Pesquisar seu artigo aqui

LA MINUSTAH: ÉCHEC DE L´ONU EN HAITI ET OBSTACLE À SON DÉVELOPPEMENT



Pour tout citoyen haitien honnête la présence de la Minustah est un affront à la souveraineté d´Haiti,  une gifle à la dignité du peuple haitien, une insulte à la lutte des Ancêtres, une grave provocation à sa misère et à sa pauvreté, enfin, un obstacle à son développement,. D´un autre côté, et, c´est malheureux et même regrettable de le dire, pour certains haitiens voire étrangers, la Minustah constitue une source de profits et d´enrichissement, une véritable vache à lait, parce qu´elle tend à améliorer leur situation économique. Cependant, à notre sens, ces derniers se sont trompés, car la Minustah ne travaille point dans leur intérêt ni celui du pays. Ici, nous nous gardons de ne pas revenir sur certaines dénonciations que nous avons faites contre ces bandes de mercenaires qui agacent le peuple haitien par leurs actions extravagantes et arrogantes, juste pour éviter la redondance. Toutefois, nous sommes plus que jamais déterminés à manifester notre entière opposition à la présence de la Minustah en Haiti. En effet, après 10 années d´un jeu mafieux de diplomatie internationale, la mission onusienne se dévoile elle-même impuissante à résoudre la crise haitienne comme elle le prétendait au début. C´est une mission faillible qui, bien que légale en vertu  de la charte des Nations Unies, n´a pas sa raison d´être en Haiti. Ainsi, sa présence ne peut être assimilée qu´à un véritable obstacle au développement du pays. 

1- Quand le peuple haitien souffre innocemment des effets d´un mal dont il n´est pas l´auteur

Certains étrangers et un groupe très infirme d´Haitiens pensent que la présence de la Minustah en Haiti est utile, mais paradoxalement la grande majorité du peuple haitien constate le contraire et conjugue des efforts quotidiens pour l´expulser du sol des Ancêtres, puis que pour elle cette présence est complètement inutile. En attendant qu´elle parte, seule la masse pauvre, misérable et miséreuse qui se meurt dans cette ignominie en subit les conséquences. En effet, le peuple haitien n´a pas fait appel à la Minustah, ses intérêts n´ont pas même été pris en considération lors des négociations qui devaient l´accoucher, bien au contraire, ils furent totalement mis à l´écart. Cependant, l´ironie du sort, c´est que c´est à ce peuple victime qu´il revient aujourd´hui de lutter afin de la faire partir. Quel paradoxe, mais surtout quelle méchanceté! C´est ce qu´on appelle dans l´univers proverbial de chez nous : ''Ou pa manje pwa wap bay la pire''. Aussi, revenant sur les traditions de lakou lakay, se souvient-on que dans les familles haitiennes, les parents avaient toujours pris une maligne habitude de fouettter injustement leurs enfants pour des fautes dont ils n´étaient pas les auteurs, ce en prétendant leur donner de bonnes instructions. He bien! c´est la même réalité que le peuple haitien est entrain de vivre actuellement: il souffre d´un mal appelé la Minustah dont il n´est pas responsable. Mais qui est responsable?

Cette pratique de ''Ou pa manje pwa wap bay la pire''ne vient pas de l´extérieure, elle n´est pas non plus le produit de l´étranger comme on l´aurait pensé, mais c´est une pratique intérieurement ancrée et tissée à nos moeurs, nos coutumes et nos habitudes. Nous souffrons tellement d´une schizophrénie que dès fois nos propres proverbes nous retombent dessus sans en être conscients. Tous ceux-là qui ont négocié en 2004 pour la venue de la Minustah en Haiti, tels que les Arisitide, les Baker, les Aped y compris son groupe 184, etc., ne se sont jamais retrouvés dans les rues ou ne se sont jamais prononcés publiquement pour protester contre cette troupe onusienne qui est dans une perpétuelle vacance touristique en Haiti, et demander à ce qu´elle quitte le pays. Cette vacance qui se renouvelle chaque année a une odeur très nauséabonde dans les narines du peuple haitien. Ainsi, ayant été les véritables acteurs dans les négociationspour faire venir la Minustah en Haiti, ils sont les seules personnes aptes à pouvoir expliquer les vraies raisons de la présence de la Minustah en Haiti. Mais ils ne le diront pas de peur de perdre leurs intérêts. Vu ce silence, le doute règne et des interprétations pleuvent. Le peuple haitien est consterné autant qu´il en a marre de voir ces soldats onusiens.

