Avant de commencer la seconde partie de mon témoignage sur cet événement dévastateur qui a marqué l´histoire d´Haiti, je vousdrais rappeler que dans la première partie publiée le 12 janvier 2011, j´avais mis l´accent sur ma vie personnelle et comment j´étais sorti vivant pourquoi pas survivant de ce cataclysme qui a plongé tout le pays dans le deuil et l´amertume. Cependant, la seconde partie sera consacrée non seulement à quelques faits auxquels j´ai assisté, mais surtout à quelques comportements tant haitiens qu´étrangers affichés ce même jour dont certains quelques jours après. Ce sera avec beaucoup de tristesse, de honte et de regrets que je vais devoir les partager avec vous, car ils m´ont profondément révolté. A noter qu´au moment d´écrire ce témoignage, j´envoie mes plus sincères sympathies aux familles de toutes les personnes qui ont péri dans ce meurtrier séisme survenu le 12 janvier 2010, mais plus précisément à toutes celles qui, bien que survivantes, continuent d´être victimes de cette catastrophe naturelle d´une façon ou d´une autre.
Ce jour là j´aurais pu être parmi ceux-là qui sont partis sans même dire adieu à leurs proches, ils n´ont pas eu le temps de planifier leur mort comme le font les hommes incensés d´aujourd´hui comme si l´avenir leur appartenait. J´aurais pu aussi être parmi les estropiés, parmi tous ceux qui ont une paralysie ou une infirmité physique rendant douloureux leur déplacement ou leurs activités à cause de cet événement. Pour tout cela, je ne cesse de bénir le Seigneur qui m´avait préservé ce jour là pour Lui servir de témoignage.
Après avoir subi, en effet, toutes les secousses du séisme dans une salle de classe de l´Ecole Normale Supérieure à Port-au-Prince, je me suis retrouvé à la rue de la Réunion couvert de poussière, et j´ai vu des gens raffolés se jeter à genoux pour implorer le pardon et la miséricorde de Dieu. Je n´ai pas vu les amis avec qui j´étais quelques minutes avant la catatstrophe, je les croyais tous morts, car le bâtiment s´est fondré avec moi dedans. Mais, le lendemain, je n´ai pas eu de si grande joie que de les savoir en vie, j´ai vu quelques-uns d´entre eux, au contraire, c´est eux qui ont cru que j´étais mort. La solidarité haitienne était hors paire, je n´avais jamais vu une solidarité aussi grande,aussi spectaculaire, aussi motivante, aussi magnanime chez les haitiens, même quand la personne souffrait, elle se sentait courageuse à aider son prochain, ce avec ses ongles, car les matériels sophistiqués en manquaient grandement, et en ce jour là je me suis demandé en pleurant : Qu´est-ce qui empêche aux haitiens de s´unir vraiment ? Quel est cet être invisible qui ne veut pas que les haitiens s´unissent ensemble ? Il est vrai que je ne fusse pas présent lors des batailles qui ont abouti au premier janvier 1804, mais j´ai pu ressentir ce même enthousiasme et cette même ardeur chez chaque haitien qui ne voulait pas qu´il y ait plus de morts et d´estropiés. J´ai vu des gens porter sur des bourettes des personnes ayant des blessures graves, des jambes et bras cassés, des têtes couvertes de sang et des cadavres, certains les portaient sur leurs épaules. C´est un geste historique qui n´est pas mentionné dans les journaux, cette solidarité dont les haitiens ont fait montre quelques minutes après le séisme était passée inaperçue, ce malgré les diverses secousses avant l´arrivée des étrangers. On n´en parle pas parce que les haitiens sont toujours pris pour des sauvages, donc les sauvages sont incapables de s´entr´aider, c´est pourquoi les journaux ne font l´éloge que des étrangers en particulier des Etats-Unis.
