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dimanche 18 décembre 2016

AU-DELÀ DES CHAMAILLERIES ÉLECTORALES: VERS UN PACTE ESSAYISTE DE PAIX?

Résumé

Les élections créent dans toute société des ennemis autant qu´elles en font des amis et des alliés. Cependant, si là elles sont les moyens de parvenir à une fin progressiste, ici, en Haiti, elles sont de plus en plus une preuve de notre médiocrité en la gestion des choses publiques et de notre nature de république banana ou encore de société paria. Entachées de violences, excluant la majorité populaire et créant plus de gagnants arrogants et mauvais perdants, ces élections – si l´on se permet de les appeler ainsi – engendrent plus de problèmes qu´elles en résolvent. En problématisant ces aspects, l´objectif de cet article est d´inviter à surpasser les chamailleries pré ou post-électorales pour plaider en faveur d´un pacte essayiste de paix.

Abstract

Elections create in every society enemies as much as they make friends and allies. However, if there they are the means to achieve a progressive end, here, in Haiti, they are increasingly a proof of our mediocrity in the management of public affairs and our nature as a banana republic or as a pariah society. Beaten by violence, excluding the popular majority and creating more arrogant winners and bad losers, these elections - if we may call them so - are more problematic than they solve. By problematizing these aspects, the objective of this paper is to invite to surpass the pre- or post-electoral bickering to plead in favor of an essayist pact of peace.


Introduction

Dans le cadre de cet article, je ne vais pas m´atteler à traiter de la corruption dans laquelle nage l´ambiance électorale, ni à mettre l´accent sur cette complexe problématique qui se rapporte à la résistance de certains candidats ainsi qu´à la coalition autour d´un d´entre eux constituée au lendemain du premier tour des présidentielles et législatives en 2015. Nos réflexions se pencheront de préférence sur les aspects suivants qui nous paraîssent les mieux favorables pour penser les élections en Haiti. Dans un premier temps, il s´agira de comprendre que les élections haitiennes sont un espace de violence qui tient toute une société en haleine et pourquoi, en segond lieu, le peuple haitien pour lequel ces soi-disantes élections sont organisées, en est souvent le grand absent.

Il va falloir montrer que les élections haitiennes, en abouttissant fréquemment à des dissensions sociales et en empirant les injustices et inégalités sociales, crée des mauvais perdants et des gagnants arrogants en même temps. Enfin, étant donné que cette infirme participation crée toujours un problème de légitimité pour les élus, il y a lieu de penser une formule pour y remédier, tel serait l´objectif d´un pacte essayiste de paix pour réconcilier la société avec elle-même, les gouvernants et politiciens avec eux-mêmes et chaque haitien avec lui-même. Ce pacte est de permettre aux autorités étatiques (président, sénateurs, députés, ministres, secrétaires d´état, maires, élus des sections communales fréquemment appelés asecs et casecs) de gouverner le pays en toute quiétude et de leur doter d´une certaine légitimité populaire post-électorale. Tel sera l´objet de la troisième partie de l´article. 

L´objectif donc de cet article est de montrer que, bien au-delà des chamalleries pré et post-électorales, ce qu´on appelle indécemment ''élections'' en Haiti sont de véritables activités à problème et qu´il y a urgence d´essayer un pacte sociétal de paix et de progrès. Des pactes il y en a toujours eu dans cette société, mais contre elle, des pactes pour détruire et se débarrasser d´un désirable, non pas pour construir une société juste.

1. Des ''élections'' violentes qui tiennent toute une société en otage

En Haiti, ce que les gens appelent improprement et incorrectement ''élections'', je me refuse à le désigner en tant que telles tant que les réalités sociales et diplomatiques ne me convaicent pas de la récupération de la souveraineté psychologico-intellectuelle, financière, politique et économique de mon pays. Néanmoins, je n´utilise ce mot - entre mille guillemets bien entendu et surtout dans le cas d´Haiti - qu´en vue de la facilité compréhensive de ceux et celles à qui il intéresse. Car, dans ce pays démeuré au bord du gouffre, ravagé par la misère noire, tortué par la pauvreté, exposé à de graves explosions sociales et à toute sorte de violences collectives, les élections sont un véritable champ de bataille où s´entretuent, s´entredéchirent et s´entredétruisent, verbalement et langagièrement, candidats, électeurs, non électeurs, fanatiques, partisans, sympartisans.

Ces élections - mis à part les multiples gaffes à répétition - dévoilent une fois de plus notre niveau de médiocrité dans la gestion des choses publiques: les mêmes erreurs techniques et logistiques ne cessent de se reproduire. Elles représentent, en outre, non seulement un lieu de pression et de tension, mais aussi un espace pour se vedetter même si on y est pour ne rien faire. Avant, à la veille,  le jour-J comme après, les élections sèment la pagaille, retiennent le souffle de tous les haitiens - qu´ils vont voter ou non -, prennent tout un pays, tout un peuple, toute une population, toute une société en otage, paralysent les activités économiques et ralentissent drastiquement les mobilités sociales. Dans un tel atmosphère de peur et de crainte, il ne reste qu´à se remettre aux bonnes grâces divines pour le supplier d´épargner la vie et les biens des pauvres gens, car, dans cette société mosaïco-religieuse, seul le Bon Dieu Bon épargne, protège et sauve. Fort heureusement, nos dieux y sont si bien intégrés, déifiés, nationalisés, patriotisés et socialisés.

