n´est jamais le contraire ni l´opposé du collectivisme, mais son composant et son complément. La santé, le bien-être et le bonheur sont donc tous une conquête collective. D´ailleurs, l´un des mérites des sociétés traditionnelles est d´avoir accordé une importance capitale à l´esprit collectif, à la décision groupale, à la réussite sociale et à l´harmonie sociétale, tous incarnés dans un ancêtre commun que représente le totem autour duquel s´ancre la vie sociétale et collective. Le totem est l´incarnation même de la société, de son vivre ensemble et de son harmonisation. C´est en outre son prolongement, sa raison d´être, enfin, le collectif en action. Sur ce, je voudrais clore cet article en demandant où est passé le totem de la société haitienne?

Jean FABIEN

Campinas, vendredi 27 mai 2016

lundi 14 mars 2016

PROFONDÉMENT CONSTERNÉ, JE ME RECOURS AU SILENCE!

Il est dit: ''Qui ne dit mot consent''. Cette expression peut toutefois ne pas être vraie dans la mesure où, tellement consterné et abattu, ne pas dire mot peut avoir le sens de recul ou d´opposition sous une forme silencieuse à des choses qui se pratiquent, ce, dans des circonstances bien particulières. Quand on est si profondément consterné, tel que je le sens aujourd´hui, il est préférable de s´accorder quelques temps de silence en ne disant mot, sinon de recul afin de mieux observer et comprendre ce qui se passe autour de soi. En effet, ce silence est causé par ce qui s´était produit le lendemain du 7 février, soit le 14, où un sénateur est devenu président provisoire d´une transition faite à la césarienne. C´est ce que j´appelle, malheureusement, une saleté politique. Je me garde de revenir sur cet accord signé entre MM. Priver et Martelly, parce qu´à force de le reprendre, il est susceptible de l´élever à une valeur qu´il ne mérite pas. Toutefois, il traduit la pratique continue de la politique malsaine du ''ôte-toi que je m´y mette'' qui sévit depuis la mort du père de l´indépendance, Jean-Jacques Dessalines.

Je tenais à préciser cette nouvelle stratégie afin de, non seulement, exprimer mes profonds sentiments d´indignation et d´opposition aux agissements des politiciens haitiens qui vont à l´encontre de notre Haiti chérie, mais surtout, de ne laisser planer aucun doute sur ce silence qui est à la fois un choix et une imposition. Je n´ai de choix que de me taire si je voudrais avoir des jours meilleurs. Ainsi donc, de peur que plus d´un ne jugent mal, inapproprié ou infondé mon silence dans le contexte politique d´après-Martelly, il est important de signaler que durant cette transition, je me réserve le droit de ne piper mot, de ne produire aucune réflexion critique sur cette conjoncture politique indigeste qu´est la transition. Personne ne sait réellement quand elle se terminera, mais tant qu´elle perdure mon silence se maintiendra. De plus, j´ai horreur des transitions en Haiti parce qu´elles nous apportent trop de regressions calamiteuses. Elles traduisent le plus souvent une absence totale d´ordre, de droit et démocratie. Je me sens très mal à l´aise d´en parler quand elles deviennent le mal nécessaire à choisir parmi les grands maux.

Cette transition peut s´avérer pire que le règne de Martelly qui m´a été un véritable rêve cauchemardesque. Néanmoins, des deux maux un, il aurait fallu qu´au départ de M. Martelly cette transition soit assurée non pas par une institution si problématique qu´est ce Parlement, peuplé d´individus sur qui planent des soupçons et des doutes, c´est regrettable!, mais par des regroupements et associations sociales et politiques, qui forment la société politique, avec l´accompagnement de l´opposition démocratique qui a durement travaillé à faire obstacle aux mauvaises actions de M. Martelly. Ces derniers auraient eu pour mission principale d´inicier la révolution sociale tant souhaitée. Mais, hélas! tout est survenu à l´envers. On peut dire que du 7 au 14 février 2016 il y a eu un auto-kidnapping d´État. Celui-ci a été et est largement avantageux aux petites élites oligarchiques conservatrices et complètement désavangeux aux masses populaires qui gisent dans la misère, la crasse, l´insalubrité, la pauvreté chronique. Ceci ne peut que susciter l´amertume de tous ceux qui ont un peu de bon sens: Je suis profondément abattu, offusqué et bouleversé par cette politique indécente qui se pratique en Haiti. 

Enfin, je ne crois pas qu´avec cette transition Haiti ait emprunté la voie d´un mieux être. Bien au contraire, tout a été biaisé, truqué, manipulé en amont au profit des intérêts des uns et des autres en excluant toujours ceux du peuple. Je suis convaincu, par conséquent, qu´Haiti vient de râter une occasion en or d´inicier une révolution sociale pour en finir avec les politiques malvéantes au détriment des masses populaires et entrevoir l´issue d´une Haiti meilleure. Pauvre Haiti! Je doute que tu sois condamnée à subir continuellement les âffres de tes propres fils inconscients et aveugles des vrais problèmes qui te rongent l´esprit et te ruinent l´âme. Puis que l´espoir fait vivre, et, vivre avec l´espoir fait partie de l´espérance de l´humanité et s´avère une attitude sage et intelligente à adopter, alors nous formulons l´espoir et avons la forte espérance qu´un jour il surgira d´entre nous des gens qui, en faisant des nécessités des masses pauvres la priorité des politiques publiques, aborderont les vrais problèmes de cette société malade dans tout son compartiment.

