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mercredi 28 février 2018

LE SILENCE DU CRIME ET LE CRIME SILENCIEUX: L´AFFAIRE DU SCANDALE SEXUEL D´OXFAM EN HAITI

Résumé

Tout le monde sait que le crime est mauvais et que la société le condamne avec la plus grande rigueur. Il se retrouve, juste après l´infraction et le délit, au troisième rang des classes d´actes repréhensibles dont l´individu se rend coupable et que la loi punit. Il est donc passible des peines de privation de liberté allant jusu´à la peine de mort en passant par la perte des droits civils et politiques tout dépend de la société dans laquelle il a été perpétré et de la législation en vigueur. Néanmoins, le pir demeure le silence qui plane sur le crime par une quelconque preuve de faiblesse ou de complicité d´une instance étatique ou de la société. C´est évident que le silence du crime ou le crime silencieux promeuvent l´impunité et l´injustice sociale. Le scandale sexuel qui a frappé l´organisation humanitaire britanique Oxfam ces dernières semaines en Haiti en est un exemple frappant. C´est autour de lui que nous allons articuler nos réflexions à partir de ces deux notions.

Le silence du crime et le crime silencieux, c´est quoi?

Le silence du crime et le crime silencieux n´ont pas le même sens ni la même connotation, donc une différence de taille les distingue. En effet, ce qu´on pourrait appeler crime silencieux, c´est-à-dire le crime qui ne se parle pas, ne se communique pas, ne se divulgue pas, mais se confine dans les coulisses, est un crime parfait parce qu´il s´exécute à l´insu de témoins oculaires, alors que le silence du crime désigne le crime sur lequel on se tait ou qu´on force à taire. Bien qu´on ne sache pas encore si, d´un point de vue théorique, les deux termes existent, le silence du crime est un acte immoral, antisocial et condamnable qui n´a jamais été dénoncé ni dévoilé ni condamné même s´il se sait de tout le monde: du plus commun des mortel aux autorités compétentes en passant par les familles et les cercles amicaux. Le crime silencieux est donc discrétionnaire et enveloppé dans le plus parfait secret. En fait, ce dernier est, jusqu´à preuve du contraire, le plus dangereux pour la société. La connaissance d´un crime se circule entre les pairs avant d´être partagée au milieu de la communauté et des familles pour enfin aboutir aux oreilles des autorités compétentes. Or, le crime silencieux fait fi de tout cela.

Si le silence du crime est contre la morale et l´éthique, le crime silencieux est une stratégie pour obstruer la vérité. Elle ne s´obtient que par des couvertures, des compromis ou encore des complicités à tous les niveaux. Quand des autotités hautement placées choisissent de se taire sur un crime, cela rentre dans leurs intérêts et préfigure une société corrompue et pathologique. En outre, le crime silencieux tue et détruit à petit feu et a besoin de projeter aux yeux de tout le monde une image de bienfaiteur, d´humaniste, d´ange compassionnel. C´est dans ces angles (silence du crime et crime silencieux) qu´Oxfam se la coulait douce sans la moindre inquiétude. Silence du crime parce que, bien mise à nu, cette situation perdurait dans le pays sous les yeux complices des autorités haitiennes depuis plus de cinq ans. Crime silencieux car elle pratiquait ses orgies sexuelles sous le couvert de mission humanitaire sans se gêner. Heureusement, le mensonge aura beau parcourir mille ans mais la vérité le rattrape toujours en un seul jour. Et, si l´on comptait sur les autorités haitiennes, cette affaire resterait confinée dans le silence le plus complice de l´État comme c´était le cas pour la Minustah sur le dossier de choléra sur lequel on reviendra succintement.

Il est quand même désolant que les autorités haitiennes ou les institutions influentes de la société civile n´aient pas été les premières à dénoncer ces crimes silencieux d´Oxfam. Encore pir que le gouvernement haitien admette n´avoir reçu aucun rapport, aucune alerte, aucun signal sur les malversations de cette ONG. Or, la loi exige le MPCE d´avoir un regard sur le fonctionnement des ONGs en Haiti. Il lui est fait obligation de controler strictement par des inspections régulières les activités des ONGs nationales et internationale qui doivent, en retour, lui soumettre leur plan d´action, leurs activités, leur rapport financier en vue soit d´une prorrogation de leur permis de fonctionnement ou de son retrait. Cela reste dans la théorie, mais dans la pratique, en fait, les ONGs ne rendent guère des comptes au MPCE qui se montre souvent laxiste envers elles. D´ailleurs, issues le plus souvent de superpuissances, elles se croient elles-mêmes toutes-puissantes et prétendent n´avoir de compte à rendre à personne. Voilà pourquoi l´Oxfam se complaisait dans ce crime silencieux.