C´est comme dans un film d´horreur où tout le monde est sous suspense, sous le choc et se dresse sur un seul talon pour voir ce qui va se passer ou encore ce qui peut bien arriver. C´est la peur, la terreur, la méfiance et l´angoisse totale qui envahissent les esprits. Au cours des élections, Port-au-Prince devient - dirait-on - une ville hantée par les mauvais esprits, d´où proviennent des bruits bizarres, l´on dirait des vampires qui sifflent, des sorciers qui rôdent autour des édifices. Tout le monde est sous tension, sur le qui-vive: le doigt sur la gachette. Les élections au lieu d´être une expression de liberté, un moment de libération et de réjouissance, se transforment en un déboire, un fardeau, une calamité, en fait, une sorte de mal nécessaire pour le peuple haitien.

Alors, l´on peut se demander: est-ce une des séquelles laissée par la dictature des Duvaliers durant laquelle les élections étaient absoluement bannies? Est-ce à cause de la culture de la violence héritée et profondément ancrée dans notre manière de vivre les uns avec les autres? Seule une étude psychologique et sociologique pourrait aider à répondre à de telles questions. Toutefois, l´histoire des élections haitiennes ne nous laisse que des ouvenirs de scènes de violence, dirait-on même des violences insipides et inutiles qui deviennent une caractéristique particulière de celles-ci. Certains diraient qu´il y en a eu peu entre 2015 et 2016. Sous l´angle des violences physiques et visibles, peut-être auraient-ils raison, par contre, sous un autre le doute règne.

En effet, en périodes électorales, tout ce qui est violences verbales, psychologiques, symboliques, langagières - lesquelles sont imperceptibles, insaisissables et invisibles - frappe à longueur de journée et au quotidien les haitiens à des niveaux différents dans les milieux médiatiques, dans les marchés, sur les places publiques, dans les espaces politico-religieux, dans les lieux public et privé, au sein des regroupements socioculturels. Ces endroits communément réservés tant à des rencontres, fréquentations et croisements des individus entre eux qu´aux campagnes électorales des candidats sont amplifiés de violence et laissent entrevoir que le quotidien de tous les haitiens est fortement marqué par une violence de nature variée et variable.

Dans les médias comme dans les campagnes, candidats, supporters de candidats, partisans, sympatisans et autres s´affrontent et s´engagent dans des tirailleries et des rivalités sanglantes par l´usage d´un langage violent allant même jusqu´à appeler les plus vulnérables à des actes vandalistes. Les médias sont en particulier cet espace prédilectif où se pratique cette violence langangière difficilement controlable et domptable. Elle est exercée par des intellectuallistes sur le peuple qui la subit silencieusement, naïvement et impuisamment à chaque heure d´antenne des interventions radiodiffusées et télévisées sans compter les messages, les textos, les chansons, les images, les symboles - parlant d´eux-mêmes - qui circulent à la vitesse de la lumière sur l´internet et les réseaux sociaux imposant ainsi à beaucoup une sorte de consommation électronique inconsommable.

Entre 2015 et 2016, ces élections qui nous prennent en otage, ont accusé des exceptionalités qui, ne serait-ce que succintement, méritent que nous y prêtons un regard particulier.  La première c´est qu´un des candidats, arrivé en seconde position, a tenu tête raide avec l´appareil électoral au point que celui-ci a été contraint de reprendre à zéro les élections présidentielles et léglislatives. Par ailleurs, sans pourtant avoir eu aucun scrupule, il a conservé les municipales jusqu´à en publier les résultats validant ainsi l´entrée en fonction des maires dans les différentes communes d´Haiti. À vrai dire, ce candidat qui s´est montré inflexible n´était pas le seul dans sa démarche d´insoumission aux résultats du CEP en 2015: plusieurs autres ont également crié au scandale contre ces élections dont ils réclamaient l´annulation pure et simple. Une annulation qu´ils ont fini par obtenir après des manifestations et des scènes de violence qui ont emputé tout un pays.

La deuxième particularité se rapporte, parallèlement aux oppositions, insoumissions, inflexibilités et résistances des candidats et partis politiques accompagnées bien sûr de violences collectives, à l´assouplissement et au revirement du conseil électoral. Cette décision a abouti à la création d´une coalition de partis politiques et d´anciens candidats à la présidence autour de ce candidat contestataire, devenu politiquement et stratégiquement célèbre et influent, donc, une sorte de symbole de résistance à la corruption électoraliste et à l´électorat corruptible. En troisième lieu, il convient de souligner que cette coalition a eu pour effet, tout récemment, un score nettement inférieur à celui que ce candidat récalcitrant avait obtenu auparavant.

Alors là, il y a lieu de préciser que, comparées aux élections présidentielles et législatives en 2015, celles tenues le 20 novembre 2016 nous ont apporté quelque chose d´incompréhensible, qu´il faudra chercher à analyser et à comprendre ultérieurement. Car, comment une coalition politico-associative circonstancielle campée par plusieurs partis politiques - anciens candidats à la présidence et autres - pour soutenir ce candidat héros n´a pas pu permettre à ce dernier d´obtenir plus de votes qu´il n´en avait eus avant? Bien au contraire, les seconds résultats étaient pirs que les premiers.

En tout cas, ce qu´il reste à retenir ici, c´est que du début jusqu´à la fin, les élections haitiennes se déroulent dans une ambiance de violence pas croyable, elles ne sont pas seulement violentes parce qu´elles n´arrêtent pas de multiplier les victimes: directes, indirectes et colatérales pré et post-électorales, mais elles sont surtout violentes parce qu´elles nous créent des monstres politiques. Or, le peuple, dit-on, pour lequel elles sont conçues et organisées les boude sans cesse.