Pour la mémoire, il faut se souvenir que le peuple haitien a été déjà  victime d´un double jeu politique des États-Unis: M. Aristide fut renversé et réinvesti par le même acteurEn effet, son excellence l´ancien président Jean-Bertrand Aristide s´était érigé, tout au long de ses campagnes électorales en 1990, en un adversaire farouche de la politique impérialiste américaine en Haiti, à travers le monde surtout dans les pays pauvres, ce dans le but de, non seulement, dénoncer cette politique qui, bien que vieille, ne rapporte rien au pays, sinon la misère, la dépendance économique et l´invasion des ONG, mais surtout, d´accéder au pouvoir. Malheureusement, accédé au pouvoir, quelque mois plus tard, un coup d´état militaire, conçu d´ailleurs dans le laboratoire américain et concrétisé par l´agent de la CIA, le général des Forces Armées d´Haiti, Raoul Cédras, l´a brutalement contraint à s´exiler en 1991. Ce sont ces mêmes Américains qui, en 1994 dans un hélicoptère blindé, l´ont ramené en Haiti. Il s´en est montré très joyeux de revenir au pays en compagnie de ces soldats américains. Quelle honte! Ces derniers avaient pour mission de le réinvestir au pouvoir afin de terminer le reste de son mandat interrompu par ce coup d´état sanglant. En s´étant montré joyeux de se faire réinvestir au pouvoir par des soldat américains, M. Aristide a humilié le pays sans le savoir et ce comportement a montré clairement que c´étaient les Américains qui étaient à la base de tout cela. Car, comment un chef d´état, renversé par un coup d´état, peut-il se rejouir d´être ramené à son pays par un comando lourdement armé? N´est-ce pas une preuve que le pays était livré aux Américains? En fait, M. Aristide avait parfaitement raison d´être joyeux, car, plus tard, non seulement, il s´est transformé en un véritable complice de la seconde occupation américaine d´Haiti de 1994, mais surtout, s´est complu dans son comportement de mouton de panurge, car, affamé de pouvoir, il voulait à tout prix terminer son mandat. Sur ce, il a atteint son objectif. Mais, il y a une chose très importante qu´il faut retenir c´est que l´Aristide sorti de l´exil en 1994, n´était plus le même en 2001 ni en 2004. L´occident l´a complètement façonné puis nous l´a refoulé tel qu´il le voulait. 

Par ailleurs, en ayant fait cette toute petite et courte passation de pouvoir à son compère René Préval en 1996, c´était juste pour le reprendre en retour par des élections frauduleuses en 2001. Certains politiciens disent que durant le quinquénat du président Préval, il n´était qu´une image, le vrai dirigeant était M. Aristide, car, ayant été son premier ministre, il se sentait redevable envers lui. C´est d´ailleurs l´une des caractéristiques du jeu politique en Haiti: la politique de ti pas kout et de redevance. Cependant, trois ans plus tard, soit en 2004, tout a encore basculé pour lui. En effet, en 2004 sous les pressions de cette même communauté internationale qui a Haiti dans la peau, M. Aristide est parti pour l´exil en Afrique du sud en laissant derrière lui un peuple souffrant, meurtri et affamé, mais surtout, un pays déchiré par des conflits armés dans des zônes où la pauvreté règne, telles que Cité Soleil, Bel´Air, etc. Ces groupes armés dont il s´est très mal servi pour consolider son pouvoir, n´ont cessé de s´affronter et créé en même temps un climat d´insécurité dans le pays. Car ces genres là existent, il faut qu´ils mangent, se nourrissent, envoient leurs enfants à l´école, se vêtissent, etc. Mais comment? Ils n´ont eu d´autre recours que les armes. Enfin, M. Aristide et ses hommes forts se sont faits complices de la MICIVIH en 1994 et de la MINUSTAH en 2004. Dans l´espace de 10 ans, le pays a connu deux occupations militaires, et personne ne sait quand cette dernière armée onusienne qu´est la Minustah, présente en Haiti il y a 10 ans, va partir. La Minustah est un virus injecté dans le sang des haitiens et dont ils souffrent sans le vouloir.
Le peuple haitien est un peuple martyr. Non coupable des souffrances qu´il endure, celles-ci lui viennent de ses propres fils, ce du niveau le plus bas au plus haut sommet de l´administration de l´État. Néanmoins, en dépit de tout, c´est à lui qu´il revient de guérir ce mal, laquelle guérison sera avantageuses même pour ses enfants prodigues.

2- L´utilité de la présence de la Minustah en Haiti: un paradoxe de très mauvais goût

La Minustah semblerait se révéler, en dépit de la honte et de l´humiliation qu´elle nous inflige, une très grande utilité non pas seulement pour les étrangers, mais, paraît-il, pour certains haitiens également. D´une part, en ce qui concerne les étrangers, il n´y a aucun doute que la présence de la Minustah en Haiti puisse leur être richement profitable. Ils auraient acquis ce profit dans la stabilisation du pays, alorsqu´ils ne peuvent pas se stabiliser eux-mêmes. En outre, pour ces derniers, qu´il soit un soldat, un cadre administratif ou un simple employé, la Minustah leur est tellement utile qu´ils tombent automatiquememt dans la consternation quand on vient leur annoncer que l´heure est venue de rentrer à la maison. Ces gens là qui sont l´expression de la réalité socio-économique connue sous le nom de ''dòmi pòv leve rich'', ne peuvent ne pas être consternés de ce que le réservoir vient de leur être fermé, car, sur cet aspect, Haiti est vraiment une source de richesse et de fortune. D´autre part, à ces Haitiens pour qui la Minustah est une prétendue vache à lait, nous disons bien prétendue vache à lait, parce qu´en fait, il ne l´est pas, pour eux spécialement,  je voudrais leur dire qu´ils sont entrain de se faire exploiter en prêtant leur service, leur capacité, leur savoir et savoir-faire à la Minustah. En pensant gagner des fortunes, ils se sont foutus le droit dans l´oeil. Mais, ce comportement n´est pas innoncent, ces Haitiens l´ont hérité de quelques-uns de nos ancêtres. En effet, je ne serais pas méchant de dire que l´indépendance haitienne n´avait pas été acceptée à l´unanimité, cela veut dire que certains haitiens étaient contre cette indépendance, car ils voulaient qu´Haiti devienne une province de la France au lieu d´un État libre et indépendant. Malgré mon estime pour l´idéal louverturien, je le réproche d´avoir, dès les premiers moments des luttes qui allaient déboucher sur les révolutions haitiennes, pensé à une telle alternative. Mais, heureusement que nous eussions les Dessalines, Christophe, Capois Lamort, Pétion, Boyer, etc., traversés par la soif démésurée de la liberté et de l´indépendance