Jean FABIEN


Campinas, 14 mars 2016

dimanche 21 février 2016

FRANCKY, TU ES PARTI SANS QU´ON NE SE SOIT REVU TEL QU´ENTENDU!

     Il fut un ami et notre amitié s´est construite d´abord à l´École Normale Supérieure (ENS) de l´Université d´État d´Haiti (UEH) pour ensuite se renforcer et se consolider à l´Université d´État de Campinas (Unicamp) au Brésil. Un grand ami avec qui les discussions intellectuelles, très fructueuses, se déroulaient dans un atmosphère de respect et d´humour en faisant valoir la divergence des opinions. Tout ce qu´on peut espérer de la compagnie d´un camarade dans une ambiance académique et universitaire, c´est sa capacité à susciter l´approfondissement des débats à travers ses interventions, à trouver en lui des sources d´inspiration pour aller plus loin, à accepter la contradiction des idées afin que la lumière jaillisse, enfin, à mûrir avec lui des rêves de changement d´une société. Tels furent quelques des grands caractères de Francky Altineus dont le départ, survenu dans des circonstances regrettables et lamentables, m´a plongé dans une profonde tristesse vu que je pratiquais le personnage depuis exactement 9 ans.

     Nous avons, en effet, développé une amitié si franche et intime au département des Sciences Sociales de l´ENS, où nous avons été admis en 2007, que tu m´appelais ''Maître Faboulo'', parce que tu savais que j´étudiais parallèlement le Droit à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de l´UEH. C´était juste pour me taquiner et on se sentait bien de la sorte, on s´en amusait, on s´en riait. Cela, devenu une sorte d´habitude affectionnelle et en ayant traversé les frontières haitiennes, s´est poursuivi jusqu´au Brésil où, sous le croisement de nos derniers regards en 2014, tu devais me laisser pour retourner en Haiti. Séparé physiquement de toi, un de mes meilleurs amis, je m´en sortais très difficilement. Dans la soirée du 8 août 2011 - date à laquelle correspond l´entrée légale et officielle sur le territoire brésilien d´un groupe d´environ quatre vingt étudiants haitiens - du nombre desquels nous nous figurions - bénéficiaires des bourses d´études octroyées par le gouvernement brésilien dans le cadre du programme Pró-Haiti financé par la CAPES (Coordination pour l´Approfondissement et le Perfectionnement des Études Supérieures) -, dans cette chambre très exigue de 6 personnes où toi et moi partageâmes un petit espace très coincé, nous avons fait le serment, y compris les 4 autres camarades, de revenir en Haiti dès que valablement formés, pour y servir et y être totalement impliqués dans sa marche vers le développement, te le rappelles-tu? Te souviens-tu m´avoir dit, après ta maîtrise, à la défense de laquelle j´ai été malheureusement empêché de prendre part, que ton plan était de retourner au Brésil pour y poursuivre tes études doctorales? Tu te rappelles qu´on s´était entendus de se rencontrer en Haiti lorsque j´y rentrerai? Tu te rappelles qu´il fallait se revoir immédiatement dès j´aurai mis les pieds sur la terre d´Haiti pour travailler ensemble sur ton projet doctoral? 
     He! bien je suis désolé, mon grand ami, de ce que cette rencontre ne pourra plus jamais avoir lieu, car tu es parti sans me prévenir. Si c´est Dieu, maître de vie et de mort, qui en a décidé autrement, alors je n´y peux rien. Pardonne-moi mon ami, car cela dépasse non seulement ma capacité, mais encore mon pouvoir! Je te prie de recevoir toutes mes excuses! Oui, tu t´en es allé sans qu´on ne puisse se revoir tel qu´entendu pour discuter ensemble de notre projet de construire une école. 

     Certes, aucun misérable être humain ne peut décider de la manière dont il doit mourir. Il est toutefois cruel et dur d´admettre que cela soit arrivé par des actes de barbarie et d´irrespect à la vie qui nous enlèvent des êtres chers et nous privent de leurs affections. Peut-être mon sort sera-t-il pir que le sien, mon ami, mais, cela m´importe très peu! Pendant que je suis encore en vie, je ne peux laisser inexprimé ce regret de n´avoir pas pu te convaincre sur le fait qu´Haiti est une mère qui mange et n´arrête pas de manger ses propres fils et filles, le jour où nous fûmes entrain de débattre ce sujet sur le campus de l´Unicamp. Néanmoins, tu avais tellement de nostalgie de revenir sur ta terre natale pour y aider - un mal du pays, dirait Maurice Syxto -, tu étais tellement animé d´une soif démesurée de revenir partager avec tes compatriotes le peu de savoirs acquis à l´Unicamp, plus particulièrement, à l´Institut de Géosciences où tu as décroché ton diplôme de maîtrise en Géographie de l´environnement entre 2012 et 2014, que rien ne pouvait te retenir au Brésil. De fait, tu es revenu dans ton pays tout enthousiasmé, tout frais et super motivé pour servir. Mais, malheureusement, ce rêve que tu caressais si joyeusement dans ton coeur, que tu me partageais infatigablement dans des échanges, celui d´être un grand Géographe à l´image de George Anglade (Géographe haitien) et de Milton Santos (Géographe brésilien) tes préférés, tu ne pourras plus jamais le réaliser. Car, tu étais persuadé et convaincu que c´est en travaillant dans ton pays, en partageant les connaissances avec tes frères que tu pourras atteindre ce but. Mais hélas! Tous ces efforts n´ont eu pour récompense que ta mort tragique.