2. Le peuple: le grand absent des élections

J´avais déjà montré à maintes occasions comment le concept d´élection - très vilipendé, déformé et tordu en Haiti - est tellement si précieux et noble qu´il ne sied pas au système politique haitien tel qu´il est constitué, il faudrait donc trouver une autre expression pour désigner cette infâme activité dans laquelle une très infirme partie du peuple accepte de jouer la marrionnette. J´ai soutenu aussi, de façon claire, qu´il y a peuple et peuple, que chaque manipulateur d´idées et de personnes, chaque penseur se promène avec sa catégorie de peuple dans sa poche, que le peuple haïtien, dirait-on la grande majorité populaire haitienne, ne vote pas en réalité. Car comment un peuple à 80% analphabète peut-il voter si le vote requiert un minimum de savoir lire et écrire? 

Savoir lire pour connaître le nom de son candidat préféré afin de mieux le répérer sur la liste presqu´illisible de bulletins de vote. Savoir écrire pour mieux le choisir en le crochant sur cette liste et en signant la liste électorale y relative sans risque de se tromper. Un peuple analphabète ne vote pas, mais on vote pour lui, avec lui et sans lui, contre son gré et ceci dans tous les sens. C´est une question qui n´intéresse personne, à savoir, le savoir lire et écrire du peuple, parce que ceux-là qui le manipulent, le controlent et orientent ses pensées, savent ce qu´ils veulent qu´il fasse, comment et dans quel sens ils le contraignent à agir. Si l`analphabétisme est une honte et un échec pour la démocratie moderne, il est par contre une aubaine pour les politistes imposteurs et manipulateurs n´ayant rien dans la tête, comme dit le dicton: ''dans le royaume des aveugles, les borgnes sont rois''. Par ailleurs, si la démocratie et les droits de l´homme sont indissociables, or, les droits de savoir lire et écrire en sont un, alors ce pays est submergé par les paradoxes.

La classe politique traditionnelle, les institutions étatiques - l´exécutif, le législatif et le judiciaire -, les institutions religieuses, commerciales, culturelles, ministérielles, associatives et électorales n´arrivent pas à maîtriser l´attitude et le comportement de cette grande majorité du peuple, qui se fiche éperdumente des élections. Elles ne cherchent pas non plus à l´analyser, à le problématiser pour essayer d´y apporter une explication rationnelle. Or, cela fait plus de trente ans qu´elle boude leurs infatigables appels d´aller voter. L´expression: ''convoquer le peuple en ses commices'' a perdu tout son sens, toute sa valeur, toute son ampleur et toute sa vivacité. 

Tandis qu´elles ne se sont jamais demandées pourquoi, cette attitude s´amplifie et, au lieu d´être l´exception, elle s´impose même comme la règle qui creuse le fossé entre gouvernants et gouvernés. En écartant ceux-là des vraies difficultés psychologiques, culturelles, environnementales, sociales, politiques et économiques que traverse le pays, elle crée entre les deux camps un dialogue de sourds. Chacun parle sa propre langue à lui. Peu importe de se faire comprendre par l´autre camp. L´organisation électorale et la structure de la société haitienne telles qu´elles sont, elles-mêmes, constituées favorisent cette incompréhensibilité entre le peuple et l´État, car dès l´origine celui-ci est une institution fondée contre la société. Voilà pourquoi il y a entre eux une méfiance reciproque.

Est-ce par naïveté, par manque de connaissance et de savoir-faire ou encore sciemment que l´institution électorale choisit de faire fi de l´absence de cette grande majorité électorale qui ne se rend jamais aux urnes? Loin de le savoir! Néanmoins, il y a lieu de comprendre qu´aucun peuple n´est dupe sur cette terre. C´est une erreur gravissime de prendre un peuple pour des canards sauvages. En effet, à l´intelligence culturelle et intellectuelle qu´il ne dispose pas se substitue l´intelligence naturelle dont est dotée tout être humain. Par cette intelligence, la distinction entre le bien et le mal, le bon et le mauvais, le vrai et le faux, la nuit et le jour, la lumière et les ténèbres, est chose facile et n´exige aucun effort académique. La méfiance et/ou la confiance qui s´en suivent disent long sur la capacité philosophique et le bon sens du peuple. 

Voilà pourquoi, il y a des gens dans cette société qui n´emballeront continuellement que des échecs à chaque élection, car cette grande partie du peuple - qu´ils méprisent et humilient d´ailleurs - ne se reconnaît pas en eux, elle leur colle par conséquent une sanction élective quasipermanente pour ne pas dire sempiternelle. Les refus de celle-ci de prendre part à ces élections ne peuvent être chose naïve et, si l´on remonte un peu plus en arrière dans notre histoire contemporaine, nous pouvons constater qu´ils ne datent pas aujourd´hui. Il est vrai que la répétition, en facilitant la compréhension, est l´ami fidèle de la mémoire, mais une répétition sans réaction et manifestation de la part de l´autre est un synonyme de censure.