Depuis l´arrivée de la Minustah en Haiti, pour errer certains haitiens et pour acheter leur silence, par ailleurs, pour se féliciter de toutes ses extravagances, elle ne cesse de s´impliquer et de s´immiscer dans presque toutes les sphères d´activités du pays: la culture, la justice, la communication, l´emploi, la police, le parlement, le commerce. Pour beaucoup de commerçants, de propriétaires de plage, d´hôtel, de maison, de bar, de restaurant, de nigth club, etc., la Minustah est un client hors pair, dans le vrai sens du terme, un client intouchable et lucratif, car elle dépense en U$ et prétend accroître les chiffres d´affaires de ces derniers, mais ils oublient que le monopole du dollar appartient aux États Unis, donc, pour l´acquérir, il faut l´acheter, ce à un prix exhorbitant. Il est difficile d´avancer des chiffres statistiques quand on sait combien il est difficile l´accès à des informations de ce genre. Mais, le fait est que ceux qui sont entrain de suscer à la mamelle minustahienne, se ferment les yeux, d´autre part, la Minustah leur est une source de profits et d´enrichissements intarissable, ce qui fait d´elle une espèce de protégé tant de l´exécutif que du legislatif et du judiciaire. Par ailleurs, et la céruse sur le gâteau, c´est que la Minustah crée des emplois, au moins 5 offres d´emplois par mois sans compter les petites annonces tenues dans l´informel et les multiples petits postes vacants auxquels ne peuvent être admis que des gens à moralité douteuse. Quelques centaines de jeunes désespérants se sont vus octoyer un petit boulot dans une des cellules d´activités de la Minustah. Parmi ces  cellules, deux doivent retenir notre attention: la linguistique et la communication. En effet, certains de ces suppôts, de ces oiseaux de mauvais plumage sont recrutés pour apprendre le créole aux soldats de la Minustah et travailler dans leur station de radio, afin que ces derniers comprennent la langue nationale et puissent faire passer leurs messages de propagandes dont ils se font complices. Comment expliquer qu´une mission étrangère et éphémère ait acheté une fréquence pour avoir sa propre station de radio? Pourquoi veut-elle avoir son propre organe de communication?

En dépit de tout, je pense que c´est bien et même très bien de faire connaître notre langue aux autres, c´est aussi un moyen de la répandre, mais pas à des soldats qui tirent sur nos frères, nos soeurs et nos enfants, qui violent nos adolescents et adolescentes, qui affaiblissent nos institutions, qui pillent nos richesses naturelles, qui détruisent nos productions nationales, nos familles par le choléra. Ils ne méritent pas notre langue créole si belle, si profonde et si significative de la révolution contre toute forme de domination et d´exploitation que nous avons accomplie dans l´histoire de l´humanité. En outre, avec cette station de radio appelée Minustah FM s´étendant aux principales villes du pays telles que Port-au-Prince, Cap-Haitien, Gonaives, Jacmel, Cayes, la Minustah affirme sa puissance en matière de communication. C´est pour mieux convaincre la population de ses propagandes qu´elle s´est acquise des fréquences dans chacune de ces villes, car la communication est une arme forte et puissante. Les haitiens qui y travaillent ne se rendent pas compte qu´ils sont entrain de creuser leur propre tombe. Néanmoins, en disant cela, je ne prétend ravir à quiconque le droit de travailler où qu´il le désire, même si c´est un travail sous forme d´exploitation et marginalisation, même si, de plus, ces Haitiens se choisissent de trahir leur propre pays en prêtant leurs services à des gens qui sont contre l´intérêt du peuple haitien. 


Par ailleurs, la Minustah apporte ses appuis au parlement dans le domaine logistique, assistance technique et autres. La liaison entre la Minustah et le parlement est assuré par le BAP (Bureau d´Appui au Parlement) par le truchement duquel les activités suivantes sont réalisées:
1- Fournir conseils et assistance aux deux chambres du Parlement sur l’avancement de l’Agenda législatif.
2- Conseiller les parlementaires sur la mise en application du règlement intérieur et sur son amélioration par rapport aux bonnes pratiques d’autres législatures.
3- Fournir une assistance technique et logistique en matière d’organisation des conférences, forums ou formations en cas de besoins,
4- Servir de liaison entre les parlementaires et les organisations internationales partenaires d’Haïti dans le cadre notamment de la recherche de financement de projets.
5- Fournir une assistance technique dans le cadre de formulation et rédaction de projets d’intérêt  national.


La Minustah et certains haitiens sans scrupule font infatigablement des propagandes pour montrer l ´importance de cette force onusienne en Haiti, cependant la situation actuelle du pays dit tout le contraire, elle déshabille tout le plan théorique maquillé de la mission onusienne ne correspondant pas à la réalité. Théoriquement la mission voudrait créer un climat de sécurité en Haiti. Mais, dans aucun pays au monde, l´ONU n´a réussi à mettre en exécution un plan de sécurité fiable ni durable, particulièrement en Haiti. En fait, comme nous l´avons déjà remarqué dans un autre article, la Minustah a pour mission de maintenir le peuple haitien dans la pauvreté, contrôler et exploiter les richesses naturelles du pays, affaiblir l´appareil étatique, faire obstacle à tout projet de développement du pays, et, enfin, servir de canal à l´ONU pour qu´elle puisse mieux y imposer sa propre morale. Autrement dit, l´ONU agit via la Minustah qui contribue à garder le peuple haitien dans son état lamentablement miséreux. Tout ce que la Minustah fait pour se montrer utile est vain, car aux yeux du peuple haitien qui en est le principal concerné, c´est de la pure farce. Malheureusement, certains de nos frères et soeurs Haitiens, n´étant pas conscients de ce malheur et faisant preuve d´inintelligence, préfèrent apporter, d´une façon ou d´une autre, leur aide à ces mécréants, ce en hypothéquant leur propre dignité et personalité.