     Je ne sais pas où tu es maintenant et je n´ai pas non plus envie de le savoir, mais, qu´importe l´endroit où se trouvent actuellement ton âme et ton esprit (dans le pays ou le monde des âmes et des esprits), saches que je pleure amèrement ton départ autant que je me lamente sur cette pratique voire cette culture d´impunité et d´injustice qui s´érigent en norme dans cette Haiti que nous chérissons tous malgré tout. L´impunité et l´injustice t´obstrueront le chemin de la justice et de la paix mon ami. Aussi te troubleront-elles le sommeil. La justice est la seule et unique chose qui puisse minimalement consoler ta famille, tes proches et tes amis, moi en particulier. Elles, l´impunité et l´injustice, nous agressent, nous maltraitent, nous démoralisent, nous attristent, nous déconcertent, nous affaiblissent, nous démotivent, nous animalisent plus que tout autre acte en soi, qu´importe sa nature. Elles brisent nos rêves et détruisent nos projets. Elles transforment les agresseurs en victimes, les victimes en agresseurs. C´est tout un monde à l´envers qu´elles bâtissent autour d´elles mon ami. Enfin, l´injustice et l´impunité cultivent en nous, victimes, la peur de nos bourreaux devenus seigneurs, un sentiment de honte et de culpabilité et nous rendent étrangers dans notre propre pays natal. 

     Néanmoins, comme le veut la formule de politesse, le voeu pieux, bien que je doute fort de sa matérialisation tant à moyen qu´à long terme, ce serait de voir qu´une différence soit faite dans ton cas, mon cher ami. Autrement dit, que la justice soit rendue en signe de respect pour ton âme et celle des autres qui ont péri avec toi dans cette malencontreuse journée à l´Arcahaie. Ce sera, en dépit de tout, un soulagement pour ta famille, tes amis et tes proches afin d´amoindrir en eux les impacts psychologiques et mentaux inefaçables laissés par ce départ si prématuré. En effet, une fois de plus, les efforts et les sacrifices pour se construire d´un jeune cadre intellectuel en herbe de la société haitienne viennent d´être gaspillés. C´est le rêve de toute une famille de voir son fils briller après de nombreuses tribulations consenties au quotidien qui vient de se briser, c´est l´espoir de toute une société juvénile en quête de formation de compétence qui vient d´être interrompu, enfin,  c´est tout un petit arbre en phase de germination qui vient d´être prématurément abattu. Tu as donc râté ton sublime rêve d´être un grand géographe pour ta famille, ta communauté et ta société mon ami! Une gloire manquée que ta famille aura constamment du mal à digérer. Que c´est frustrant, révoltant et désolant!

     Enfin, s´il advient que je dois partir de la même façon que toi, mon ami, qu´il en soit ainsi! Alors, nous aurons certainement beaucoup de choses en commun à nous raconter tous les deux et là tu pourras me dire clairement toute la vérité sur ce qui s´est réellement produit ce dimanche 7 février 2016 à l´Arcahaie, car toi seul et toi seulement sais véridiquement ce qui t´est arrivé là-bas. Je te pleure moins quand il me vient à l´esprit quelques paroles spirituellement fortifiantes et réconfortantes d´Ecclésiaste selon lequel la mort nous libère des vissicitudes de la vie, les morts sont plus heureux que les vivants parce que désormais les affres de la vie cessent de les atteindre et de les tourmenter. C´est une vérité difficile à accepter. En outre, quand je sais que c´est une traversée que tu viens d´effectuer - bientôt je t´y rejoindrai -, que, finalement, dans cette traversée il n´y a ni devant ni derrière, ni premier ni dernier, ni supérieur ni inférieur, ni maître ni esclave, alors c´est ce qui me donne la force et l´énergie de rester encore débout, car tellement abattu par ton assassinat qui me laisse un choc psychologique et mental irremédiable. Dans ce tourbillon de traversée, les vivants et les morts ne forment qu´une seule et même entité. L´homme vit autant qu´il meurt et meurt autant qu´il vit! Seuls les vivants parlent de la mort et ils peuvent en parler pour la simple et bonne raison qu´ils sont vivants, donc la mort c´est encore la vie sous une autre forme qui dépasse non seulement la dimension de ce monde physique qui nous entoure, mais surtout notre entendement, nous autres êtres humains. Sur ce, vis dans mon coeur et dans mon esprit, mon ami, car, à la vie comme à la mort, notre amitié demeure éternelle, fidèle et sincère.

Pour saluer, dans un esprit d´amitié éternelle, le départ de Francky Altineus à la famille duquel j´adresse toutes mes sincères condoléances!


Jean FABIEN

Campinas, dimanche 21 février 2016


lundi 8 février 2016

7 FÉVRIER 2016, HAITI TOURNE LA PAGE DOULOUREUSE DE CE MARTELLY, MAIS...

     Le 7 février 2016, Haiti vient de se décharger d´un fardeau qu´elle a été astreinte de porter pendant cinq ans. Ce furent, en effet, cinq années d´insultes, de hontes, d´injures, de propos salissants, avilissants que nos enfants, nos jeunes n´auraient jamais dû entendre sortir de la bouche de celui qui était censé être le premier d´entre nous malgré tout. Hélas! Pauvre Haiti! Heureusement, nous avons Ecclésiaste pour nous remonter le moral et nous donner la force de continuer à vivre et d´espérer dans un lendemain meilleur quand il dit: ''il y a un temps pour chaque chose''. Si l´ère martellyste fut le temps allarmant où il trainait dans la boue le peu qui nous restait comme valeur morale, symbolique et culturelle, ce 8 février 2016 est le temps d´essuyer ces larmes et de prendre la ferme décision que nous ne revivrerons plus jamais ce temps sous quelle que forme que ce soit. C´est une révolution froide et douce qui vient de se produire en Haiti. Cependant, la messe n´est pas encore dite. L´épée de Damoclès est encore pandue plus gravement sur la tête du pays.