A Port-au-Prince, où le tremblement de terre a causé plus de dégats, la majorité des édifices d´état tels que les Palais national, législatif et de justice, la DGI, les Ministères du Plan, des affaires étrangères pour ne citer que ceux-là, de maisons privées, des églises, des péristiles, des écoles, des universités, ect. fut complètement détruite, Haiti fut ruinée dans son intégralité en moins d´une minute, ce furent les larmes aux yeux, la douleur voire le désespoir pour beaucoup de personnes. Mais, ce soir là il y eut une marque similaire entre tous : dormir à la belle étoile. Qui que l´on ait été ce jour là, dans la soirée du 12 janvier 2010, Haiti a connu une nuit à la belle étoile où tous les haitiens sans exception ont dormi dans les rues. Au cours de cette même soirée, il y eut des jeûnes et des services de prière partout dans le pays pour implorer la pitié et le pardon auprès de Dieu afin qu´Il sauve Haiti. Des gens pauvres et riches se sont retrouvés dans un même endroit pour dormir, car la maison détruite ou fissurée ne représentait absolument rien pour le moment. Chaque secousse me faisait penser à la fin du monde ou à la disparition de ce pays qu´on appelle Haiti, on entendait les cris des enfants, des femmes et des hommes qui hurlaient à chaque fois que la terre tremblait.
En ce sens, pour faire briller l´espoir de vivre, les églises ont joué un rôle éminemment crucial consistant à remonter la morale des individus, particulièrement je voudrais citer l´église chrétienne des cités, qui, après le séisme, donnaient ses cultes d´adoration sur le terrain se trouvantt en arrière de ladite église, car le temple était fissuré. Elle a joué un rôle éminent dans la vie spirituelle et sociale des chrétiens, malgré le soleil, les chrétiens étaient assidus à la parole de Dieu. Elle a su les accompagner jusqu´à ce qu´ils se sentent prêts à recommencer à vivre une nouvelle vie en Jésus. Je me rappele cette parole que Pasteur Léontès Dorléans avait dite : '' Bondye vivan, nou vivan pou n sèvi yon temwanyaj vivan ''. Par ailleurs, je voudrais ajouter le rôle de la presse, des radios et télévisions qui ont vite conçu des programmes adaptés à la situation du peuple haitien afin de lui faire oublier cette tragédie qu´il venait de vivre, particulièrement le programme connu sous le nom de ''RIGOLO TERAPI'' de la station radio et télévision CaraibesFM. Ainsi, en priant et en riant, beaucoup de stress, d´imaginations et de réflexions liés à cet événement ont progressivement disparu.
Si j´ai la fierté de parler du courage et de la solidarité des haitiens ce jours là ainsi que du rôle des églises et des médias, par contre c´est avec beaucoup de regret et de gêne que je voudrais signaler qu´il y eut certains malfras, certains sans vergognes qui ont eu un comportement affreusement canibal et inhumain. Ce jour là, j´ai vu des gens qui se mettaient à fouiller les cadavres en prenant leurs bijoux, argents et autres objets que ces morts eurent en leur possession au moment de leur décès, étant morts, ils sont de ce fait inanimés, mais je me demande avec quel coeur un humain a pu réagir ainsi. Il y eut ce même jour des bandits qui se mettaient en ambuscade dans des rues les plus empruntées par des gens qui cherchaient à retrouver leur famille, afin de les égorger, de les piller. Ce fut un autre désastre plus cruel à mon avis que le tremblement de terre. En réalité, il est regrettable de le dire, certains de nos frères ont eu un comportement vraiment inhumain qui m´a complètement révolté. Le lendemain de la catastrophe, c´était la même chose, il y avait des endroits que les gens ne pouvaient pas investir, le pir c´est que bon nombre des haitiens brisaient les portes des magazins afin de voler tout ce qu´il y avait dedans. Il y en a qui, se retrouvant à l´intérieur des magazins fissurés, sont morts suite à quelques secousses au moment du pillage, car la semaine suivante la terre tremblait presque qu´à chaque seconde. La Police était impuissante à elle-même de sécuriser ces magazins pillés ainsi que les citoyens égorgés, ce corps de sécurité nationale fut également affecté tant d´un point moral que physique comme c´était le cas de chaque haitien d´ailleurs.