Ces actions qu´entreperend la Minustah s´inscrivent dans l´objectif de troubler et de brouiller le combat qui se mène contre elle. Ce n´est pas avec un comportement tiède que ce combat parviendra à son paroxisme,  et la victoire y relative ne s´obtiendra pas sans une ferme conviction. Le combat pour le départ de la Minustah de la terre d´Haiti doit être menée non seulement avec une conviction inébranlable, mais surtout, avec cette foi patriotique inffaillible que nous devons obtenir la victoire. Une victoire que nous nous devons et à nous-mêmes et encore plus à nos progénitures pour leur éviter de souffrir d´un mal qu´ils n´auront pas commis. Ainsi, toujours dans un esprit pacifique et non violent, tous les canaux communicationnels,  tels que l´écriture, la musique, le théatre, les médias, la peinture, la littérature, etc., doivent-ils se constituer un véritable faisceau pour précipiter le départ de la Minustah. Car, ce n´est pas le combat d´un haitien ni d´un groupe d´haitiens en particulier, mais celui de la nation haitienne toute entière. Il revient à nous de réparer cette honte dans laquelle sont impliqués certains de nos compatriotes à qui nous devons pardonner leur traitrise comme Jésus l´a fait à Judas.


3- Quand la Minustah décide d´apprendre le créole...

Le dominateur, quand il veut imposer son système, cherche par tous les moyens à comprendre la langue et le langage dans lesquels le dominé pense, s´exprime et agit. Donc, comprendre la langue du dominé ou de l´exploité est loin d´être un honneur attribué à cette dernière encore moins l´expression d´une certaine fierté de la parler. Bien au contraire,  cette démarche de la part du dominateur s´inscrit dans un plan d´avoir la capacité de préméditer l´action de l´autre  à tous les niveaux. Car, savoir ce que l´autre pense et la façon dont il le pense, c´est être capable de connaître ses intentions actuelles ainsi que prévenir ses intentions futures. Pourtant, à l´inverse, le dominateur n´apprend pas sa langue au dominé de peur que ce dernier ne comprenne comment lui-même pense. Le colon français n´avait jamais appris à un esclave la langue française, de plus, un esclave n´avait droit à l´éducation sous aucune forme. Mais, ce dernier, intelligent qu´il fut, même si on lui fit croire qu´il n´avait pas d´intelligence, a appris timidement et progressivement la langue du colon en la déformant. Donc, en étant capable d´assimiler la langue du dominé, le dominateur vient de s´octoyer, en plus de sa langue, une autre puissante arme linguistique au moyen de laquelle il est capable de maintenir l´esclave dans un état de marginalisation. Nul besoin de remonter à l´histoire esclavagiste d´Haiti pour comprendre cela, car c´est un phénomène qui est bel et bien présentement actuel dans nos murs. 

Il faut se demander combien d´Haitiens sachant parler le français, l´anglais, l´espagnol et plus récemment le portugais en Haiti. Pour le français il n´y a que 10%, environ  2 à 5% parlent l´anglais, l´espagnol y est très peu parlé, et pour le portugais n´en parlons pas. En effet, la Minustah est composée de groupes lusophone et hispanophone, mais la langue dominante c´est l´anglais. C´est la langue de travail et de communication officielle entre employeur et employés, dans quelques rares occasions, le français peut être d´un usage utile. Cependant, étant donné que c´est le Brésil qui a la commande, le portugais n´est pas trop négligé et est parlé dans le cadre des rencontres officieuses entre les hauts dignitaires de cette institution. Mais, combien d´Haitiens travaillant à la Minsustah sachant parler cette langue? Un pourcentage presqu´insignifiant. Ainsi donc, quand les décisions se prennent, elles sont prises dans une langue que les employés ne maîtrisent pas. Ceci constitue un grand dilemme en matière linguistique.

Quand la Minustah se décide à apprendre le créole, la langue nationale, populaire et martenelle de tous les Haitiens, cette décision n´est pas innoncente encore moins qu´il puisse être naive. C´est l´intention qui se cache derrière cette démarche qui doit nous intéresser le plus, au lieu de la démarche elle-même. Ainsi, faut-il le souligner à nouveau, il n´y a qu´un plan de domination derrière cette démarche. Et, triste soit le dominé qui se laisse tomber dans un tel piège! Pour dévier ce plan, il faut se montrer plus malin et vigilent que le dominateur qui affiche dès fois une attitude très amicale et aimable. Aujourd´hui, les stratégies d´exploitation et de domination changent, elles ne sont plus les mêmes qu´aux 15ème et 16ème siècles. Nous sommes à l´heure de la colonisation froide et douce. Le monde actuel dans lequel nous vivons est une jungle à la fois sauvage et civilisée où la loi du plus fort remplace celle du plus rusé et s´accomplit en douceur.