     La cérémonie traditionnelle de passation de pouvoir n´a pas eu lieu, en lieu et place une séance spéciale s´est tenue au Parlement réuni en Assemblée Nationale le dimanche 7 février 2016 pour recevoir l´acte officiel de la fin du mandat de M. Martelly et constater en même temps l´existence d´un vide présidentiel. Cette situation politique extrêmement spéciale s´explique par quelques scénarios importants. En premier lieu, le président sortant, M. Michel Martelly, arrive au terme de son mandat sans pouvoir, cependant, passer l´échappe présidentielle à son successeur conformément aux voeux constitutionnels. Il l´a, par conséquent, remise là où elle lui a été passée au cou le 14 mai 2011, c´est-à-dire au Parlement. Le second scénario s´explique par le fait que l´Éxecutif, comme le Parlement entre 2014 et 2015, devient automatiquement en cette date disfonctionnel. Haiti est réellement une terre d´exceptionalités, de spécialités, de stupéfactions, d´inventions, mais surtout l´endroit qui rend le possible impossible, l´impossible possible. 

     Il y a, par ailleurs, un autre constat à faire, il s´agit du climat socio-politique dans lequel cette fin de mandat s´est déroulée. En effet, le peuple haitien a grandi et fait preuve d´une certaine maturité démocratique en laissant M. Martelly partir dans une certaine tranquilité sans qu´il n´y ait d´invasion militaire (comme en 1994 et en 2004), des violences populaires, des déchoucages, des chasses à l´homme (comme le 7 février 1986), sans qu´il n´ait été contraint à l´exile. De plus, après son passage au Parlement, il a emprunté les rues de Pétion-Ville à pied sans incidents majeurs. Cette attitude est à remarquer. Pour une seconde fois depuis 1986, un président laisse le pouvoir et reste dans le pays. Cela est encore historique et s´inscrit dans les grandes pratiques modernes de la démocratie. Bravo au peuple haitien! Il a renvoyé le signal qu´il est un peuple pacifique. Sur ce, il est important d´aller sur cette même voie et d´en faire plus en vue d´éviter toute entrave à la croissance de notre démocratie en perpétuelle construction. Néanmoins, tout ce qui est à retenir de cette journée, c´est qu´Haiti vient de tourner une page de son histoire, la plus malheureuse pour ne pas dire la plus cauchemardesque. Le temps où le peuple se faisait insulter à longueur de journée, à chaque sortie spectaculaire est désormais révolu. Le temps du rève dans lequel était plongé un grand nombre d´Haitiens tant en Haiti qu´à l´étranger est passé, voici il nous est offert l´opportunité de commencer une nouvelle Haiti.

     Cependant, je doute fort que la façon dont cette journée s´est achevée au Parlement permette d´entrevoir une solution rationnelle. La formule de sortie de crise consentie à l´aube du 7 février et parafée par les présidents des deux chambres et celui de la république entre ce dernier et l´Exécutif est problématique à cause de la configuration actuelle du parlement et du climat d´incertitude qui plane sur sa légitimité à être acteur d´un tel concensus. Je crains que celle-ci puisse permettre effectivement de trouver une porte de sortie à la situation socio-politique actuelle, ce pour plusieurs raisons. Comme l´ont admis plus d´un, la crise dépasse le cadre institutionnel, disons mieux, elle n´est pas entièrement ou seulement institutionnelle, elle est aussi conjoncturelle et nécessite de s´ouvrir aux autres acteurs sociaux, politiques et économiques, donc le plan de sortie de crise ne peut être unilatéral surtout avec un Parlement qui n´inspire pas confiance, mas il mérite d´être multilatéral. 

     Cette soi-disant 50ème Législature rentrée en fonction à l´insu des procédures prévues à cet effet est entachée de contestation et d´illégitimité parce qu´il est issu des démagogies produites par le CEP les 9 août et 25 octobre 2015 communément appelés très malsainement ''élections''. Par conséquent, il ne serait pas en mesure de décider à elle seule une formule en laissant de côté l´opposition, les partis politiques et les organisations de la société civile, surtout que beaucoup d´entre ces parlementaires font l´objet de virulentes suspicions. Nous sommes ici face à une incohérence grave. Car, si, d´une part, les ''élections'' législatives et présidentielles des 9 août et 25 octobre 2015 ont été genantes et vivement contestées à tous les niveaux au point que Jude Célestin a définitivement décidé de ne plus embrasser un second tour du scrutin pas avant une évaluation complète du processus par une commission digne à cause des fraudes et irrégularités, alors de quel droit ces parlementaires issus de celles-ci peuvent-ils se prévaloir des prérrogatives d´apporter une quelconque solution à la crise engendrée elle-même par ces diverses contestations? C´est d´elle qu´est accouché aujourd´hui ce vide présidentiel, alors comment ceux qui en sont le produit peuvent-ils être problème et solution à la fois? Autrement, nous sommes en droit de nous demander si ce parlement existe-t-il réellement? Si oui, peut-il faire partie de la solution de la crise?