L´affaire Oxfam lève la voile des missions humanitaires déshumanisantes dans les pays pauvres

Oxfam est une organisation d´aide humanitaire fondée en 1942 en Engleterre après la Seconde Guerre mondiale. Ces premières actions humanitaires ont été d´abord l´envoi de rations alimentaires aux femmes et enfants affectés par cette guerre. Au fil du temps, elle étend son champ d´actions notamment dans le domaine d´aide au développement, de justice social et de lutte contre l´inégalité sociale et la pauvreté. Présente dans 94 pays et formant une confédération d´environ 20 organisations non gouvernementales, Oxfam est arrivée en Haiti sous la dictature duvaliérienne en 1978. Elle y gagne prestige, confiance et respect. 

Le tremblement de terre de 2010 lui a, peut-on dire, donné une plus grande visibilité sur la scène nationale dans la mesure où ses interventions dans la distribution des aides humanitaires aux victimes se faisaient beaucoup plus remarquer. Après, elle a choisi parallèlement de concentrer ses programmes sur la reconstruction et la croissance dans les milieux urbains tout en remplaçant les aides alimentaires par celles au développement. C´est dans ce contexte de détresse et de désolation du peuple haitien que s´éclate le scandale sexuel dans lequel Oxfam est épinglée. Les rapports accablant l´organisation soutiennent qu´elle aurait, en échange de ses aides humanitaires, contracté le service de jeunes prostituées pour pratiquer des orgies sexuelles. Ce faisant, l´ONG est accusée de pratique de prostitution et se fait passer pour la pire des sadiques et inhumaines organisations d´aides humanitaires que le pays n´ait jamais connues.

Sur ce, le dossier à scandale sexuel d´Oxfam offre désormais l´occasion de relancer le débat sur la vraie place des missions humanitaires pas seulement en Haiti, mais dans les pays pauvres. Par ailleurs, il remet en question le concept d´autorité de l´État en ce sens qu´on se demande s´il est applicable aux États pauvres, faibles, paresseux et fainéants comme le nôtre. Cette affaire qui, sans nul doute, n´est pas la première et ne sera non plus la dernière, prouve réellement qu´en Haiti rien n´est sous controle. L´espace est libre et les individus qui y circulent et s´y meuvent sont livrés à eux-mêmes.

Le scandale sexuel qui affecte Oxfam aujourd´hui doit être aussi non seulement une occasion d´allumer les projecteurs sur les autres ONGs, mais surtout il doit banir toute naiveté ou tout esprit de confiance aveugle chez les dirigeants haitiens dans des entités organisationnelles qui se cachent derrière les actions humanitaires, les aides alimentaires ou la bienfaisance pour régler en catimini leurs petites affaires. Et, de fait, depuis ce dossier, d´autres ONGs qui oeuvrent dans l´humanitaire telles que La Croix-Rouge, Médecins Sans Frontières, Save the children, International Rescue Committee sont elles aussi concernées par des scandales sexuels. On considère donc que le cas d´Oxfam est l´arbre qui cache la forêt ou encore la partie visible de l´iceberg.

Par ailleurs, si l´affaire Oxfam prouve une fois de plus la paresse de l´État haitien, elle soulève une autre discussion de fond celle d´une presse d´investigation presqu´absente en Haiti. Ou si elle existe, son champ d´action reste extrêmement limité. En effet, l´une des faiblesses du milieu médiatique haitien qui a fait des efforts et des avancées considérables est celle du journalisme d´investigation. La presse haitienne a encore beaucoup de difficulté à se doter de journalistes d´investigation indépendants et compétents. De ce fait, l´affaire Oxfam doit être pour elle plus que jamais une opportunité de se renforcer et d e se consacrer à mettre sur pied des cellules exclusivement dédiées à des enquêtes d´investigations et capables de les mener en toute indépendance, liberté et impartialité.  Toutefois, je me demande également comment se fait-il que des organisations de défense des droits humains comme le RNDDH ou le POHDH n´ont pas eu le flaire de ces actes abjectes afin d´en alerter la société? Où étaient-elles passées durant ces huit ans? Sur ce, mise à part l´État haitien, les entités faisant partie de la société civile ont une grande part de responsabilité dans cette affaire.

