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jeudi 28 juin 2018

LA FONCTION SOCIALE ET POLITIQUE DE LA MÉDIATION DANS LA RÉSOLUTION DES CONFLITS SOCIAUX

Résumé 

Apparue au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale l´étude des conflits sociaux et de leur résolution est un champ de recherche très récent. Leurs causes et impacts ne laissent aucun autre domaine des sciences sociales (sociologie, science politique, anthropologie) indifférent. De ce fait, sur le plan scientifique les questions ci-après souffrent de problèmes théorique et méthodologique: comment, quand et pourquoi résoudre et/ou transformer le conflit? Par des méthodes sociologiques et politiques? Pour maintenir la cohésion sociale? Avant ou après l´éclatement des conflits? Ces questions interpellent un élément essentiel du conflit: la médiation, qui y détient une fonction sociale intéressante. Sur ce, notre objectif principal est d´analyser cette particularité de la médiation comme méthode de résolution des conflits sociaux. Pour y parvenir, il faudra étudier avec des auteurs comme Freund, Simmel et Coser le fondement social du conflit et passer en revue quelques processus réussis de médiation dans les conflits armés en Afrique, ce en espérant que cette modeste contribution conduira à une meilleure compréhension de la médiation comme processus fondamental au maintien de l'équilibre social dans un environnement conflictuel.

Mots-clé: Conflit social. Médiation. Résolution. Fonction sociale.


Introduction: Problématique de la recherche

L´importance de ce projet de recherche dont une version préliminaire est présentée ici est qu´il prétend étudier les conflits sociaux comme vecteurs des relations sociales et analyser la médiation comme méthode inhérente et indispensable à tout type conflit, qu´il soit social, individuel ou professionnel. Une telle ambition exige une réflexion sur la façon dont le conflit social éclate dans la société. Centre de la résolution et de la transformation des conflits, la médiation vise au rétablissement de la paix sociale. Voilà pourquoi quand on parle de conflits, nous avons affaire à une pratique sociale entre les êtres humains aussi vieille que l´humanité elle-même. Les sciences sociales, en particulier la sociologie et la science politique, commencent très tardivement à y prêter attention, ce qui veut dire que l'étude scientifique et théorique des conflits sociaux en tant que phénomène de société remonte récemment presque´à la fin du XXè siècle. Étant un jeune champ d´étude encore en construction, la problématique des conflits souffre d´une certaine difficulté en matière conceptuelle au point qu´on se demande s´il faut employer l'expression littérature sociologique des conflits sociaux ou théorie sociale des conflits. Si les deux semblent se valoir, la seconde l´a finalement emporté du fait qu´aujourd´hui nombreux sont les auteurs qui s´intéressent aux divers aspects du phénomène. 

Il y a même une théorie qui tend à faire des conflits une question d´immanence humaine de telle sorte que tous les humains seraient nés conflictuels et qu´il n´y a rien qui puisse héradiquer chez eux cet instinct confictuel et agressif (MARSAN, 2006). Lombrozzo soutient que chaque être humain a un instinct criminel. Le milieu socioenvironnemental est plus enclin à ces genres aux situations conflictuelles vu qu´il suscite des intérêts économiques, sociaux et matériels. Défendue par des auteurs comme Burton (1990), Vayrynen (1991), la théorie sociale laisse entrevoir que des conflits individuels et collectifs bouleversant l´ordre social nécessitent au-delà d'une vraie médiation, d'une transformation en opportunités sociales voire économiques. D´où l´idée selon laquelle les conflits et leur médiation font partie de la dynamique sociale.

La médiation précède la résolution du conflit et sa transformation, elle suppose une compréhension approfondie de ses causes, ses origines et constitue un pas important vers la construction de nouvelles relations sociales. La transformation du conflit, procédure beaucoup plus longue et durable, s´entend comme la volonté des acteurs sociaux de faire de leurs différends une opportunité de développement social et économique. Cette transformation consiste donc à construire l'harmonie sociale tout en redéfinissant les liens sociaux. La médiation représente le point commun entre ces deux façons d'agir sur le conflit. En d'autres termes, la gestion, la résolution et la transformation des conflits - méthodes interconnectées - trouvent leur efficacité dans la figure de ce tiers personnage connu sous le nom de médiateur. D´un point de vue sociologique, la médiation se differencie de la négociation et de l´arbitrage. Ces mots sont parfois interchangeables et ont des sens rapprochés alors qu´ils traduisent séparément une tout autre réalité. Il est donc prudent d´en marquer d´ores et déjà une distinction.