En effet, en janvier 1987, une majorité écrasante a cupé les élections qui ont porté Leslie Manigat à la présidence par crainte de se faire massacrer. Le doute persiste jusqu´à nos jours sur le véritable score que ce dernier avait obtenu. Or, logiquement, à la sortie d´une dictature féroce de 30 ans pour une rentrée émotionnellement triomphale dans une ère démocratique, il fallait s´attendre à une participation surprenante et époustouflante du peuple haitien à ces élections qui auraient dû, pour la première fois, émouvoir et étonner le monde entier. Ce qui s´est produit fut honteux, décevant et même frustrant. Jean-Claude Duvalier est parti, mais le système répressif, terrifiant, impitoyable et torpillant, dont son père et lui étaient les principaux artisans est resté presque intact: c´étaient ces mêmes militaires qui, ayant servi le régime pendant des années et actuellement enfermés dans une espèce de CNG (Conseil National de Gouvernement), menaient le jeu politique. 

Or, depuis le règne dictatorial des Duvaliers, toutes les habitudes d´électeurs (trices) du peuple s´étaient envolées et il en garde de très mauvais souvenirs brutaux, sanguinaires et effrayants des militaires et des milices, les tontons macoutes, ceux-ci ne sont pas du tout cléments et souriants. Prendre part à des élections organisées par des principaux chefs de cette armée impitoyable, ce serait, pour lui, se jeter volontairement dans la gueule du loup. Il était donc méfiant et prudent. 

L´histoire finira par lui donner raison par la continuation des coups d´état, des insécurités, des restrictions de libertés, des massacres orchestrés le jour même de la tenue des élections, enfin, des corruptions, des impunités à n´en plus finir. Il a vite donc compris que les résultats des soulèvements populaires de 1986 ont nettement ressemblé à une sorte de ''ôte-toi delà que je m´y mette'', plutôt qu´à l´éradication d´un régime dictatorial et déshumanisant. C´est-à-dire Jean-Claude était le principal personnage gênant dont il fallait se débarrasser, mais non pas le système d´obscurité que son père, lui et ses complices ont pu enterrer en Haiti.

Même dans les élections du 16 décembre 1990, qui ont été les plus attendues en Haiti et ont consacré une victoire incontestable - non pas incontestée - à Jean-Bertrand Aristide sur son rival Marc Bazin, la majorité qui a élu ce dernier y compris les députés et les sénateurs demeurait jusque là relative, et cela se continue regressivement jusqu´à aujourd´hui. Or, une légitimité populaire s´obtient par une majorité absolue qui, elle-même, est issue de la grande majorité populaire électorale, en dehors de laquelle c´est l´illégitimité totale qui prévaut. Cela veut-il dire que depuis la sortie théorique et fictive d´Haiti de la dictature duvaliérienne, les pouvoirs qui se sont succedé ont tous baigné dans cette illégitimité? Au cours des 25 dernières années, les statistiques électorales ont prouvé que la population électorale, c´est-à-dire celle en âge de voter, qui est totalement distincte de la population totale, se déplace de moins en moins pour aller voter.

La population électorale en 2016 est estimée à 6 millions de personnes sur une population d´environ 11 millions d´habitants. Parmi cette population électorale, même pas 1/4 ne s´est rendu aux urnes lors des premières élections, en octobre 2015, annulées aussitôt après avoir été tenues. Le même scénario s´est reproduit le 20 novembre dernier considérant que le CEP a fait état d´un taux de participation d´environ 20% de la population électorale, c´est-à-dire quelques 500 000 individus sur 6 millions ont pris le risque d´aller voter. Il y a ici assez d´arguments pour comprendre que la population électorale - pour ne pas dire la population haitienne en général - rejette catégoriquement non seulement le processus électoral, mais surtout sanctionne ces classes politiques traditionnalistes. Il peut bien y avoir une certaine explication rationnelle à une telle attitude qui est loin d´être naïve et idiotte. 

En effet, il est impossible de s´enfermer dans une sorte d´unilateralité causale pour comprendre cette absence très remarquée du peuple dans les élections. Les raisons qui poussent les 80% de la population haitienne, depuis 1987, à bouder les élections sont multiples, complexes et interdépendantes. Certaines causes vont au-delà même des aspects liés aux structures historiques des CEPs (passés et présents) et du mode de fonctionnement et d´organisation des partis politiques. Nous considérons que beaucoup d´entre elles partent du fait pour la majorité populaire de se méfier de la machine électorale en soi, dont, depuis 1987, elle garde un triste souvenir qui bouleverse son passé historique: les massacres à la ruelle Vaillant en setembre 1989 en sont un exemple probant. De plus, il s´avère que le peuple fait de moins en moins confiance tant aux acteurs politiques, qu´ils soient organisateurs, motivateurs, stimulateurs ou encore spectateurs, qu´aux institutions qui s´impliquent dans le processus.

Le peuple se sent lassé d´une culture politique électoraliste qui ne sert d´une part qu´à grossir des riches-pauvres dans une société insalubre, microbienne, zoologiste, miséreuse et crasseuse, d´autre part à enfoncer les masses populaires - ces jeunes désemparés - dans la misère et la pauvreté les plus abjectes et honteuses du monde. En outre, les nombreuses difficultés rencontrées avant d´accéder aux centres de vote; les humiliations, rejets, chantages, marchandages, mépris qu´il endure journalièrement à cause de son anaphalbétisme et illétrisme justifient ce rejet. En passant, il faut bien sûr souligner que le taux croissant de la médiocrité, le manque de professionnalisme, les erreurs techniques continues, bien que corrigibles, participent également de cette distanciation prise par la majorité populaire de ce qu´on appelle indignement ''élections''.