Un silence du crime qui s´est déjà affirmé dans le dossier du choléra

Cette affaire Oxfam nous laisse l´impression de la monstruosité des missions humanitaires à visage d´ange, elles sont aussi bouleversantes que les crises politiques, les désastres naturels et les phénomènes humains réunis. En effet, la mission humanitaire de l´ONU, la Minustah, arrivée en Haiti en 2004, en plus des viols, des grossesses non reconnues et des enfants sans pères qu´elle nous a légués comme héritage, a filé au peuple haitien une des plus sales maladies, le choléra, qui a frappé des milliers de personnes et en a tué des centaines. L´État haitien a tout fait pour passer sous silence ce crime. Au siège des Nations-unies, le représentant haitien n´a pu une seule fois prendre la défense du peuple haitien en pointant du droit la Minustah comme principale responsable de la propagation de cette maladie.

De plus, sur les tribunes des Nations-unies, les présidents qui se sont récemment succedé, de René Préval à Michel Martelly, n´ont jamais eu le courage de reconnaîtrre la culpabilité de la Minustah, ce, malgré les rapports d´experts scientifiques selon lesquels le choléra a bel et bien été produit par un contingent népalais de la Minustah. Ce cas en ayant bouleversé le début du XXIème siècle haitien demeure le prototype du silence du crime. Or, n´était-ce les actions infatigables d´un infime noyau des défenseurs de droits humains mené Me. Mario Joseph, jamais le conseil de l´ONU n´aurait une attitude plus ou moins honnête en acceptant d´accompagner les victimes même si elle n´a jamais reconnu explicitement la responsabilité de la Minustah ni présenté ses excuses au peuple haitien. Ainsi, l´ONU qui ne se lasse de faire la promotion de la morale, de l´éthique et du respect de la dignité des peuples a elle-même violé ses propres principes. Car, la morale humaine veut que l´on s´excuse d´une faute commise à autrui.

Pas d´excuses, pas de réparation pour les victimes du choléra, mais cela fait plus de dix ans que le peuple haitien traîne derrière lui les conséquences de cette sale maladie qui est loin de se déraciner.  Oxfam est pas dupe, elle se rejouissait des orgies sexuelles profitant de ce cas de figure. Et le pir, c´est que tout ceci s´est déroulé dans l´enceinte de la résidence privée du représentant de cette organisation. Quelle honte! En fait, ce scandale laisse présager qu´il peut y en avoir d´autres du même genre étant étouffés continuent sous silence. Toutefois, une chose est certaine, c´est que l´affaire Oxfam est plus que jamais intéressante dans la mesure où elle nous doit interpeler sur la conduite déloyale des ONGs en Haiti et sur leur vrai rôle dans la société haitienne. Loin delà l´idée de mettre toutes les organisations humanitaires dans ce seul et même panier de saleté humaine dont Oxfam représente aujourd´hui l´une des figures de proue. S´il est dit que la confiance n´exclut pas le contrôle, en Haiti la confiance remplace le contrôle à tel enseigne qu´on a tendance à fermer les yeux sur tout ce qui se passe. Car, à entendre le ministre de la planification et de la coopération externe, pendant huits ans l´état haitien n´a jamais rien su de ce que manigançait Oxfam sur le sol national.

À qui le blame en premier?