Par ailleurs, immédiatement quelques heures après le séisme, Haiti a subi une autre occupation forcée de la part des Etats-Unis. En effet, des avions et des hélicoptères américains avaient déjà occupé l´aéroport international Toussaint Louverture sans le consentement de M. René Préval, le président dès lors. De plus, pendant que les haitiens souffraient amèrement, la France et les Etats-Unis se battaient entre eux puis que ces derniers ont interdit l´atérissage des avions français ou de quelque autre pays même le Canada. Cet évènement a créé en quelque sorte une hantise diplomatique entre la France, les Etats-Unis et le Canada, ces trois supers puissances qui étaient venus apporter à Haiti une aide empoisonnée. Particulièrement les Etats-Unis ont déployé des centaines de soldats sur le sol d´Haiti pour venir faire je ne sais quoi. Plus tard avant de partir, ils ont laissé le commendement à la Minustah qui est sous le contrôle du Brésil. Cette aide empoisonnée contient une promesse d´argents qui ne tient plus, la présence de M. Cllinton comme envoyé spécial de l´ONU qui est entrain de gêler des fonds, l´invasion massive des ONG, la supression des autorités haitiennes de devant la scène sociale, les emputations illégales et arbitraires, et enfin le traitement inhumain que les haitiens ne cessent de subir sous des tentes. En vérité, l´inconséquence et la faiblesse des dirigeants ont permis à Médecins Sans Frontière de faire des emputations arbitraires voire non nécessaires sur des personnes ayant reçu un choc, ce sans leur consentement. S´il existe plus d´estropiés que l´on ne pourrait imaginer après ce séisme c´est à cause de la faiblesse des dirigeants haitiens qui ont perdu complètement le contrôle des centres hospitaliers qui apportaient de l´aide sanitaire aux victimes, voilà jusqu´où peut aller le laxisme de l´État, et seuls et toujours les citoyens en paient les conséquences.
Les Etats-Unis se sont auto-proclamés comme les premiers à venir secourir Haiti, pourtant ils ignorent d´une part les aides que les haitiens se sont données eux-mêmes simultanément malgré les faibles moyens, de l´autre ils ignorent la présence des cubains et des dominicains qui ont réagi immédiatement après le tremblement de terre. Ils ignorent tout ça dans le but de faire passer leurs intérêts personnels avant ceux du peuple, de défendre la politique et la puissance américaines dans cette Haiti meurtrie et souffrante. En fait, ils n´étaient pas venus aider le peuple haitien, ils étaient venus faire leur capital politique tout en profitant de la situation pitoyable d´Haiti et en la prenant pour cible. Ainsi, le comportement de ces étrangers a prouvé qu´ils ne peuvent rien faire pour sauver le pays, leur présence est quasiment inutile en Haiti, deux ans après le séisme, Haiti ne peut être regardée qu´avec des yeux de désolation, cela m´a aussi révolté. Je pensais que le côté humain de ces messieurs leur aurait permis d´avoir pitié de ce pays qui a tant souffert, qui n´en peut plus et qui demande à ces messieurs de le laisser tranquile.
Le 12 janvier 2010, je me souviens de tout cela et de bien d´autres encore que je me garde de ne pas révéler dans ce second témoignage. En réalité ce n´est pas le tremblement de terre en soi qui se veut cruel ou désastreux, mais les conditions de vie inhumaines et infames dans lesquelles se trouve la majeur partie de la population, la gestion qui en est faite ainsi que les profits exhorbitants qu´il a procuré à bon nombre de nos compatriotes. Le séisme doit être considéré comme la dernière goutte d´eau qui a renversé le vase tenant compte des conditions de vie préalablement précaires du peuple haitien.
Enfin, en ce jeudi 12 janvier 2012, deux ans plus tard, en rappelant la mémoire des morts et des disparus, je voudrais dire à Haiti, mon pays, ma terre natale tant chérie, de ne pas tuer une seconde fois ceux qui sont morts à cause de cet événement impitoyable, de ne pas augmenter les victimes tant vivantes que mortes par sa façon d´agir, mais surtout de ne pas perdre l´espoir, car le jour de sa délivrance n´est pas trop loin. Mais, il y a des conditions pour que cette délivrance soit, l´une d´entre elles consiste à agir à l´instar de Barthimée, cet aveugle de Jérusalem qui a jeté son manteau au moment où il alla vers Jésus afin d´obteni la guérison en recouvrant la vue, et également à l´instar de Nicodème qui se fut détaché des pharisiens afin de découvrir la nouvelle naissance dont lui parlait Jésus. Il y a des fausses compagnies dont Haiti a besoin de se débarasser si elle veut réelement se développer, car ceux-là qui se disent son ami, sont ennemis de son développement.
Puisse cet article traverser l´esprit de chaque haitien afin de le porter à révolutionner sa pensée.
Campinas, 12 janvier 2012
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