Il n´y a pas seulement ces aspects historiques, sociologiques, politiques et structurels à prendre en compte, il est également important de considérer que les taux infirmes de la participation populaire aux élections traduisent une sanction populaire et un désintéressement total de cette dernière à cette sorte de démocratie pratiquée en Haiti. La grande majorité, dont on dit majorité silencieuse, s´omet à se faire passer pour des marrionnettes dans le jeu malsain des politiciens traditionnalistes, pouvoiristes et démon-cratistes. Il est clair que cette grande majorité qui ne se rend jamais aux urnes est convaicue que ces élections n´ont réellement rien à voir avec l´avancement du pays. Elles ne sont qu´une farce. Ceci renforce donc la nécessité d´avoir une révolution sociale en Haiti pour redéfinir l´ordre des choses, car beaucoup d´Haitiens en ont marre de ces élections qui leur coûtent trop chères tant en termes d´énergie physique, mentale et psychologique qu´en termes de dépenses économiques et de perte en vies humaines. Les élections épuisent la société haitienne dans tous les sens. 

Or, nous avons râté plusieurs grandes occasions, plusieurs moments historiques extraordinaires, qui se présentent très rarement une seconde fois, pour qu´il y ait vraiment des élections et un changement radical. La plus récente opportunité remonte à février 2016 où il fallait convoquer les états généraux de la nation pour redéfinir un nouvel ordre de gouvernance en Haiti et repenser les classes politiques. Au lieu de cela, nous avons gaspillé le temps, comme toujours, à nous chamailler pour des intérêts personnels, à créer inutilement - pour ne pas dire gratuitement - des rivaux politiques récalcitrants. À cause de ces élections, qui nous accouchent comme produit social les gagnants arrogants et mauvais perdants; nous coûtent plus chères que les solutions qu´elles apportent, Haiti est l´un de ces rares pays au monde qui fait un usage abusif de son temps social sans comprendre que chaque temps est une page d´histoire tournée, mais c´est aussi une nouvelle occasion historique à saisir. 

3. Mauvais perdants et gagnants arrogants: un produit social des élections

La question de mauvais perdants et gagnants arrogants est tout d´abord un problème d´ordre social, comportemental, moral et éthique. Il faut entendre par gagnant arrogant, dans le cadre des élections dans la société haitienne, celui qui, en utilisant un langage sportif, n´est pas fair play. Autrement dit, quelqu´un qui, bien qu´il ne soit issu d´aucune légitimité populaire absolue lors de son élection, s´est, malgré tout, hissé au sommet des fonctions de l´État, mais se comporte comme un brutal. Cette élection lui a donc rendu arrogant, irrespectueux et le porte même à se prendre pour un superman au sens complet et absolu du terme, ce, sans aucun respect à l´égard de cette grande majorité populaire. Par ses extravagances, il va dès fois jusqu´à frustrer même ses propres entourages: défenseurs, partisans ou supporters qui ont tous les maux du monde à défendre sa politique. Ainsi, les élections haïtiennes créent dans un pareil cas de vrais-faux élus qui, en réalité, ne sont que des gagnants arrogants.

Par ailleurs, un mauvais perdant est celui qui, sachant, pertinemment et intentionnellement, qu´il va perdre, qu´il n´a absoluement aucune chance de gagner - et qui a de fait perdu - se lance quand bien même dans la course électorale tout simplement dans l´intention de nuire, de sémer la panique et de créer le chaos. C´est aussi celui qui n´accepte sous aucun pretexte de perdre malgré les preuves evidentes de sa défaite. Ce sont les élections haitiennes qui créent, façonnent et multiplient ces deux catégories sociales. Tandis qu´elles en sont le produit et s´opposent entre elles, elles ont en commun un point de rencontre: les actions des deux tendent vers le dysfonctionnement sociétal.

En effet, les mauvais perdants en ne reconnaîssant jamais leur défaite sont toujours prêts à tout pour paralyser, à faire échouer ceux ou celles dont ils contestent la victoire et à susciter des doutes et la panique dans le système social. D´autre part, les gagnants par leur arrogance créent des adversaires et des ennemis. Eux, comme les mauvais perdants, - chacun en ce qui le concerne - forment un faisceau social de fautteurs de troubles et de petits emmerdeurs. Ils bouleversent l´harmonie sociale et la paix sociétale. Si le refus catégorique des mauvais perdants d´admettre leur défaite a un coût social élevé qui tend généralement vers des soulèvements et manifestations populaires infinis, l´arrogance parfois illimitée et démésurée des gagnants l´est également.

Nous pouvons soutenir, sans risque de nous tromper, que l´une des causes de l´échec d´Aristide en Haiti est due à cette arrogance de gagnant à ce ton hautain qu´il avait tenu tant en 1990 qu´en 2001, laquelle arrogance n´avait fait qu´enflammer la colère et l´intolérance des perdants de l´époque qui ont déjà très souvent été dans une posture belliqueuse et réfractaire, elle a engendré d´autre part d´autres adversaires. Depuis son arrivée au pouvoir en 1991, les violences verbales et langangières des campagnes se sont poursuivies, ce en s´attaquant à l´ancien régime duvaliériste, à ses rivaux et au système politique tel qu´il était institué. C´était la formule de la chasse aux tontons macoutes, aux duvaliéristes qui prévalait. 

