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dimanche 20 septembre 2015

POUVOIR ET AMBITION DE POUVOIR EN HAITI: DÉMOCRATIE OU MALADIOCRATIE?

Sous le couvert de la démocratie, des libertés individuelles et des droits individuels, on peut se permettre n´importe quoi; n´importe qui peut se rêver d´être à la hauteur de diriger un pays. Mais, est-ce réellement la démocratie qui veut que quiconque puisse même penser à gouverner un pays? Diriger un pays n´est qu´un holocauste que seul un martyr peut accepter d´y être sacrifié, et que seuls les gens corrompus peuvent s´acharner d´y rester. Est-ce, par ailleurs, les droits individuels qui donnent le droit à un individu de vouloir diriger un pays? Ou est-ce au nom des libertés individuelles que je peux oser me dire être capable de gouverner un pays, peu importe la complexité et la profondeur de ses  problèmes voire le nombre de ses habitants et sa superficie? Dans cet article, nous n´avons aucune intention de discourir sur les droits et libertés individuels, encore moins de nous attarder sur la démocratie, mas il invite à réfléchir sur notre niveau de conscience humaine, d´un minimum de probité et d´honnêteté en nous posant la question si nous ne sommes atteints d´une maladiocratie au lieu d´une démocratie.

L´affaire d´État rete et démeure réserver aux hommes d´État, ceux-ci sont formés, travaillés et transformés dans des écoles où l´on enseigne de A à Z comment administrer l´État et cela prend du temps. Non seulement, il y a l´ecole institutionnelle dans le sens académique et scientifique du mot, mais il y a surtout l´école du terrain politique qui n´est autre que les expériences empiriques acquises et accrues pendant un labs de temps indéterminé et indeterminable. Cependant, en dépit de tous ces acquis, il se pourrait être révélé que vous n´êtes pas à la hauteur ou prêts de parvenir à certains postes dignitaires où vous seriez appelés à prendre de sérieuses décisions qui engagent des milliers de gens au nom desquels vous agissez. Ce, pour la simple et bonne raison que vous n´êtes pas encore revêtus d´une étoffe d´homme d´État. Donc, il y a toute une culture et triture d´homme d´État dont il faut faire montre au cours de sa carrière et de sa trajectoire avant d´intégrer l´État. Ainsi, un pays, je dis bien un pays, ne voit pas tomber du ciel ses hommes d´État. Leur vie ainsi que leurs actes passés sont publics en même temps qu´ils les poursuivent.

En effet, un homme d´État a une façon de parler, de manger, de se comporter où qu´il soit, de s´habiller, de marcher, de rire, enfin, le rôle de la machine qui produit les hommes d´État est de les transformer en un autre homme, car l´État ne peut être que seulement le boulot précieux des hommes d´État. Donc, après son passage à cette machine, il n´est plus le même, profane qu´´il fut, il est désormais un être sacré appartenant au monde sacré dirait Durkheim. Si telle est la démocratie qui nous inspire à vouloir s´ambitionner tant au pouvoir, pouquoi dans les pays développés on n´assiste pas aussi à cette ambition, cette envie et ce même engoûement de manière plus poussée que dans les pays pauvres, car c´est là où il y a de véritables richesse et fortune à amasser? Pourquoi dans les pays industrialisés et hautement développés on ne voit pas germer cette tentation de vouloir rester au pouvoir jusqu´à ce qu´on s´en fasse chasser? Or, c´est dans ces pays qu´il vaudrait mieux passer toute sa vie au pouvoir. Ou bien, il y a quelque chose qui ne va pas: est-ce parce qu´ils se disent civilisés et modernes, et nous barbares, sauvages et primitifs, qu´ils s´intéressent moins au pouvoir que nous autres? Ou est-ce parce qu´ils ne connaissent pas le goût du pouvoir?