4- L´ironie du fait

Il paraît, d´un point de vue ironique, que la présence de la Minustah se fait sentir dans le domaine social et sécuritaire, et que c´est en vertu de ces deux aspects qu´elle s´estimerait être utile en Haiti. Mais, en fait, chaque année suivant le contexte, la Minustah emploie  de nouvelles stratégies pour se faire passer comme un appui indispensable au peuple haitien, pourtant c´est faux. Quand on ne la voit pas intervenir dans la justice, la police, c´est dans les secteurs d´activités comme l´aide alimentaire, l´eau, l´assainissement, l´aide aux enfants, l´aide aux personnes handicapées, etc., qu´on la voit entrain de desservir. Elle fait tout cela pour gagner l´amour et la bonne grâce du peuple haitiens, autrement dit, pour l´amadouer. A-t-elle réussi? En partie oui, car c´est une des raisons qui justifient sa présence jusqu´à présent en Haiti. Elle a déjà gagné la confiance d´un bon nombre d´Haitiens sans scrupule qui font preuve d´inintelligence et d´inattention au cas de la Minustah. Ils ne comprenent pas, qu´en leur tendant la main,  la Minustah est entrain de les obstruer la réalité, car, en fait, les emplois créés par la Minustah, les appuis logistiques qu´elle apporte au parlement, ainsi que les diverses autres actions  à caractère social et humanitaire qu´elle pose, s´inscrivent tous dans un seul et unique objectif: endormir les haitiens afin de pouvoir rester définitivement au pays. Car, Haiti est une grosse vache à lait ayant déjà permis à beaucoup de soldats de la Minustah de sortir de l´état économique crasseux dans lequel ils pataugeaient dans leur pays d´origine.  Il faut mettre un terme à ce paradoxe d´utilité de très mauvais goût d´ailleurs et qui tente de plus en plus de nous tromper tous. Certains, aussi naives et obstrués qu´ils soient, vont jusqu´à oser dire que la Minustah a réalisé de grands progrès dans le pays et que sans sa présence le pays risquerait de tomber dans une situation d´insécurité. Mais, ces derniers oublient que c´est cette même Minustah, quand à l´approche de la fin de son mandat, qui crée toujours des événements pour provoquer l´insécurité dans le but de montrer que le pays n´est pas encore stable sur le plan sécuritaire, donc, sa présence doit continuer à s´y faire sentir. Et cela facillitera plus facilement le renouvellement de son mandat. Un jeu que tous les haitiens sans exception aucune ont fini par comprendre parfaitement .

C´est ainsi que je me tue à trouver des éléments positifs qui puissent me convaincre de l´utilité de la Minustah, je n´en trouve pas. Je me bats à comprendre en quoi la présence de la Minustah pourrait être utile au développement de mon pays, franchement j´avoue que je suis dépassé. Par conséquent, c´est ce qui me pousse à servir de mes écrits, ma seule arme, pour combattre la Minustah jusqu´à ce qu´elle parte. La présence de la Minustah en Haiti traduit en outre un non retour aux Forces Armées d´Haiti et une déclaration de guerre contre le peuple haitien. C´est une présence complètement inutile sur le plan social, car une armée étrangère ne peut, en aucun cas, être un acteur social, sur le plan politique parce que cette armée étrangère obstrue et influence les décisions politiques, sur le plan économique, car elle affaiblit l´économie nationale quand ses dépenses s´effectuent en dollars au détriment de la gourde, et, enfin, sur le plan sécuritaire, parce qu´aucune force étrangère ne peut garantir la sécurité des nationaux, seules les forces militaire et policière typiquement nationale peuvent garantir la sécurité nationale.

5- L´insécurité en Haiti un faux prétexte de l´ONU

L´un des faux prétextes sur lequel l´ONU s´appuie pour maintenir la Minustah en Haiti est celui de l´insécurité. Cette situation est survenue lorsqu´en 2004, suite au départ du président Aristide, Haiti a été mise sur la liste des pays constituant une menace pour la sécurité internationale. En fait, un pays se dit être une menace pour la sécurité internationale quand il est très violent et dangereux non seulement pour ses citoyens et concitoyens, mais également pour les étrangers. Cependant, en 2004, selon certaines recherches comme celle de l´INED, Haiti n´a été sur aucune liste de pays dangereux pour la région. Tandis que la même année l´ONU a adopté la résolution 1542 accordant le plein droit à la Minustah d´être présente en Haiti tant que ce pays ne fera preuve d´une stabilité politique. Mais, il y a une chose que l´ONU ignore c´est que tant que la Minustah sera présente en Haiti, ce pays ne connaîtra aucune stabilité, parce que la Minustah elle-même est une des sources de cette instabilité qu´elle prétend résoudre. Tant d´un point de vue politique que diplomatique,  il n´y a eu aucune raison à ce que ces soldats onusiens se soient déployés sur le sol haitien. Ce faisant, l´ONU a préféré mettre le pays sous une occupation au lieu de l´aider à résoudre, par le dialogue, la crise dans laquelle il était plongé. Ce qui vient aggraver l´instabilité au lieu de la résoudre. Cela voudrait-il dire qu´Haiti est condamnée à demeurer instable? Non loin delà, car, le départ de la Minustah est une des solutions. Et, dans un futur pas trop lointain la Minustah devra partir, parce qu´elle ne pourra plus résister face aux nouvelles protestations qui vont surgir contre elle. C´est ainsi qu´un vent de développement soufflera sur Haiti.