Ces derniers, au lieu d´être traduits en justice, étaient obligés de réplier sur eux-mêmes, de rentrer dans leurs coquilles, certains ont même eu le temps de s´enfuir et de s´exiler du pays. ''Makout pa ladann''; ''pa neglije ba yo pè lebrin'', telles étaient quelques-unes des paroles incendiaires, violentes et arrogantes qui venaient de celui qui était sensé incarner l´espoir, la paix dans l´esprit des Haïtiens (nes) par son charisme politique. Par un discours de la haine et de la vengeance, il a donc enfoncé le clou de la division qui régnait déjà dans notre société en créant deux camps radicalement antagoniques: les macoutes contre les lavalassiens; les riches contre les pauvres; les bourgeiois contre les malheureux et vice versa. Une opposition monstre s´est vite constituée après les élections de 2000 où son parti politique s´est pratiquement accaparé de la quasitotalité des postes législatifs et municipaux avec la complicité d´un conseil électoral corrompu utilisé comme cobaye.

Michel Martelly n´a pas su faire mieux que ses prédécesseurs. En effet, parvenu au sommet de l´État dans les conditions des élections de 2010 que l´on sait, il s´est mis à injurier et à insulter tout le monde: perdants, électeurs, politiciens, partis politiques traditionnels, alliés, paisibles citoyens (nes) en les traitant de toute sorte de mots. Et, si l´arrogance d´Aristide lui a coûté deux exils subséquents, une mort politique systématique, celle de Martelly lui a, malencontreusement, valu un quinquénat, pourrait-on dire, pourri, gaspillé, paralysé et dérisoire parce que, à cause de son manque d´humilité et de sagesse, il a lui-même créé des opposants monstrueux autour de lui avec lesquels il a passé tout son temps à se chamailler, à se quereller et à se battre pendant que les problèmes essentiels de la société restent irresolus. 

Cette opposition qu´il a lui-même créée ne lui a pas lâché d´une semelle. En agissant de cette manière, peut-être nous a-t-elle épargné le pir règne corruptible qui guettait le pays. De fait, le plus souvent, ce sont les gagnants arrogants qui créent leurs propres ennemis et leurs propres opposants sachant que ces derniers se nourrissent des mauvaises actions de l´équipe en place. Même dans la vie courante, dans les affrontements banals, dans les confrontations élémentaires un perdant traité en faible, humilié, insulté, injurié et rabaissé est susceptible de devenir un criminel en puissance qui cherchera coûte que coûte à se venger. Par contre, un perdant traité avec dignité, respect et honnêteté par un gagnant humble et réconciliant, même s´il ne devient pas nécessairement un puissant allié pour ce dernier, il aura quand bien même du mal à susciter des querelles. L´opposition dont M. Martelly était lui-même créateur a été contreproductive et opportuniste.

Il n´est pas facile à un perdant d´accepter sa défaite, et, quand il le fait, il faut reconnaître en lui un esprit de grandeur d´âme, un dépassement de soi, qualités rares chez les hommes politiques de nos jours. De plus, ce n´est pas du tout courant dans la culture politique haïtienne d´agir de la sorte. Voilà pourquoi, il faut saluer, en dépit de tout, la brave décision, le courage et le dépassament de soi dont certains candidats à la présidence ayant reconnu leur défaite ont fait montre. En espérant qu´ils ont agi avec sincérité de coeur, c´est un exemple à suivre. Il reste néanmoins à savoir si après la proclamation finale des résultats – prévue pour le 29 décembre 2016 – eux et peut-être tant d´autres auront-ils le courage et l´élégance d´appeler le gagnant pour lui présenter des félicitations et lui souhaiter un quinquénat réussi au profit du peuple haitien. 

Même si ce n´est pas obligatoire, pis est, cette pratique ne s´ancre point à notre culture politique, il est temps d´injecter une dose de civilité et d´élégance dans notre manière de faire de la politique en Haïti. Sur ce, il revient aux perdants récalcitrants et rebelles de faire preuve de courage en acceptant leur défaite et en reconnaissant la victoire des autres concurrents pendant que l´humilité, l´appel à l´union, à l´unité et à la reconciliation, à la sagesse et à la cohésion sont à la charge du gagnant qui a pour devoir de mettre toute arrogance, tout égocentrisme, tout égoïsme de côté pour gouverner avec tout le monde surtout quand il ne bénéficie pas d´une légitimité populaire absolue.

Si des gagnants sans humilité, sagesse, dextérité et scrupule se mettent à insulter, à ridiculiser, à rabaisser les perdants ainsi que les partisans et sympartisans de ces derniers, ils se créent alors là de grands ennuis, de véritables ennemis et opposants parfois de manière inutile. Or, il faut souligner que, qu´ils soient gangants ''arrogants'' ou perdants ''récalcitrants'', les deux ont des difficultés à surmonter leur égo, leur moi, à se surpasser pour se mettre à la hauteur de la fonction à laquelle ils sont appelés. Ils ne résistent pas à la pression sociale que leur imposent ces élections en leur offrant un nouveau canevas incitant les uns à devenir plus arrogants, les autres plus révoltants qu´ils ne l´étaient dans le passé. 

Si les uns ont du mal à accepter leur défaite, d´autres jouissent avec excès d´une victoire-problème. Qu´ils soient gagnants arrogants ou mauvais perdants, ils sont tous deux issus d´un processus électoral qui, au lieu d´être une solution aux problèmes, en engendre davantage. Ainsi, il ne faut pas se mettre à blâmer uniquement ces deux personnages de la fiction électorale. Le système politico-électoral et le système social, tels qu´ils sont établis favorisent, en quelque sorte, la création de gagnants arrogants que nous pouvons considérer comme de véritables machines à tuer et de mauvais perdants qui sont eux-mêmes des monstres avec lesquels il est, malheureusement, impératif de vivre. Il est donc important de voir en eux le produit social de ce processus électoral jugé en amont truqué et décomposé. Ils sont une charge sociale que la société ne saurait supporter.