     Toutefois, il convient d´admettre qu´en dépit de tout, cette décision issue du parlement, le dimanche 7 février 2016 selon laquelle l´ex-président Michel Martelly a remis le pouvoir à l´Assemblée Nationale, a évité le pir attendu, par contre, le malheur plane encore sur nous. Mais, que dit l´entente? Qu´est-ce qu´on peut attendre d´elle? En effet, selon l´entente trouvée pour assurer un départ ''controlé et réfléchi'' de Martelly dans le calme et la paix - ce qui a été constaté d´ailleurs - il est entendu que, une fois le vide présidentiel est constaté par le président de l´Assemblée Nationale, la présidence est vacante et, afin de remplir ce vide provisoirement, il est prévu deux choses: premièrement l´ouverture des inscriptions à tous les citoyens et citoyennes à l´échelle nationale répondant aux exigences faites par la constitution et les lois de la république, afin de venir faire le dépot de leurs pièces au parlement, deuxièmement la création d´une commission parlementaire bicamérale qui sera chargée de l´étude de ces dossiers. Quelle foutaise!

     Plaidant en faveur du respect des institutions et de leur valorisation, je trouverais cette formule superbement correcte dans le cas où l´institution en question n´était pas sous les coups des suspicions, c´est-à-dire si les membres qui la composent n´étaient pas issus d´un processus électoral vicié à la base, s´il y avait des dispositions légales qui l´ont prévue. Donc, si elle non plus n´est pas à l´abri des contestations et protestations populaires, de celles des partis politiques de l´opposition et des organisations de la société civile, alors pourquoi ne pas laisser la tâche au Premier Ministre en place d´assumer la gouvernance provisoire au cours des 90 ou 120 jours prévus? Pourquoi cette vente aux enchères de la présidence provisoire? Nous ne sommes pas loin de donner raison à Martelly qui, en partant, a rappelé l´attitude des affamés de pouvoir et schizophrènes de la pratique ôte-toi de là que je m´y mette. Dans un pareil cas, il est incertain que cette formule produise des effets positifs. Elle va créer d´autres animosités, parce que non seulement ces parlementaires réduisent la crise à un simple facteur institutionnel, mais surtout parce qu´il est impropre, indécent, indigne et indignant que ce soit encore eux qui s´impliquent dans cette marchandisation de la présidence. 

     Néanmoins, s´il était souhaitable qu´un compromis soit trouvé entre les différents acteurs de la crise, cela n´a pas été fait. De ce fait, il est prudent que le parlement arrête de se mettre en avantgardisme dans ses excès. Le Parlement tel qu´il est constitué aujourd´hui est problématique, donc il ne peut pas prétendre être capable d´un quelconque résultat aux problèmes originels dont il fait aussi partie. La crise est pourtant loin d´être résolue, elle est amoindrie. Elle peut exploser à n´importe quel moment et cette entente en sera une des causes. Si actuellement Martelly c´est du passé - bien que beaucoup de gens l´aient toujours considéré comme une page regrettable d´histoire depuis longtemps tournée - cela ne veut  aucunement dire que les luttes fratricides traditionnelles pour le pouvoir disparaissent. Et c´est ce à quoi nous sommes exposés avec ce dépot des pièces prévu dans ce parlement délabré. Le poste de la présidence provisoire sera accordé aux plus offrants. Quelle république de conards!

     Enfin, mis à part les dangers de l´après Martelly auxquels la république est exposée, l´histoire retiendra la déliquescence à laquelle la Présidence en particulier et l´État en général ont été réduits sous le règne de M. Martelly. Ce fut le règne de l´immoralité, du non respect pour le genre humain (les femmes en particulier), pour la presse, pour le peuple haitien et pour les serviteurs de l´État, de la délinquance étatique, du banditisme et gangtérisme institutionnel, de la corruption consentie et érigée en norme, de la fuite des genres de bien et honnêtes et l´affichage en public des malfrats. En tout cela, le plus important est de tourner à jamais et définitivement cette page de notre histoire de peuple. Pour que cela soit, il est impératif que le peuple soit éduqué, qu´il y ait un devoir de mémoire dès l´enfance et une écritute historique et sociologique sur ce règne obscurantiste à la Boyer.

Jean  FABIEN

Campinas, 8 février 2016

dimanche 7 février 2016

LA MÉRINGUE CARNAVALESQUE 2016 DE SWEET MICKY: ENTRE INDIGNATION COLLECTIVE ET OPPORTUNITÉ DE COMBATTRE L´IMPUNITÉ?

     Introduction

     C´est une attitude avisée, intelligente, rationnelle et logique de ne jamais apprécier et/ou critiquer quelque chose pas avant d´en avoir pris connaissance. Ceux et celles qui ont choisi de ne pas écouter la méringue carnavalesque de Michel Martelly pour éviter de s´en prononcer, peut-être, ont-ils agi sagement bien! Le contraire aurait été pir, c´est-à-dire se positionner sur quelque chose dont on ignore. Mais, ceux et celles qui se sentent malades, maniaques et radicaux des valeurs humaines, se battent pour le respect, la dignité et la moralité de l´être humain et ont pris connaissance de cette méringue, ne peuvent ne pas sortir de leur mutisme pour dire NON à ces types de pratiques démoralisantes et dénigrantes au sein de la société haitienne. À cet effet donc, ils accomplissent leur devoir de citoyen, car, de même que la mort d´un homme est celle de tout homme, l´insulte dont est victime un citoyen atteint non seulement la citoyenneté et la démocratie en elles-mêmes, mais encore  tout citoyen indistinctement.
     C´est ce qui m´a poussé d´ailleurs - afin de pouvoir mieux orienter mes réflexions - à aller à la rencontre de cette méringue carnavalesque du groupe Sweet Micky à la tête duquel se trouve le chanteur Michel Martelly, transporté accidentellement comme président d´Haiti depuis le 14 mai 2011. Néanmoins, connaissant le groupe et son chanteur vedette pour ses dévergondages, ses propos salissants, ses déhanchages avilissants, ses tons poligomènes, ses grivoiseries, enfin, ses attaques personnelles et blessantes (rappellons-nous ses polémiques avec les groupes tels que Mizik Mizik, T-Vice etc.) dans le cadre du carnaval, je n´aurais même pas besoin d´aller écoûter cette méringue pour savoir qu´elle serait à un niveau si déréglé et démoralisant. Écrire un article sur un tel sujet est la dernière tâche à laquelle je me serais consacré. Il propose donc une réflexion autour de notre culture d´impunité vis-à-vis des propos psychologiquement suicidogènes d´où qu´ils viennent afin d´y entrevoir les conséquences d´une auto-destruction ou encore d´un auto-assassinat et de comprendre si cette méringue - une dérive de plus - n´offre pas une opportunité favorable d´initier le combat contre l´impunité à ce niveau.