La négociation est un accord trouvé personnellement et volontairement par les parties en conflit sans l'aide et l'intervention de quelque nature que ce soit d´un médiateur. Cela signifie-t-il pour autant que la médiation en est totalement absente? Pas tout à fait. Les raisons suivantes expliquent pourquoi. Premièrement, la médiation est aussi connue comme une sorte de négociation avec un but différent, deuxièmement, elle est une stratégie très compromettante et même partisane vu qu´elle fait appel à un négociateur plutôt qu´à un médiateur, troisièmement, dans la plupart des cas le négociateur est issu d´une des parties béligérantes, ce qui n´est pas du tout le cas dans la médiation, enfin, la méthodologie du choix du négociateur, encore plus facile que la médiation, étant donné qu´elle concerne chaque partie, est susceptible de rendre méfiante la solution trouvée.

Vu son impartialité, sa neutralité, mais surtout sa tendance à prioriser le dialogue social entre les parties pour les amener sur un terrain d´entente en les reconciliant et en les aidant a recoudre le tissus social décousu, le médiateur incarne la caractéristique sociale du conflit et son rôle plus socialement et politiquement important et imposant qu´il s´agit de l'arbitrage ou de la négociation. L'arbitrage, généralement de nature juridique et judiciaire, pourrait être considéré comme la dernière étape pour résoudre le conflit (VAYRYNEN, 1991; KRIESBERG, 1989). Mais, étant donné que la négociation et l'arbitrage sont des thèmes d'un autre sujet qui mérite d´un traitement méthodologique et théorique particulier, nous ne nous consacrerons qu´à l´étude de la médiation, qui, si la négociation échoue, devient indispensable. Pour mieux approfondir l´importance et la valeur de cette méthode de résolution des conflits, qui devient de plus en plus importante à l´avancement des sociétés traversées par des conflits sociaux de toute sorte, nous prévoyons, dans le cadre du développement de la recherche, mettre un accent particulier sur l´exemple de quelques conflits armés en Afrique, où, grâce à la médiation d´acteurs internationaux, nationaux et locaux certains pays comme la Côte d´Ivoire, le Congo, le Ruanda - pour ne mentionner que ceux-là - connaîssent aujourd´hui une paix sociale relative et une stabilité politique bien que fragile.

Ainsi donc, si Amartya Sen (2007) problématise l´aspect identitaire du conflit ou tout simplement sa dimension violente née de la défense d´une identité, Axel Honneth (2003), lui, s´intéresse à la discussion relative à l´individualisme et à la reconnaissance de soi comme l´une des causes provocatrices du phénomène conflictuel dans le monde contemporain, alors il faut se demander où est située la place de la médiation dans tout ça? Car, non seulement aujourd´hui le conflit a franchi le stade institutionnel en devenant un problème majeur de société, mais la médiation des conflits a surtout acquis un statut sociologique et politique légal facilitant la possibilité de l´étudier sur le plan professionnel, technique et scientifique. Dans ce projet de recherche il s´agira de trouver des éléments de réponse à la question suivante: comment, quand et pourquoi résoudre et/ou transformer le conflit? Laquelle interrogation se résume à l´emploi d´un concept appelé médiation. Sur ce, l´objectif de la recherche consiste à faire ressortir l´importance, la valeur et l´indispensabilité de la médiation dans les conflits sociaux. De ce fait, le présent avant-projet de recherche sera consacré, très succintement et exclusivement, à une approche analytique du concept de médiation.

1. La médiation: Définition, objectivité et méthode

Le concept médiation prend deux sens. Par le passé, être médiateur signifiait représenter quelqu'un pour discuter et négocier en son nom, mais ce sens unilatéral a été abandonné pour faire place à une dimension bilatérale de son choix. De fait, être médiateur aujourd'hui c'est avoir été choisi sous la base d´un accord par les deux parties en conflits, maintenir indéfiniment une position neutre et impartiale, enfin, jouir d´une confiance, crédibilité et moralité irréprochables de la part de chacune d´elles. En d'autres termes, si autrefois le médiateur était exclusivement un représentant légal ou formel d'une personne en situation de conflit, il est de nos jours un personnage de centre constitué par les béligérants pour les aider à résoudre leurs problèmes. Pour le sujet qui nous préoccupe, le premier sens sera esquivé au profit du second. Par médiation, nous entenderons donc une méthode technique, sociale et professionnelle de résolution des conflits créée dans le temps et dans l'espace et menée par une tierce personne appelée médiateur dans le but de résoudre un conflit. Le nom médiateur vient du latin mediatus qui traduit une action ou une réaction nécessitant l'intervention d'un intermédiaire. À ce propos Christophe Carré soutient:

La médiation fonctionne à peu près comme la conciliation mais le médiateur n’est pas tenu de rechercher une solution à tout prix. Son rôle est d’abord et avant tout de restaurer la communication, de faire en sorte que les opposants entretiennent une relation plus pacifique en surmontant leurs antécédents. Il s’efforce d’être réaliste, concret et objectif (CARRÉ, 2013, p. 172).