Dans cette situation, il faut être un dur à cuir pour oser penser ou rêver d´un espoir en Haïti. Cet espoir j´ose, pour une inième fois, le penser encore. D´où le fondement d´un appel à la signature d´un pacte essayiste de paix pour ne pas dire de naïveté - ne serait-ce que par un minimum de dépassement de soi et surpassement des haines sociales - qui consisterait à accorder à la nouvelle équipe dirigeante le soin d´asseoir un gouvernement pragmatique et dynamique qui commencerait par s´attaquer à quelques-uns de nos problèmes cruciaux afin d´y entrevoir une étincelle de changement qui s´annoncerait, car l´espoir manque vraiment au milieu de ce peuple. Si tout lui a été dépouillé, dérobé et enlevé, au moins il a le droit de croire en un espoir.

4. Vers la signature d´un pacte essayiste de paix

Nous avons besoin de la paix et de la tranquilité pour que quelque chose commence à marcher dans ce pays. En effet, un pacte essayiste sous-entend deux choses. D´un côté, une recherche de légitimité populaire post-électorale permettant aux dirigeants élus de mieux gouverner, de l´autre un accord sociétal conventionnel d´au moins 300 jours impliquant les secteurs les plus influents afin de pouvoir observer la direction que la nouvelle équipe administrative prétend doter le pays. Tout ceci en passant par un pacte de confiance doit se réaliser dans l´intérêt de la société. Les 300 jours sont en fait un espace de temps charnière, généralement raisonable et admissible pour, dans le cadre d´un contrat, non seulement accorder un minimum de temps à une nouvelle équipe afin que celle-ci puisse effectuer sa tâche, mais aussi évaluer ses actions et savoir où elle nous emmène. Comment parvenir à ce pacte d´essai qui, que l´on veuille ou pas, serait, d´une manière ou d´une autre, empreint d´un esprit naïf? Comment est-ce possible d´obtenir une légitimité post-électorale?

En fait, c´est ce pacte qui facilitera cet accord de 300 jours, néanmoins, il va au-delà de cet espace de temps. C´est d´abord un pacte de la société avec elle-même en composition avec tous ces secteurs de véhiculation d´opinions et de production d´idées, à savoir, la presse, la religion, la classe intellectuelle, les partis politiques, en somme, une véritable arme d´ouverture sur un nouveau quinquénat. Un débat à cet effet devrait donc d´ores et déjà être entamé au sein de la société. Certains parmi les candidats ayant reconnu leur défaite en avaient déjà appelé à un pacte de gouvernabilité. C´est bien! Toutefois, je pense que celui-ci devrait passer d´abord par ce pacte essayiste à partir duquel la société chercherait à se convaincre de l´intention et du plan d´action de l´équipe avec laquelle elle a affaire. Ce n´est que par ce pacte essayiste de paix, signé dans la tranquilité et le calme, que l´on puisse savoir effectivement où va le pays.

Ce pacte proviendra donc de l´initiative de la société elle-même qui - et cela nous devons l´admettre en dépit de tout - subira les conséquences du choix qu´elle aura fait. Il s´agit d´un renoncement de chaque haitienne (ne) à ses intérêts personnels et pulsionnels au profit des intérêts collectifs, de la victoire du sociocentrisme sur l´égocentrisme, enfin, le triomphe du vivre ensemble sur cette individualité maladive dont nous sommes atteints. Et, considérant que l´élection est un contrat signé entre les élus et les électeurs (la société), celui-ci peut, à n´importe quel moment, être remis en question ou résilié par l´une ou l´autre partie. Tout contrat passe nécessairement par une préiode d´essai pour permettre de s´adapter et se préparer à la nouvelle réalité qui se présente. Sur ce, la société entant que personne morale, seul et unique super patron d´elle-même et des élus, peut s´arroger, péremptoirement, le droit de leur imposer une période d´essai au cours de laquelle elle déterminera si oui ou non elle va les garder. D´où l´importance du pacte essayiste.

La recherche de la légitimité post-électorale pour sa part n´est pas une nouveauté. Certains élus en ont déjà bénéficié, c´est-à-dire accédés à la fonction sans légitimité, des candidats ont eux-mêmes créé cette légitimité et fini par diriger - même au seuil de leur mandat - avec une certaine légitimité même quand celle-ci a été éphémère et relative. Comment y étaient-ils parvenus? Par des actions sociales positives. Ils ont gagné la naïveté et la confiance du peuple tout en le faisant rêver, or, le peuple aime ça. Pour extraire sa légitimité de son illégitimité électorale, un personnage comme M. Préval s´est montré très moins bavard vis-à-vis du peuple, lui faisait des promesses en l´air, d´autres comme MM. Martelly et Aristide passaient tout leur temps à le bafouer. Bien que de nos jours le peuple haïtien croit de moins en moins aux promesses, cet artifice reste pourtant une stratégie fructifère. 

L´inverse s´est également produit: beaucoup d´élus sont parvenus au pouvoir avec une légitimité presqu´incontestable, malheureusement, au cours de route, ils l´ont perdue. Elle s´est, au fil du temps, regressivement détériorée non pas seulement à cause des malversations et des actes de corruption dont ils se sont rendus coupables, mais parce qu´ils ont été démasqués et dénudés par le peuple, parce que celui-ci, fatigué de leurs promesses falacieuses, ne les supportait plus et ne voulait plus d´eux. Ainsi, la légitimité peut bel et bien se gagner avant comme après les élections en même temps qu´elle peut être enlevée au même rythme.