Si tout cela est arrivé, la première entité à blamer c´est l´État haitien lui-même qui, pour une inième fois, s´est très mal comporté, car, non seulement ce cas est l´un des plus fréquents en Haiti depuis, dirait-on, les années 80, mais encore son attitude paraît suspecte. En effet, on ne sait et on ne saura jamais le nombre de jeunes filles à Cité Soleil ou à La Saline enceintées par des prêtres catholiques sous couvert d´aides humanitaires. Combien de femmes ont été contraintes d´avoir des relations sexuelles avec eux dans le but de faire admettre leurs enfants dans leurs écoles? Cela arrivait même pour un petit sachet de lait sinistré. Quand elles refusaient d´avorter, certaines sont abandonnées à elles-mêmes et d´autres contraintes au silence jusqu´à être menacées de mort. Donc, cela fait des lustres que nos jeunes filles se prostituent pour de l´aide alimentaire. Des personnes dont on aurait jamais imaginé font partie de ce réseau criminel de prostitution de luxe qui semble être une entreprise bien organisée. L´affaire Oxfam - comme celle de Weinstein à Hollywood - constitue la goutte d´eau qui vient renverser le vase des actes de viols, de prostitution, de harcèlements et d´abus sexuels  de tout genre qui empoisonnent l´avenir de nos jeunes filles.

Or si l´État haitien qui a la prérogative de garantir la sécurité de ces citoyens et concitoyens, a pendant longtemps fermé les yeux sur les actes d´exploitation sexuelle, c´est qu´il se fait complice de leurs auteurs (qu´ils soient des personnes physiques ou morales) sans vergogne. En fait, les autorités haitiennes ont, comme nous, été informées du scandale suite à la publication du rapport de The Times, un journal britanique. Le gouvernement paraît n´avoir aucun regret. Car il ne s´est pas excusé au peuple haitien en général, aux familles des jeunes filles exploitées en particulier de n´avoir pas informé la société à temps. De plus, il a, comme d´habitude, fui ses responsabilités face aux citoyens qui réclament vainement de lui protection et sécurité. Et, s´il s´avère être incapable de leur garantir ce minimum, ce n´est pas une raison qu´il continue à les livrer si secrètement et silencieusement. Le crime silencieux qu´Oxfam commetait durant 8 ans et dont elle est coupable aujourd´hui est à l´origine du silence criminel et de la pratique du silence du crime de l´État haitien contre son propre peuple. En outre, même s´il est dégueulasse et avilissant qu´une ONG ait profité de la faiblesse d´un État pour le fragiliser plus encore et exploiter ses membres dans la plus dégoutante et insultante indignité, cette affaire doit continuer de révolter la conscience sociale.

Endormis par la tristesse, l´Oxfam fait des ravages...

Tandis que des quotidiens britaniques en Europe, The Times, The Guardians etc. se mobilisaient sur des enquêtes depuis 2011 pour savoir ce qui se passe au sein de cette ONG, tout le monde en Haiti dormait: l´État, la société civile, l´opposition, les partis politiques, l´église, même les plus bavards e l´occurence les organismes de défense des droits humains. Pendant l´Oxfam fait des ravages avec nos jeunes filles, on se chamaillait. C´est bien dommage que ce soit une presse étrangère qui vienne nous ouvrir les yeux sur ce qui se passe dans notre propre maison. C´est une preuve que les services de renseignement ne fonctionnent pas. Si l´affaire Oxfam fait mal sur le plan moral, elle est pourtant une grande occasion de revoir nos services secrets s´il en existent encore quelques-uns et de fouetter la conscience collective pour qu´elle sursaute de son sommeil. Car, en dormant sans avoir un dispositif de sécurité en branle, c´est se livrer volontairement et même gratuitement à l´autre qui n´a pas besoin d´être forcément un ennemi. C´est gravissime qu´un État laisse son boulot de contrôle à une entité privée voire étrangère.

En fait, endormis par la tristesse et l´amertume qui les assaillent, Oxfam en profite pour faire des ravages sur le plan sexuel. Car, alors que les gens n´ont même pas encore fini d´enterrer leurs morts, de sécher leurs pleurs, de panser leurs blessures, pendant qu´ils creuvaient de faim dans les abris provisoires où ils trouvaient à peine une maigre ration alimentaire pour apaiser une faim cronique, pendant tout ce temps l´Oxfam, l´une des plus prestigieuses ONGs au monde, on peut le dire, profitait de la vulnérabilité de ces jeunes pour les exploiter sexuellement, ce dans le silence le plus parfait, c´est-à-dire sous le couvert de mission d´aide humanitaire. Quelle cruauté! Quel sadisme! mais surtout quelle inhumanité pour une organisation qui se dit humanitaire! L´Oxfam est une mission internationale financée à plus de 60% par la couronne britanique qui vient proposer ses aides humanitaires en échange de ce qu´on appelle la barbecue de la chair fraîche, ce dans l´irrespect total et absolu de la dignité de ces jeunes filles, du peuple haitien et de ses propres bailleurs. Elle n´est autre que le symbole manifeste de l´exploitation de la misère des gens. On apporte que des membres de cette ONG et d´autres exigeaient de nos jouvencelles des rapports sexuels non protégés en échange, par exemple, d´une bouteille d´eau ou d´un kit alimentaire.  Telle est la mission déshumanitaire que nous apportent ces missions humanitaires qui ne sont pas si ''catholiquement'' humaines qu´on le pense.