Notre culture d´impunité

     Dans une société à mentalité appauvrie, il faudrait s´attendre que des saletés pareilles refassent surface. Et, quand les choses prennent une telle tournure et parviennent à un stade de putréfaction, il est complice de se taire, quand la conjoncture l´exige, il est impératif de s´exprimer. En effet, cette méringue, pour l´avoir écoutée, revèle, à mon sens, un problème fondamental grave d´impunité au sens collectif, qui, malheureusement, est l´un des éléments sur lesquels le groupe Sweet Micky a construit ses succès les plus fous en Haiti. Fort de ces constats, il y a lieu de souligner une culture d´impunité qui s´érige en norme au sein de la société haitienne et d´où découlent tous les maux qui nous auto-détruisent et nous auto-assassinent.
     Seule l´impunité - entendue comme refus ou absence de sanctions collectives - pouvait amener un individu à se servir des moments carnavalesques, qui auraient dû être l´expression de la beauté culturelle et artitistique d´Haiti, pour le règlement de ses comptes personnels avec des individus qui, de surcroît, ne font pas partie du même univers musical que lui, ce en leur lançant des propos déshonorants en plus. Même dans des polémiques rivales entre groupes musicaux - en période carnavalesque bien sûr, même si celle-ci tend de plus en plus à devenir une scène d´avilissement et de moquerie, une marchandisation corporelle - il n´est pas permis de tout dire ni tout accepter dans une société qui veut se construire sur le respect mutuel entre citoyens, leur égalité en matière du droit d´expression, de la jouissance des droits et libertés individuels et la valorisation de ses membres et de ses institutions .
     En dépit de tout, pour avoir ciblé des personalités dont le seul péché commis est de s´être prononcées sur la gestion des choses de la cité, ce qui est normal en toute démocratie digne de ce nom, cette méringue s´est acquise une certaine popularité en plus, car, que l´on veuille ou non, elle a, d´un côté, son propre public et ce serait étonnant que ce dernier ne s´en soit pas déjà assouvi en dégustant les grivoiseries de son chanteur admiré, elle n´est pas le produit de n´importe qui, mais celle d´un grand chanteur en même temps président de l´autre. Mais, le comble, c´est que, par ailleurs, elle nous animalise quand elle se véhicule, à l´échelle mondiale, avec une image d´indissociabilité avec une institution si prestigieuse qu´est la présidence.

     Si la vitesse avec laquelle court cette impunité, arme aux multiples tranchants qui nous auto-détruit et nous auto-assassine, n´est pas freinée, il est vain de croire, d´une part, que M. Jean Monard et Mm. Paul soient les dernières victimes de Sweet Micky ou d´une quelconque formation musicale, que la société soit en mesure de sanctionner tout contrefait qui va dans le même sens d´autre part. En effet, ce n´est pas pour la première fois que le groupe Sweet Micky, en saison carnavalesque, s´attaque à des individus ou groupes d´individus en employant des mots durs d´oreille. Le groupe ainsi que son chanteur, dont il incarne le style, est réputé pour ses comportements outrageants et tapageurs. Il est de ses habitudes de le faire soit directement ou indirectement. Souvenons-nous de ses propos déshonorants et irrevérentieux, qu´il est inutile de reprendre ici, lancés à l´endroit de nos deux anciens chefs d´État, en l´occurrence Ms. Aritide et Préval? Pas besoin de rappeler ceux encore plus blessants dans ses polémiques avec les groupes tels que Mizik Mizik et T-vice au point que ce dernier a même failli prendre le chemin de la justice pour injures graves selon les dires des proches. Dans son règne de Sweet Micky, M. Martelly était et demeure encore un tout-puissant chef de fil des méringues répugnantes. Il s´est tellement complu dans le titre d´un chanteur aux mots ronfflants et vulgaires qu´il y a consacré tout un album. Jusque là aucune sanction collective, morale ou institutionnelle n´a été appliquée. Le pir c´est que les groupes qui s´adonnent à dérives y puisent leurs ''succès''. C´est une impunité consentie qui est plus cancérigène que l´impunité elle -même.