Cette Haiti présentée sur la carte mondiale comme l´un des pays où la violence règne est, en réalité, loin d´en être un. Slate.fr a publié en 2011 une liste de 10 pays ayant les villes les plus dangereuses au monde. Je me suis donné beaucoup de peine à retrouver Port-au-Prince sur cette liste, mais elle n´y était pas. Par contre, sur cette liste figurent 
 le Cap une des capitales de l´Afrique du sud occupant la première place, les Etats Unis qui viennent en troisième position avec les villes comme Detroit et Nouvelle-Orléans, la ville Grozny Tchétchénie de la Russie qui est en cinquième position, le Brésil qui est classé en dixième position avec son fameux Rio de Janeiro, pour ne citer que ces pays là [1].  Un autre classement de 2013 réalisé par MBC Times[2] n´a pas apporté trop grandes modifications à celui de Slate.fr si ce n´est l´arrivée de la Colombie en cinquième position détronnant la Russie qui vient désormais en septième position. A l´exception des États Unis d´Amérique, les autres pays sus-mentionnés dans le classement de 2011 font partie de cette nouvelle liste en conservant la même place, mais Haiti en est toujours absente. De plus, parmi les 50 pays les plus violents du monde, Haiti vient seulement en trente cinquième position avec 40.10 meurtres pour 1.000 habitants. Les trois premières places de la liste sont gérées par le Honduras avec 169.30, le Mexique avec 142.88 et le Venezuela avec 118.89 meurtres pour 1.000 habitants chacun. Nos fameux Brésil et État Unis occupent chacun une place plus importante que celle d´Haiti de telle sorte que le premier avec 15 villes bat le recors du pays le plus violent de l´Amérique du sud, et le second, savoir, l´oncle Sam, avec ces 5 villes est le pays qui accuse le taux le plus élevé de meurtres en Amérique du nord après le Mexique [3]. Vu le statut de petit pays dont est accusée notre Haiti chérie, et pour donner raison à la Minustah, sa capitale Port-au-Prince est dessinée comme une ville dangereuse dépourvue de sécurité, pourtant elle n´est pas plus violente que les villes telles que New York, São Paulo, Rio de Janeiro, et certains quartiers  en France et au Canada. 

Pour ceux qui ne la connaîssent pas sous l´angle de la sécurité, Haiti a un corps de police créé en 1994 dont 
l´effectif de 10. 000 policiers n´est même pas suffisant, jusqu´à ce présent, à couvrir le seul département de l´ouest, ayant  une population d´environ 3 millions d´habitants, pour les 9 autres départements n´en parlons pas. Par contre, malgré ce faible effectif, une présence policière se fait sentir principalement dans les grandes villes telles que Cap-Haitien, Jacmel, Cayes, Gonaives, même si les communes et sections communales les plus réculées en sont dépourvues. Mise à part Port-au-Prince, ces grandes villes ont une présence policière faible, donc elles ne sont pas abandonnées à elles-mêmes en terme de sécurité policière. L´ironie du fait c´est que dans ces villes de province où la présence policière est faible ou absente, les habitants, croyez-moi, vivent parfaitement bien dans un atmosphère fraternel et amical super tranquille. Il y régne un sentiment de solidarité incroyable, qui, à mon humble avis, pourra se rencontrer difficilement dans les villes des pays dits civilisés. Imaginons une seconde les villes telles que New York, São Paulo, Barcelone, Cap, Londres, Paris, Rio de janeiro..., sans une présence policière pendant quelques minutes, Eh bien ce serait un désastre en terme de perte en vies humaines par des assassinats, des meurtres en série, des homicides. En Haiti, dans les zônes les plus réculées communément appelées ''le pays en dehors'', les habitants, étant pratiquement privés de la sécurité policière, s´assurent eux-mêmes leur propre sécurité par la familiarité et la solidarité, ce sans aucun esprit de vengeance ni d´auto-justice, car quand bien même on y trouve une autorité judiciaire locale capable de dire le mot du droit quand l´occasion se présente. Ainsi, le vide engendré par l´absence de la force de l´ordre est substitué par des groupes de solidarité et d´entr´aide qui sécurisent leur  propre environnement. Mais, en fait, qu´est-ce qui crée l´insécurité? 

Il y a l´insécurité elle-même et le sentiment d´insécurité. Le sentiment d´insécurité est une construction mentale produisant la peur et l´effroi de telle sorte que où que l´on soit, ce sentiment est toujours présent. Le sentiment d´insécurité, étant plus fort que l´insécurité elle-même, est aussi psychologique et a des conséquences sur le comportement social de l´individu qui l´exprime. Mais, par ailleurs, il y a l´insécurité elle-même, celle qui existe dans la réalité et à laquelle on fait face quotidiennement. Ainsi, il y a différents types d´insécurité; insécurité alimentaire, sociale, économqiue, politique, ect.,  mais, l´insécurité dont il s´agit ici se réfère à l´absence ou à la faiblesse d´une force de l´ordre incapable de permettre à la population de vivre en toute quiétude et d´entreprendre ses activités à n´importe quelle heure.  Cette insécurité dite publique est le résultat de plusieurs phénomènes sociaux dont le crime. Les crimes perpétrés tels que meurtres, assassinats, homicides, etc., génèrent à la fois l´insécurité et le sentiment d´insécurité. Si l´insécurité est une conséquence du crime, pour la résoudre il faut éradiquer le crime, or aucune société n´existe sans le crime qui est lui-même un phénomène social, donc il est difficile de concevoir une société sans l´insécurité. Par contre, chaque société punit les crimes suivant sa morale et son droit, de plus, toute société a, non seulement, presque la même notion du crime, mais surtout, le répugne. Par conséquent, le débat sur l´insécurité en Haiti ayant été très mal abordée par l´ONU, n´a pas été épuisé, de ce fait, il ne pouvait engendrer que des solutions erronées allant à l´encontre des intérêts du peuple haitien. Ainsi, l´insécurité, comme sujet poignant de l´ONU pour imposer ses troupes, est un faux prétexte.