Nous n´avons aucune réponse précise à ces questions, mais, une chose est certaine, c´est que ceux qui connaissent ce que c´est que réellement l´État, c´est quoi la démocratie, non seulement, réfléchissent des milliers de fois avant de s´y engager, mais encore, manifestent plus de volonté d´y accomplir une bonne besogne afin d´être des immortels que d´y rester. Car, aucune démocratie n´apprend aux citoyens de ces pays que quiconque peut mener une machine  aussi fragile, complexe et problématique qu´est l´État. Donc, il y a, d´une part, toute structure forte mise en place qui tue chez l´individu tout désir, toute idée et toute pensée précoce de faire de l´État quelque chose de privé, de personnel et d´amateur. D´autre part, dans les pays développés, il y a vraiment des choses, de grandes choses, des choses à la fois complexes et compliquées; difficiles et sérieuses à gérer dont le mécanisme même d´administration exige et impose automatiquement ce dynamisme étatique. De plus, c´est une machine composée d´hommes d´État qui se met en branle pour le faire fonctionner, en d´autres termes, dans les pays où les dossiers sont plus compexes et difficiles à travailler, les exigences faites aux hommes d´État sont de plus en plus lourdes de conséquences. Ainsi, la différence ne se trouve pas dans la sáparation entre primitif et civilisé, mais tout simplement dans un exercice de conscience, de probité et de honneteté sur ce que représente l´État et tout le dispositif qui le rend fonctionnel, gestionable et efficace. Mais, il faut que l´État existe en tant que tel pour que tout cela soit possible et pour parler de diriger un pays. Avons-nous, nous autres en Haiti, un État? Haiti est-elle un pays?

En parlant ainsi, je pensais qu´il existait un pays appelé Haiti, mais, malheureusement, elle n´existe pas en tant que pays, c´est un territoire peuplé d´être humains. Un coin de terre non dirigé ni controlé, où se multiplient des gens, oú des êtres humains vivent pêle mêle, car un pays c´est une organisation rationnelle tant en termes d´institutionalité et de gestion qu´en termes de structure et d´infrastructure. S´il n´existe pas en tant que pays, à plus forte raison de parler d´État, car le bon sens veut que le pays existe d´abord, qu´il soit gouvernable en soi-même par les siens, avant de parler d´un État qui est l´appareil miroitant le pays tant à l´échelle nationale qu´internationale. En outre, s´il n´y a ni pays ni État dans le cas d´Haiti, d´où vient alors cette envie de pouvoir et de vouloir diriger un pays?

Personne ne peut enlever à quiconque le droit d´aspirer à être un jour un homme d´État moyennant le respet des règles qu´une telle responsabilité impose. Par contre, ce n´est ni au nom des droits et libertés individuels ou de la démocratie qu´on peut - toute faiblesse et lacune mises de côté - oser penser être en mesure de diriger un pays. Il y a des rêves qui ne sont pas permis, on le sait bien, en outre, il y a également des droits qui ne sont que de pures illusions dans le vrai sens du terme dont un minimum de bon sens et de raison devrait aider à saisir pour ne pas se fourvoyer. Il y a, par ailleurs, des envies ou ambitions que l´on ne peut avoir sous peine de naufrager avec soi tout un peuple voire toute une génération. Je crois de tout coeur qu´il est permis de rêver des choses pour lesquelles on est, non seulement, prêt à accomplir, mais surtout, on a été préparé, formé, façonné et transformé, si non ce n´est pas un rêve, car le rêve, à mon sens, n´est qu´une réalité qui se prépare à être vécue. S´il ne s´agit pas d´un rêve, alors c´est une illusion, mais surtout, une fausse illusion. Ainsi, ce n´est ni au nom de la démocratie ni des droits et libertés individuelles que l´on s´intéresse tant au pouvoir en  Haiti, mais de préférence au nom de deux choses: la corruption et le fait qu´il n´y a absolument rien à gérer en Haiti, puisqu´elle n´est pas un pays à proprement parler, elle ne peut avoir de choses importantes et sérieuses à gérer. De ce fait, au lieu de la démocratie qui nous entoure, c´est plutôt la maladiocratie qui nous envahit.

En effet, la maladiocratie est un néologisme pour désigner la maladie qui nous surprend et nous porte à penser que n´importe qui peut diriger un pays, que n´importe qui peut être un homme d´État. C´est faux et archi faux! Les responsables de cette mentalité s´appellent les occidentaux suivis des occupants américains qui ont injecté dans notre cerveau que l´État n´est rien, donc tout le monde peut y avoir accès, avec à la main une démocratie et une modernité taillées à l´aune de notre culture abérante de peuple. Tandis que chez eux, ils savent pertinemment que, suivant la structure instaurée, n´importe qui ne peut même oser de rêver de devenir un homme d´État. Ils font et feront tout pour tuer ce rêve même dès sa conception. Cette maladiocratie qui nous transforme tous en sauveur, messie ou leader charismatique, nous enlève toute capacité de réflexion et d´appréhension de l´essence de ce que c´est que l´État en réalité. Fort heureusement, cette tendance nous est restrictive et limitative, alors elle ne contaminera pas les autres peuples plus ou moins sensés que nous qui voient les choses dans une autre vision: une vision rationnelle. En Haiti, il n´y a que des maladiocrates, c´est-à-dire des obsedés de pouvoir, des gens en qui l´ambition du pouvoir enlève toute raison, probité, honnêteté et éthique, des gens que la corruption immunise et déshumanise.