     Cependant, la méringue ''Bal bannan n lan'' de Sweet Micky a suscité l´indignation et la colère d´une forte partie de la société. C´est une grande première. Il est vrai qu´il faille avoir une première fois en tout, par contre, je m´interroge sur l´intérêt et le bien fondé de cette prise de conscience. Car, cela fait plus d´un 1/4 de siècle depuis que Sweet Micky outrage la société en exposant ses genres d´affiche. Les méringues de Sweet Micky ont toujours été contre l´intégrité humaine, des attaques personnelles, des dénigrements aux femmes, des attitudes irrespectueuses envers les enfants, des injures à n´en point finir qui rabaissent toute une société et ternissent l´image de tout un peuple. Pendant ce temps, beaucoup se taisaient, alors pourquoi c´est aujourd´hui qu´elles foueillent la conscience collective? En d´autres termes, si cela ne date pas d´hier, qu´est-ce qui explique que c´est cette méringue qui révolte tant la conscience collective? En fait, dans le contexte socio-politique actuel, il paraît évident que les propos de Sweet Micky fassent autant de dégats dans une société qui ne finit jamais d´en compter et ne sait plus où les mettre. Sur ce, quelques faits sont susceptibles d´expliquer cette nouvelle prise de conscience.

Comprendre pourquoi la conscience collective s´est révoltée contre cette méringue

     En premier lieu, contrairement aux autres arguments, je pense que les impacts et discussions que provoque cette méringue sont dûs plus au refus de la société à la banalisation et à la désacralisation de son sacré. Quel que puisse être le niveau de civilisation ou de dérive auquel une société pourrait parvenir, s´il y a une chose avec laquelle elle répugne toute plainsetrie et moquerie c´est son sacré, ce qui veut dire que la sacralisation est constitutive et immanente à toute société humaine. Les choses sociales sacrées sont intouchables, inviolables et immuables. Les institutions sociales représentent le symbole manifeste de ce sacré et quand elles sont foulées au pied c´est le sacré lui-même qui est atteint. Et quand le sacré se trouve en difficulté, la société devient une espèce de pyramide: elle est renversée y compris ses valeurs, ses croyances, ses institutions et sa culture. La Présidence en est une. Donc, lorsqu´elle est désacralisée, cela ne peut que révolter les consciences collectives. Ce manque de respect et de révérence envers le sacré, disons mieux la Présidence, est la preuve conséquente d´un conflit de personalité et d´identité qui domine depuis longtemps le Sweet Micky dévergondé et le Michel Martelly président malgré lui.

     En second lieu, il est clair que cette méringue qui provoque la dégénérescence  du sacré affecte plus la société que les personnages qu´elle cible, à savoir, M. Jean Monard Mételus de la RTVC (Radio Télévision Caraibes) et Mm. Lilliane Pierre Paul de la Radio Kiskeya. En fait, elle est plus accentuée sur cette dame à qui la société haitienne doit honneur et respect. Mais, évitant de réduire la situation à ces deux personnages, il convient de la comprendre à un niveau beaucoup plus élevé et rationnel de telle sorte que nous gardons en mémoire la méringue intimement ratachée à cette conflictualité de caractère, d´identité et de personalité. Car, je suis convaincu que si c´était Michel Martelly dans son costume ordinaire et tradionnel de Sweet Micky qui avait produit cette méringe, les démangeaisons auraient été autres. En dépit des respects à devoir à ces journalistes aux langages dérangeants parce qu´ils dénoncent l´inacceptable d´un régime et se battent pour une vraie démocratie, il est recommandé de leur éviter un culte de personalité - ce qu´ils n´aimeraient pas d´ailleurs, j´en suis sûr - en les faisant passer pour des seules victimes expiatoires, en oubliant que c´est la société haitienne tout entière qui souffre de ces dérives socio-musicaux pas seulement de Sweet Micky mais aussi de tout autre groupe qui profite du carnaval pour susciter des nuisances sonores et des intoxications musicales faute d´une panne d´inspiration, d´imagination et de créativité dans les textes.

Comprendre les moyens et le fondement des répliques de Michel Martelly dit Sweet Micky

   De par ses talents de musicien, ses tempéraments et entant que vieux routier du carnaval, M. Martelly ne pouvait répliquer à ses opposants que par une méringue carnavalesques dans le but même de provoquer et de montrer qu´il garde toujours sa casquette de Sweet Micky dans tout son compartiment et intégralité. Il fallait s´y attendre, car il ne pouvait faire autrement. En outre, si l´intellectuel a sa plume, le journaliste son micro comme armes de combat pour se défendre, il est normal d´admettre aussi que l´arme de tout musicien constitue sa musique: l´arme défensive avec laquelle il gagne son pain et mène son combat de tous les jours. C´est sa manière originale à lui de se riposter aux attaques qui le visent directement ou indirectement. Malheureusement, vu leur agressivité, leur état violent et leur niveau d´intolérance, les propos de M. Martelly ont fait preuve d´une grande faiblesse en matière de débats contradictoires et son incapacité à accepter et à vivre avec les idées contraires.
     L´État ne change jamais les individus, ce sont les individus qui changent l´État ou tout au moins le réduisent à leur image. Voilà pourquoi, sur M. Martelly l´État a revêtu l´habit de Sweet Micky, a épousé ses modèles et a été transformé à son image. C´était vain de penser pouvoir changer M. Martelly pour la simple raison qu´il est devenu président, une présidence survenue, on le sait, dans des conditions que nous savons tous déjà, comme une insulte au peuple haitien et preuve probante du mépris de sa volonté dans les décisions ultimes concernant son propre avenir. La présidence qui est, en quelque sorte, un récipient vide et sans contenu, ne change non plus les individus. C´est les individus dont elle est investie qui constituent son contenu et lui projettent une image. Il est donc cruel de demander à quelqu´un de changer et d´exiger de lui ce qui est dans son impossibilité de rendre. Le changement est une décision autoréflective même s´il dépend de certains facteurs extérieurs et de l´environnement social et culturel.
     J´estime bien au contraire que M. Martelly a fait des efforts de surpassement, car, franchement, hormis ses nombreuses sorties tapageuses et provocatrices, je m´attendais au pir. Une ou des conférences de presse en jupette et corsage, disons, en Sweet Micky quoi!! Une méringue carnavalesque dévergondée chaque année durant son mandat pour faire du tac au tac avec ses opposants! Le peuple haitien, de sa part, a prouvé ces derniers temps une certaine maturité, car s´il a pu tolérer pendant cinq ans les agisssements nauséabonds d´un individu qui passe toute sa vie à se moquer des gens, à les rabaisser, à les ravaler en se servant des blagues, à les banaliser et à les dénigrer, c´est qu´il a un peu grandi.

