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samedi 29 août 2015

UN RÉVEIL COLLECTIF S´ANNONCE-T-IL DANS LA SOCIÉTÉ HAITIENNE?

     Si, bien avant ou à la veille de cette journée du 9 août 2015, le peuple était invité à agir tel qu´il l´a fait, cet appel ferait, certainement, l´objet d´une investigation et d´une accusation pour ce qu´on se plaît tout le temps et fort heureusement à appeler en Haiti :''Incitation à la révolte''. Telle est la qualification la plus simpliste. Peu importe les raisons qui ont poussé le peuple à afficher de tel comportement, l´ont motivé à bouder cette convocation, le fait est qu´il a esquivé un piège qui lui était tendu. Cette attitude ne saurait être innocente ou interprétée comme naive. Il s´agit, de notre humble point de vue, d´un reveil de la conscience collective, c´est-à-dire, la société étant constiutée de consciences individuelles s´ébranle. Il ne fait aucun doute que cette situation nous invite à comprendre qu´un reveil social s´annonce au sein de la société haitienne et que les masses populaires commencent à comprendre certaines choses. Cela suppose aussi qu´avec un minimum d´éducation, le peuple ne peut pas faire n´importe quoi; il n´agit pas n´importe comment et il ne choisit pas n´importe qui, dans le cadre des élections dignes de ce mot, pour le placer dans des organes décisionnels chargés de tracer son avenir. Il n´est pas besoin de revenir sur ce qui s´était passé en Haiti le dimanche 9 août 2015. Cela ne vaut pas la peine! Toutefois, il est important de partir du constat de cette journée pour essayer au moins d´interpréter cette attiude de refus du peuple de continuer à être les marrionnettes d´un appareil d´oppresion et de domination. Nous sommes entrain de constater que l´intelligence de la collectivité s´ouvre, que la mentalité collective commence à se libérer des scories d´hier. La question que se pose et à laquelle tentera de répondre cet article est celle de poser en quoi et comment l´attitude affichée par le peuple lors de la journée du 9 août 2015 est susceptible d´être comprise comme un réveil collectif entrain de se produire au sein de la société haitienne? 

     D´abord l´acte de voter suppose obligatoirement l´existence d´une élection, et le peuple peut aller voter si et seulement s´il y a une ou des éléctions. Or quand est-ce qu´il faut parler d´élection?

     Acte le plus hautemente souverain, l´élection constitue, d´un côté, le moment le plus solennellement tant attendu par un peuple pour placer, au moyen de son bulletin de vote, son mot dans les affaires de la cité, l´activité démocratique par excellence, en dépit de tout, financée exclusivement par lui, de l´autre. Donc, l´élection c´est l´espace manifeste où la souveraineté du peuple se renforce en s´exprimant, elle marque, pour ainsi dire, la capacité intelligente du peuple de choisir et traduit sa volonté la plus sublime de peuple d´élire librement, sans d´aucunes contrainte, influence et interférence d´un quelconque secteur, ses propres gouvernants. Or, comment peut-il y avoir ou peut-on parler honnêtement et rationnellement d´élection dans une Haiti occupée et dominée, dans une Haiti non souveraine, dans une Haiti qui a perdu toutes ses valeurs éthiques et morales, enfin, dans une Haiti dont l´indépendance n´est plus? Même du point de vue éthique et moral, ça ne tient pas. Car, dès l´instant où les appareils institutionnels d´un pays, en particulier, celui chargé d´organiser les élections à proprement parler, ne sont pas controlés par de vrais nationaux et républicains, il est complètement impossible de parler de dignité et de respect et, dans le cas du processus de choix des futurs dirigeants, d´employer le terme élection dans le vrai sens du mot et, pir encore, d´oser de faire un vilain procès d´intention à cette pauvre population en déclarant que c´est elle qui a voté ou choisi ceux qui gouverneront contre lui.

     Le peuple n´est pas, cependant, idiot pour choisir ses propres fossoyeurs. Il ne peut pas se foutre le doigt dans son propre oeil. En Haiti, il est clair de comprendre, et que cela soit connu de tous, qu´il n´y a pas de peuple qui élit, ce sont ceux qui ont le controle des appareils politique, financier et économique du pays qui décident. Élection, mot de plus en plus galvaudé en Haiti, n´est qu´une farce, un déguisement. De plus, il ne peut pas y avoir d´élection parce que, en fait, le peuple, quoiqu´il existe mais peu organisé et solidaire, ne vote pas, donc l´expression populaire ça n´existe pas dans notre Haiti chérie. Ce que l´on organise en Haiti sous le nom d´élection se fait contre le peuple avec la complicité des gens auxquels Haiti n´interesse guère et la livrent à une dépendance internationale. Vu cette dépendance économique et financière, et cette domination étrangère de nos institutions qui causent un problème de légitimité majeur aux bénéficiaires, il est impossible d´établir que c´est le peuple qui  élit réellement un tel ou un tel, que son bulletin de vote, qui, dans un vrai État de droit, est son seul et unique arme démocratique, a été effectivement respecté. Dans un pareil cas, les résultats seront par conséquent toute autre chose sauf l´expression de la volonté populaire. 