6- L´ONU ne dialogue qu´avec les armes

Haiti n´est pas un pays qui existe au ciel, et comme tout pays au monde, elle est susceptible de faire face au phénomène de l´insécurité, mais ce n´est, en aucun sens, une raison pour y justifier la présence de la Minustah, sinon l´ONU aurait des troupes de ce genre présentes également aux États-Unis, au Brésil, au Mexique, en Afrique du sud, car ces pays pays sont plus violents qu´Haiti. En lui imposant la Minustah c´est comme si l´ONU avait pointé une arme à l´oreille du peuple haitien, car elle a des armes et une puissante armée. C´est ce qui légitime d´ailleurs sa force dans les dialogues. Pourquoi malgré la situation d´insécurité de ces pays, le conseil de sécurité de l´ONU se garde de ne pas y envoyer ses troupes militaires? La réponse est simple: ils ne sont pas des petits pays comme Haiti, de plus, dans une certaine mesure, ils sont à la fois juge et partie. En répétant le comédien haitien, le regretté mémoire Haendel Dorfeuille communément appelé Pyram: ''Yo bay egzamen an, yo korije egzamen an, epi yo di se yo ki loreya'', il est difficile que ces pays soient indexés dans le plan d´occupation de l´ONU, car, bien que figurés sur la liste des pays violents et dangereux, c´est cette même ONU qui les protège et les cache.


Leur territoire est inviolable pendant qu´ils peuvent violer impunément celui d´un autre pays sans courir aucun risque de sanction. Ils peuvent imposer leurs leçons de démocratie aux pays pauvres, mais ils n´ont rien à apprendre d´eux. C´est la loi du plus fort de la jungle sauvage qui se change en celle du plus puissant sur le plan militaire et économique dans la grande jungle civilisée que représente le monde d´aujourd´hui. C´est eux qui décident du sort des petits pays, mais personne ne peut oser placer un seul mot dans leurs affaires internes ou externes sans que celle-là ne se fasse blamer ou expulser. Il est vrai que le contexte de 2004 avait joué en faveur de la communauté internationale, mais c´était une très mauvaise méthodologie employée dans le traitement du problème d´Haiti, tant par les Haitiens que par les membres de la communauté internationale, qui a fini par accoucher ce mal qu´est la Minustah qui, au lieu de la stabilité, nous apporte le choléra, cette épidémie qui a déjà tué des milliers d´ haitiens.

Plusieurs zônes en Haiti sont mises sur une liste de zônes dites de non-droit. Sous les yeux de la Minustah qui est là, dit-on, pour garantir la sécurité, des bandits se seraient déclarés maîtres de ces zônes et y circulent tranquilement. L´expression de zônes de non-droit qui, de mon point de vue, n´a aucun sens, signifirait des zônes dominées par des groupes armés qui s´entre déchirent pendant que la Minustah se promène et laisse la police nationale toute seule avec ses faibles moyens partir à la guerre contre ces genres qui nuisent à la paix publique. Mais en fait la Minustah garantit la sécurité de qui ou de quoi en Haiti? La Minustah stabilise quoi au juste en Haiti? À quoi sert-elle si elle ne peut pas aider la police nationale à rétablir l´ordre? Or, la présence de la Minustah fait appel à l´insécurité en même temps qu´elle suscite et renforce la violence dans ces zônes, cela pour plusieurs raisons. Quand les citoyens constatent le luxe dans lequel se baignent les soldats onusiens; quand les groupes armés voient leurs camions entrain de défiler les unes après les autres sur la route neuve reliant Cité Soleil et la côte des Archadins en direction de nos plus belles plages, Kaliko beach, Moulin sur mer, Wawoube beach, pour ne citer que celles-là; quand les bandits de ces zônes se font voler leurs petites nanas par des soldats de la Minustah qui séduisent ces dernières en les promettant du dollars U$ pour avoir des relations sexuelles avec elles; quand enfin la Minustah tire sur des civils en prétendant contrecarrer les groupes armés, tout cela ne peut que frustrer ces pauvres gens qui, du soleil levant au soleil couchant, se cassent la tête pour au moins s´acheter un pain, se payer un plat chaud par jour. 

Par ses extravagances et ses actions euphoriques la Minustah ne cesse d´agacer le peuple haitien. La Minustah peut se permettre d´agresser sexuellement nos jeunes filles, de violer nos adolescents et adolescentes parce qu´elle a l´immunité internationale. Elle peut bien vouloir nous exterminer tous par l´épidémie de choléra, car même les autorités haitiennes font tout pour l´innocenter. Qu´est-ce que le peuple haitien a-t-il donc fait pour mériter ce fardeau qu´est la Minustah? Les luxes qu´elle se réserve le droit de jouir ne peuvent que susciter la colère d´un peuple affamé. Elle s´allie au côté du gouvernement pour passer en dérision la misère de cette masse d´haitiens défavorisée voire oubliée. Tous les prétextes pris par l´ONU pour forcer de donner une base légitime à la Minustah sont donc complètement mensongers. Le fait même que l´ONU recourt à la force militaire pour résoudre le problème interne d´un pays est une preuve palpable de sa faiblesse de dialoguer. Ainsi donc, l´ONU prouve que ce n´est qu´avec et par les armes qu´elle peut dialoguer.