     Mais, n´est-ce pas une lâcheté et une incohérence grave de l´identification ou de la mauvaise sélection de ses opposants qui ont poussé M. Martelly à se jeter dans ces boues carnavalesques puantes dans les dernières heures qui suivent la fin de son règne? En réalité, M. Monard et Mm. Paul sont loin d´être les individus les plus farouchement opposés à M. Martelly, donc ses propos révulsants dans cette méringue sont signe d´une lâcheté et d´une incohérence palpable entre ce qu´il représente entant que chef d´État malgré tout et les propos qu´il laisse entendre dans cette méringue. Où laisse-t-on un André Michel, un Moise Jean-Charles et d´autres à la langue aussi tranchante et radicale que ces deux journalistes, poignardante et provocatrice que celle de Sweet Micky. Au contraire, je considère ces journalistes, surtout M. Monard, comme des potentiels conseillers non salariés et indirects de M. Martelly durant son règne. Ils ne se sont pas attellés seulement à le critiquer, mais aussi à proposer des portes de sorties à un president qui, semble-t-il, n´écoutait même pas ses conseillers.
     Dans leurs propos, j´ai toujours retrouvé de l´équilibre et je peux dire franchement que leur aide a outrepassé le journalisme traditionnel qui se contente d´ordinaire d´informer, de divulguer des nouvelles sans faire des analyses critiques et proposer lucidement quelques solutions rationnelles. Mais, l´arrongance et la grosse tête ont eu raison de M. Martelly. Avec son altruisme et son ego, qui ce monsieur écoute? Outre la lâcheté, c´est peut-être un sentiment de regret qui l´a mené à descendre dans cet égout. Il se sert de la musique, qui court plus vite que les commentaires et analyses politico-journalistiques de M. Monard et les nouvelles de 4h Mm. Pierre Paul. Elle est susceptible de recevoir de nombreux ''j´aime'' et ''vues'' sur la toile d´arraignée et les réseaux sociaux grâce auxquels son audition atteindra désormais un public au-delà des frontières.

Considérations finales

     Somme toute, en Haiti, nous sommes confrontés à des problèmes graves et profonds: ceux de la perversité et de l´impunité sont les plus courantes. Malheureusement, certaines perversités produisent, dans des circonstances historiques particulières, des effets positifs. C´est ce qui s´est passé avec M. Martelly. En effet, en l´ayant empêché de passer aux festivités carnavalesques depuis son arrivée au pouvoir, M. Martelly a imposé une sanction injuste et injustifiée au groupe Brothers Posse, à cause de son chanteur vedette Don Kato qui, pour des raisons que l´on ne sait pas, s´est fait l´opposant farouche du régime en divulguant des méringues carnavalesques polémiques. Conséquemment, cet acte, au lieu d´avoir détrui et anéanti l´artiste, a de préférence renforcé et raffermi sa popularité. En plus, il est aujourd´hui ''sénateur'' si l´on tient compte qu´il est issu des niaiseries appelées maladroitement  ''élections'' des 9 août et 25 octobre 2015. Que serait le renforcement de la célébrité de Don Kato sans les imbécilités de M. Martelly?
     D´autre part, concernant Jean Monard et Liliane, la méringue a servi de stimulus pour montrer la profondeur et l´immensité de l´affection, de l´amour et de l´attachement fidèles et infinis d´une grande branche de la société à ces deux journalistes. Il fallait que cela arrive pour comprendre que la société n´a pas totalement lâché prises face aux malversations. Des brins d´espoir de la lutte contre les débauches et les perversions bourgeoises luisent encore sur Haiti. On n´a pas tout perdu. Cette méringue honteuse a fait suite à de nombreuses initiatives et soirées d´hommages tant en Hait qu´à l´étranger en l´honneur de ces deux valeureux et courageux journalistes. En fait, cela exprime la volonté de la société de rompre avec ces pratiques malsaines et répugnantes en périodes carnavalesques afin de faire du carnaval la fete culturelle et artistique embélissante et merveilleuse qu´elle était auparavant. Est-ce le signal d´un combat collectif contre l´impunité dont nous avons soif qui s´annonce? Je l´espère. Car, il n´est jamais trop tard pour inicier une révolution contre quoique ce soit y compris la méringue fétide de M. Martelly.
     Néanmoins, qu´il ne s´agisse pas d´un combat deux poids deux mesures, que ce soit un vrai combat contre l´impunité que nous offre cette méringue révoltante. Certes, ses impacts sont plus forts et désastreux à cause de son personage et de l´institution qu´il incarne, mais, le plaçant dans son statut de simple citoyen, il est justiciable à tout acte qui lui est reproché. Autant de dire que d´autres groupes qui auraient l´intention de reproduire ces dérives doivent être touchés par cette sanction collective que nous voulons tous.

Jean FABIEN

Campinas, 7 février 2016