     En conséquence, il se pose, dans tous les compartiments socio-structurels d´Haiti, un problème d´éthique, de crédibilité et de confiance. En premier lieu, les dirigeants n´ont pas assez de courage de dire la vérité au peuple en regardant cette triste réalité en face. Ils préfèrent la lui cacher, la colorer momentanément, l´etouffer pour qu´elle ne s´éclate au lieu de la nommer et travailler à la faire disparaître, or rien ne peut l´en empêcher. L´éthique, étant l´une des grandes valeurs humaines au moyen de laquelle l´individu est capable d´agir, d´influencer et de changer son environnement, est une manière d´être et de se conduire rationnellement dans la société, voilà pourquoi l´éthique protestante, vu sa vision rationnelle du monde et des rapports sociaux et économiques, a été l´un des éléments clés dans le développement du capitalisme ocidental. Il est par conséquent irrationnel de penser que cet organe dominant étranger qui detient le monopole économique d´Haiti entre ses mains se laisserait prendre pour des cons une seule seconde. Il fera par contre tout pour que ce soit sa volonté qui s´impose. Il est également irrationnel, après avoir induit le peuple en erreur et l´avoir malhonnêtement et sciemment menti, de croire que ce même organe prendra au serieux vos décisions ou vos actes, vous, dirigeants aveugles.

     En second lieu, le peuple, étant vacciné de ces mensonges, commence à se réveiller. À travers cette réaction du 9 août 2015, il est important d´entrevoir une bonne leçon d´intelligence et de lucidité du peuple à tous ceux qui croient qu´il est bête: Il ne fait plus confiance à ce système - vu qu´il refuse d´y entrer - voire aux soi-disant gouvernants, puisque, en premier lieu, il boude leur appel - et devrait continuer à le faire -, en l´occurence celui du CEP  relatif à ce dimanche 9 août 2015. Car, en clair, appeler le peuple au vote n´est que pure démagogie, la démagogie électorale, qui n´est pas productive pour le peuple haitien et ne l´arrange pas. En troisième lieu, cela traduit sa fuite des discours idéologiques insipides et creux, des appels politiques et patriotiques homo-fantaisistes, et se met courageusement à la recherche d´une nouvelle alternative de révolution sociale. Il se détermine à s´éloigner de plus en plus de ces imposteurs de peur qu´ils n´influencent cette nouvelle phase plus ou moins décisive à laquelle il voudrait s´engager; mais un peu rétissant et méfiant à soi-même parce qu´il n´est pas encore sûr de cette nouvelle attitude. Mais, la formation de ces nouvelles consciences collectives qui surgissent mérite d´aller plus loin et se maintenir jusqu´à ce que ces institutions, qui n´inspirent pas confiance y compris ceux qui les composent, dont les actes souffrent de credibilité et de légitimité, soient effacés et d´autres qui seront l´oeuvre de ce nouveaux réveil collectif les remplacent. Donc, tout ceci signifie qu´Haiti n´existe pas encore.

     Il reste qu´en novembre 2015, il se passera quelque chose dans le pays et le peuple doit se montrer encore plus intelligent, lucide, mais surtout véhatif et prudent, car le boudement ne suffit pas, il faut d´autres actions plus concrêtes, pragmatiques et fortes. Heureusement, l´intelligence est quelque chose qui s´acquiert également par l´expérience, mis à part la connaissance. De ce fait, le peuple doit se servir de toutes ses gammes d´expérience qu´il a acquises au cours des ans pour lutter, au moyen des veillées continues, contre ceux-là: étrangers, faux nationaux et républicains, patriotes colorés et déguisés, haitiens-étrangers pour échapper à ce qui va se produire dans les prochains mois pour ne pas se faire complice de son propre malheur.  
     
     D´autre part, le moment doit venir pour qu´un choix définitif soit fait: soit que la société lutte et se batte durement et continuellement pour reconquérir sa souveraineté et sa liberté sur le plan social, national, culturel, politique et économique en attaquant le système vers le dehors et le haut; soit qu´elle accepte, cette fois de façon officielle, aux yeux du monde entier, qu´elle soit livrée aux étrangers, ainsi, nous saurons si nous allons vers un mieux être ou vers l´abîme. En d´autres termes, dans cette domination étrangère douce, camoufflée et tranquile, nous n´avons aucun destin, aucune issue. Même un peuple opprimé a quand bien même un destin, du moins celui de l´oppression et de la répression continues, voire un peuple libre, souverain et indépendant, son destin consiste à améliorer de plus en plus son système social, éducatif, culturel, politique, financier et économique afin que les individus puissent vivre dans la liberté, le respect de leurs droits, le prestige et l´honnêteté.

     En somme, le voeux pieux qui se peut être formulé est celui d´assister, de la part du peuple haitien, à une augmentation de cette compréhension de ce jeu qu´il commence à démarquer, à une  réponse, vis-à-vis des prochaines mascarades électorales qui se préparent, beaucoup plus sévère, forte, ferme, dure, prononcée et totale que celle du 9 août, à l´image du peuple révolutionnaire qui a fait le 18 novembre 1803. Le peuple commence à saisir le sens et le fondement de ce petit jeu mafieux électoraliste et démocratiste. De ce fait, sa réponse mérite d´englober et d´atteindre toutes les forces individuelles et collectives de la société pour dire d´une seule et même voix révoltante et révolutionnaire que de cette domination douce de ce genre, nous n´en voulons plus jamais. Nous en avons marre! Car, la souveraineté haitienne ne sera reconquise que dans la mesure où la société commence d´abord par se libérer de ces démagogies électorales qui n´apportent que misères, frustration, repression, arrogance, insultes, mépris, propos obscènes; par se débarasser des idéologismes et des démocratismes; enfin, par s´abstenir jusqu´au dernier soupir de ces gâchis qu´on dénomme malheureusement élections, car, il est faux que son destin s´y retrouve. Peut-être, est-il trop tôt de l´établir, mais en analysant cette réaction, il y a quand bien même derrière elle une intelligence collective.

Jean FABIEN
Doctorant en Sociologie (Unicamp)

CAMPINAS, 29/08/2015

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