7- Quand la Minustah, armée étrangère, se substitue à une armée nationale, les FAD´H

L´ONU et les États Unis se sont servi de l´ancien président haitien Jean-Bertrand Aristide pour dissoudre les FAD´H sous prétexte qu´elles ont été la promotrice du coup d´état du 11 septembre 1991 ayant contraint M. Aristide à s´exiler aux États Unis. Cependant tout le monde sait que ce coup d´état fut l´oeuvre des États Unis. En effet, utilisées pour pouvoir concrétiser ce coup d´état, plus tard accusées d´être corrompues, les FAD´H ont payé le prix du jeu mafieux de l´Occident, elles ont été dissoutes. Or, comme toute autre institution sociale, l´armée peut être l´objet de corruption, elle n´est pas non plus exempte des infiltrations, des malversations et des manipulations, donc, ce n´était nullement une raison pour la dissoudre. Mais, étant donné qu´à cette époque l´ONU ne voulait entendre autre raison que la sienne, et qu´une armée étrangère mise totalement sous contrôle lui serait plus avantageuse, car c´est la sauvegarde de ses intérêts d´abord et non ceux du peuple  haitien, alors l´alternative était que la Minustah remplace les FAD´H. 

Nous voici en face d´un autre paradoxe. L´ONU, les États Unis, la France, le Canada, l´UE, les seuls vrais maîtres à penser et décideurs du destin d´Haitise sont mis ensemble pour dissoudre les FAD´H, l´armée nationale du peuple haitien, qui, du temps des ancêtres, s´appelait l´armée indigène en changeant de nom à maintes reprises. Mais, en fait, les FAD´H, comme toutes les autres institutions à caractère économique et politique du pays, étaient toujours sous le contrôle de ces puissances étrangères, particulièrement les États Unis. L´armée a été comme un pion entre les mains des puissances occidentales pour préparer leur coup. En effet, c´est ainsi que cela se passe dans le monde de la mafia : il faut se débarasser du pion qui a servi à l´accomplissement d´une mission spéciale sinon il peut devenir très gênant. Il est bruit chez nous, selon la petite histoire, que le dictateur François Duvalier ait fait fusiller l´ingénieur qui a conçu et réalisé le plan de sa maison de craint que ce dernier ne l´indique aux autres. C´est comme dans un film d´action, il faut éliminer le pion qui a servi à une cause juste ou injuste,  autrement dit, peut-être le terme technique me manque-t-il, mais ce qu´il faut retenir c´est que l´ami qui a aidé à se débarrasser de l´ennemi commun doit être éliminé de peur qu´il ne devienne plus dangereux que cet ennemi là. En ce sens, la logique veut que cet ami là, en choisissant d´exécuter le plan exterminateur, soit susceptible de devenir plus tard automatiquement l´ennemi commun dont il faudra encore se débarrasser. Dans ce cas, par tous les moyens, les FAD´H, avaient eu très peu de chance de survivre après le coup d´état qu´elle avait elle-même fomenté. Tout cela résume une chose :  l´ONU ne se préoccupe guère du sort des Haitiens, et il faut lier la présence de la Minustah en Haiti à la protection des intérêts économiques de pays occidentaux au cas où il aurait des troubles sociaux et politiques dans le pays.

Toutefois, les Haitiens digèrent très mal la présence de la Minustah dans le pays et c´est pourquoi ils se déterminent à précipiter son départ. Au lieu de renforcer la police, l´ONU a choisi de renouveller le mandat de la Minustah, car sa priorité est de mettre Haiti sous occupation et non un appui à son développement. La présence de la Minustah est, en elle-même, un échec pour l´ONU qui n´est pas capable de trouver de concert avec les acteurs politiques haitiens une solution aux problèmes d´Haiti. Il y a deux causes principales qui expliquent cet échec. La premièrre est que l´ONU veut imposer sa propre morale en Haiti, alors que chez nous ça ne marche pas ainsi. Car il est dit qu´Haiti est une terre glissée, et cela est vrai. On ne vient pas comme ça pour s´y intaller en maître. La seconde cause est liée à ce que nous avons débattu dans un des paragraphes précédents, à savoir, pour dialoguer, l´ONU utilise les armes de la dialectique au lieu de la dialectique des armes. Car 10 ans après, l´ONU ne peut pas se féliciter des actions menées par ses troupes, car le plan qu´il voulait appliquer ne correspond pas à la réalité haitienne. L´ONU n´est pas jusqu´à présent consciente de ce que les réalités sociale, politique et économique en Haiti l´ont complètement édentée. 

En résumé, la formule minustahienne que l´ONU a de fait imposé  aux dirigeants haitiens, bien que ces derniers n´aient pas eu le courage de s´y opposer, ne répond plus aux attentes du peuple haitien. L´échec de la Minustah n´est pas sienne, mais celle de l´ONU qui a pour mission de rétablir l´ordre et la paix dans le monde. Elle a échoué parce qu´elle cherche à résoudre une crise haitienne par ses propres formules. Ce faisant, ce sont à ses propres attentes qu´elle aspire. L´ONU affiche en Haiti un comportement selon lequel elle émet des idées abstraites sur des réalités concrêtes. Sans saisir et maîtriser la réalité haitienne, elle s´est foutue le droit dans l´oeil, mais elle se rebelle de plus en plus à reconnaître ses faiblesses. Haiti, en dépit de tout ce qu´on pourrait penser d´elle, n´est pas une savane; la société haitienne, malgré ses carences, est remplie de ses propres mystères qui réclament un minimum de recule et de maîtrise avant de les aborder; enfin, le peuple haitien, bien que pauvre et miséreux, n´est pas idiot ni imbécile, il comprend, il réfléchit et il agit.



CAMPINAS, 05/03/2014

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de préférer ce blog.