La qualité, l'efficacité, la réussite et l´ampleur que prendra la médiation varient en fonction du type de conflit (individuel, institutionnel, familial, professionnel, social ou collectif) et de la confiance qu´inspire le médiateur. Chacune des situations sus-évoquées obéit à une approche de médiation particulière même si la méthode et l´objectif peuvent rester inchangés. En effet, la méthode de toute médiation est de prendre connaissance de la nature du conflit, de gagner la confiance des parties et de fixer les règles du jeu. On peut appeler ceci une pré-médiation, c´est-à-dire une méthode qui consiste à bien préparer le terrain avant d´enclencher la médiation proprement dite. En ce qui concerne l´objectivité, elle en fixe trois principaux: résoudre les conflits, reconcilier les parties et rétablir les relations sociales considérant que la transformation des conflits rentre dans un plan global et gouvernemental de leur gestion. Ainsi, la médiation peut provenir d´une initiative personnelle ou individuelle de même qu´elle peut être institutionnelle. Si dans le premier cas, c´est une tâche que se dotent des personnes physiques jouissant d´une moralité, notoriété et crédibilité sociale connue, dans le second elle revient aux institutions nationales, internationales ou régionales de jouer ce rôle. Il est dit que c´est dans les conflits que la médiation trouve réellement sa fonction sociale.

2. Fonction sociale de la médiation

Il est impossible de parler de médiation sans entrevoir le rôle du tiers. Au-delà des différents objectifs qu´elle se fixe, le rétablissement des relations sociales nous semble être le plus fondamental du point de vue sociale et politique dans la mesure où la réconcialiation des parties n´implique pas forcément pour la cohésion sociale et la reconstitution des relations sociales entre elles. C´est pourquoi, qu´elle soit une personne physique ou morale et peu importe la dangerosité que représente le conflit, le médiateur est un guide qui accompagne méthodologiquement et méticuleusement les parties dans la rationalité et l´autonomie de leur décision. De ce fait, toute situation conflictuelle, survenue volontairement ou involontairement, crée l´espace à l´intervention d´un troisième personnage. Ce rôle du tiers est si important qu'au niveau international, le Conseil de sécurité de l´ONU par le truchement de son Secrétaire général qui, en nommant pour accomplir cette tâche des Représentants Spéciaux, leur accorde le plein pouvoir pour intervenir comme médiateurs dans les conflits opposant les États. Le modèle onusien étant sans cesse copié et répété parmi les États souverains a permis de résoudre de nombreux conflits étatiques comme ce fut le cas dans l´accord de Lusaka en 1992 en Angola.

Par ailleurs, l´initiative de la médiation peut provenir d´une ex-puissance coloniale ou de l´État souverain lui-même. Par exemple, dans les conflits entre Angola, Sierra Leone et Libéria le Portugal et la Grande Bretagne ont joué un rôle de médiateurs décisif pour que la paix revienne dans ces pays tandis qu´à l´aide de l´OUA d´autres comme la RDC ont pu de par leurs propres dirigeants mettre un terme aux conflits internes qui les rongeaient. De même, la médiation des personnes physiques ou morales au niveau privé n´est pas à écarter comme le cas de l´organisation catholique Sant’ Egidio dans l´accord de paix en Moçambique en 1992 ou encore sa médiation, en janvier 1995, dans les conflits opposant le Front Islamique pour le Salut et les organisations politiques algériennes sans oublier, enfin de compte, une figure de proue comme Mahatma Gandhi qui a pratiquement dédié toute sa vie à être un personnage médiateur et conciliateur dans la conquête de l´indépendance de l´Inde.

Considérations générales

Enfin, le conflit social est à la fois un produit de nos différends et une partie de nos relations. Outre la médiation dont il a besoin pour constituer le pivot du corps social, il lui faut également une gestion systématique et technique afin qu´il ne devienne pas une épidémie sociale faute de quoi la médiation n´atteindra jamais son but. Le conflit n'est pas une catastrophe sociale de la même nature qu'une catastrophe naturelle, donc il n´est pas spontané, c´est un construit de nos propres habitudes, et, de fait, puisque nous en sommes artisans, il est par conséquent prévisible. Mais, la médiation aide à gérer et réduire les impacts sociaux nocifs en créant un espace favorable à un projet politico-sociétal. Si le conflit en tant que phénomène social crée la médiation, il faut voir en elle le centre où les acteurs qui s´y impliquent peuvent redéfinir leur action sociale. Car, qu´on le veuille ou pas, la médiation vient réorganiser l´ordre social que le conflit a désorganisé. Ainsi, pour concluir, la médiation participe du dynamisme social et dote le conflit d´une dimension constructive.

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