Il est difficile de connaître ce qui a bien poussé cette ONG, vieille de 40 ans en Haiti, à commettre de tels actes, de savoir pourquoi s´est-elle profitée du tremblement de terre qui a frappé le pays le 12 janvier 2010. On aimerait, toutefois, être imbus du nombre de temps qu´a duré cette pratique avant que l´ONG ne se fasse rattraper. On ne saura combien de jeunes filles en ont victimes avant que l´abcès ne s´éclate. Selon certains experts du fonctionnement des organisations non gouvernementales, cela n´a rien d´étonnant, car si les viols, les harcèlements et les abus sexuels sont monnaie courante dans les organisations humanitaires, la non dénonciation en constitue la face et le pile. Elle provient le plus souvent du chef. Quand celui-ci est lui-même impliqué dans ces malversations, il les étouffe,. Ou, quand, bien qu´au courant, il choisit de se fermer les yeux là-dessus surtout dans le cas d´une personne de confiance. Ce qui veut dire que c´est un réseau qui agit en toute complicité les uns au profit des autres.

Considérations finales

En dépit de tout et malgré cela n´aurait jamais dû se produire, il faut saluer quand bien même le fait que des hauts responsables de l´Oxfam ont su, même tardivement, reconnaître leur entière responsabilité dans cette affaire et présenté des excuses au peuple haitien. En ce sens, Oxfam s´est montrée un peu plus morale et consciente que l´ONU. Nous espérons qu´elle étáit sincère dans ses remords et a tiré les leçons nécessaires de ses terribles fautes afin de corriger ses erreurs. En second lieu, il faut saluer la décision des autorités haitiennes qui, bien qu´en retard ou par audace, ont pris des mesures pour interdire provisoirement la poursuite des activités de l´Oxfam sur tout le territoire national pendant deux mois. Ce delai est trop court à mon avis vue la gravité des gaffes qu´elle a commises. De plus, connaîssant la déliquescence et le laxisme dont font toujours montrent les institutions haitiennes, il y a lieu de s´inquiéter de l´honneteté et de la serieusité d´une telle décision et de se demander si on n´est pas entrain de jouer au théâtre ou si réellement le MPCE dispose de moyens et de temps pour mener ses propres enquêtes qui lui permettront d´aboutir à une décision finale menant soit à l´expulsion définitive de cette organisation sur le sol d´Haiti ou à sa reconduite telle quelle ou avec des modifications et sous certaines conditions. Enfin, troisièmement, il faut saluer le courage du journal britanique qui fut le premier à alerter le monde sur ce scandale. Cela montre un certain niveau de conscience, de moralité et d´éthique de ces sociétés plus développées qu´Haiti. Ainsi serait-il improbe de réduire l´affaire Oxfam à une immoralité de la Grande Bretagne ou de l´Europe.

Somme toute, en nous ouvrant grandement les yeux sur la face cachée des organisations non gouvernementales sur le terrain, l´affaire Oxfam nous offre la possibilité non seulement d´ouvrir des enquêtes plus générales sur toutes les ONGs afin de déceler s´il n´y en a pas d´autres mêlées à ce même scandale, mais surtout de repenser la politique de permis de fonctionnement qui leur est délivré en établissant de nouvelles règles beaucoup plus strictes et bureaucratiques, ce en les surveillant de plus près et en passant minutieusement en revue leurs rapports. C´est le moment ou jamais de cesser toute plaisanterie et complicité avec les ONGs, car nous avons une jeunesse à rendre justice.

Jean FABIEN

Campinas, 28 février 2018