En parlant ainsi d´une maladiocratie, c´est que quelque part il y a eu une déformation à la base de ce que nous avons reçu comme démocratie. En réalité, aucune démocratie ne nous a été transmise, mais plutôt un lavage de cerveau dont nous sommes également responsables par le fait même que pendant des années nous nous sommes montrés consentants à de telles idioties. De préférence, il nous a été leguée une maladiocratie produite dans les laboratoires occidentaux, elle n´y était jamais essayée, mais inventée spécifiquement et uniquement pour des peuples pauvres comme le nôtre et expérimentée en Afrique, en Asie et en Haiti. Si c´était la vraie démocratie telle qu´elle existe, s´applique et fonctionne chez eux, il n´y aurait jamais tant d´archarnement pour le pouvoir et nous serions de vrais démocrates comme eux.

Nous sommes malades du pouvoir bien que complètement et profondément ignorants de ce que nous pouvons et devons faire avec: nous en abusons tellement qu´il nous rend psichopathes et schizophrènes, nous prive de toute sensibilité à l´égard des autres, nous aveugle de leur douleur et nous rend sourds à leur cri. La corruption et le fait que rien n´est gouverné sur ce coin de terre appelé Haiti engendre que nous nous complaisons dans cette maladiocratie. Il est absolument faux et, à la rigueur même mauvais, de penser - même si on n´aspire pas à l´être - que tout le monde peut être homme d´État. Ce qui fait le fondement d´une société c´est d´abord le respect du rôle que chacun s´assigne (tout le monde ne peut pas faire la même chose à la fois, autrement dit, tout le monde ne peut être médecin, avocat, sociologue, ingénieur, agronome et j´en pense, sinon ce serait tout sauf une société proprement dite), la répartition des tâches et l´accomplissement de telle tâche assignée. 

Une société c´est avant tout un arc-en-ciel d´interactions inter-intra-extra individuelles et d´institutions chargées de les structurer et les institutionaliser. Il est dit dans la, Bible: ''Laissez les morts ensevélir leurs morts'', cela revient  à dire clairement que les rôles ne peuvent se mélanger. Dans les sociétés magiques dites primitives, la plus forte interdiction était celle de mélange, en d´autres termes, la chose sacrée ne doit sous aucun prétexte se mélanger avec la chose profane ni être déposée au même endroit qu´elle, de plus, les habits de la vie ordinaire doivent se séparer de ceux de la vie sacrée, qui, elle, est une vie considérée comme extraordinaire et extraquotidienne. Ainsi, on court de grands dangers quand on mélange tout, quand on pense que n´importe qui peut se retrouver à telle position, avoir tel statut ou encore que telle fonction revient à tous sous prétexte que nous voulons faire une démocratie en respectant ses règles. Voilà où nous en sommes aujourd´hui avec une maladiocratie qui enchaine notre intelligence. Car, elle n´est pas seulement le vice du pouvoir, mais c´est aussi une désorganisation de notre cerveau, une désarticulation de notre intellect de ce qu´est effectivement la démocratie. Tel en est l´effet de toute maladie aussi néfaste que la maldiocratie dont nous souffrons en Haiti.

En résumé, il y a quelque chose en Haiti qui nous inculque la jalousie et l´obsession du pouvoir, ce n´est pas la démocratie, car là où elle s´applique dans toute sa cruditité, elle enseigne la bonne gestion du pouvoir, implique la responsabilité et le devoir de se mettre au service des autres. Avoir le pouvoir c´est pouvoir pourvoir aux besoins sociaux des plus nécessiteux, mais non pas de les agresser moralement, psychologiquement et même physiquement en l´abusant. Voilà pourquoi, en Haiti on s´y attache tant, c´est une maladie obsessionnelle qui n´est profitable qu´aux maladiocrates. Sur ce, il reste à dire qu´entre le pouvoir et l´ambition en Haiti, il y a le règne de la maladiocratie et non de la démocratie.

Jean FABIEN
Doctorant en Sociologie

CAMPINAS, 20/09/2015