Considérations finales

En somme, il y a de quoi s´inquiéter pour ce pacte essayiste de paix aussi bien que pour cette recherche de légitimité post-électorale qui sembleraient devenir l´une des grandes priorités du moment, surtout quand nous avons affaire non seulement avec un système électoral de ce genre, mais aussi avec ces composantes structurelles influentes de la société telles que les partis politiques, les médias, les acteurs politiques, les directeurs d´opinions, qui n´arrêtent de se tirer des balles dans les pieds en employant des expressions incensées pour parler des élections. 

En effet, d´une part, le fait même pour le CEP d´instituer des tribunaux électoraux chargés de résoudre les contestations électorales suscite des doutes sur la fiabilité même du processus, il y a là présomption de corruption, de malversation, de trucage, de fraude, et cela est un avantage pour des perdants récalcitrants pour engager de faux procès. L´institution même de ces tribunaux sont, en quelque sorte, une pierre d´achoppement pour l´appareil électoral - une grosse épine à ses talons - et décrédibilise sa bonne foi, sa bonne volonté, son honnêteté, son impartialité, sa moral et son éthique à maintenir de bonnes réalisations électorales.

D´un autre côté, l´emploi courant des adjectifs pour désigner ces élections tels que: libres, honnêtes, démocratiques, transparentes, indépendantes, tant par le CEP que par la société civile et la société politique, laisse supposer qu´il y a de l´anguille sous roche, car non seulement ce sont de vains mots qui ne veulent absolument rien dire quand on connaît la nature corruptible qui envahit cette entité électorale, mais surtout ils ne sient pas à une institution qu´est l´élection dans la mesure où elle-même va au-delà de tous ces adjectifs qui ne sont autre qu´un excès de langage. Elle n´en a pas besoin pour être et fonctionner. 

C´est un excès de langage qui dérange profondément, rend suspect le processus, sème le doute au milieu de la société, en fait, du charabia médiatico-linguistique juste pour brouiller les pistes. C´est des aspects à côté des autres sur lesquels ce pacte sociétal, en faveur duquel il est important de plaidoyer, devra se pencher afin de mettre un terme à ce je ne sais quoi BCED et BCEN, à ces chamailleries pré et post-électorales, ainsi qu´à cet emploi abusif et excessif de ces adjectifs qui n´en vaut vraiment pas la peine. Enfin, osons, pour une fois, tenter ce pacte essayiste de paix en faisant semblant d´être naïfs (ves), des comploteurs (ses), des conspirateurs (trices) pour le bien-être de la société. Et, si rien n´est fait, si cette lueur de changement dont les Haïtiens (nes) ont soif n´est pas visible - car le changement s´entrevoit, se sent et s´annonce - le droit à la désobéissance civile s´impose.

Jean FABIEN
Campinas, 18 décembre 2016



mercredi 5 octobre 2016

LE RACISME SUBTIL

Résumé

Au-delà du racisme visible qui gagne de l´ampleur à travers le monde, nous côtoyons quotidiennement une sorte de racisme subtil sans s´en rendre compte. Ce type de racisme fragilise la véracité des relations sociales, endommage la qualité de vie sociétale et l´individu qui le ressent et le vit est affecté dans ses dimensions spirituelle, morale, mentale et psychologique. Il est donc aussi dangereux que le racisme visible qui, en dépit des dérives, est quand bien combattu par les dispositions légales à caractère national et international, par les mouvements sociaux antiracistes et dans les médias. L´existence et la rigidité théoriques des lois s´imposent certes, mais les racistes endoctrinés et avérés parviennent quand bien même à les contourner par cette technique de subtilité qu´ils emploient. L´article poursuit donc un double objectif; d´un côté, identifier et comprendre comment se manifeste ce racisme subtil, proposer, en s´appuyant sur l´exemple du cas des étudiants haitiens à l´Unicamp, quelques formules réalistes plutôt que magiques pouvant aider à le démasquer, le surmonter et le surpasser de l´autre.

Introduction

Le racisme s´exerce sous plusieurs formes, qu´il soit visible ou invisible, manifeste ou subtil, perceptible ou imperceptible, direct ou indirect, expressif ou inexpressif, institutionnel ou structurel, c´est un phénomène humain qui nous entoure et avec lequel nous sommes contraints de vivre. La façon dont il est entrain de s´augmenter et de s´empirer dans les sociétés, il appert que nous autres êtres humains soyons loin de le déraciner, l´éliminer et l´anéantir dans nos pratiques sociales et interindividuelles. Sur ce, on peut donc même aller jusqu´à se demander si on naît raciste ou si on le devient, autrement dit, si être raciste est une construction sociale, une culture ou quelque chose d´inné. Si l´on en croit, ce n´est pas un fait avec lequel il faut badiner. Et, bien que le racisme radical, qui est manifestement visible et perceptible ait été et soit de plus en plus durement réprimé de nos jours, il se pratique par ailleurs au milieu de nous cette autre forme de racisme que nous oserions appeler un racisme subtil dont l´imperceptibilité et l´inexpressivité rendent difficiles son identification, sa compréhension, sa condamnation voire sa problématisation.

Ce racisme subtil frappe encore plus facilement et fortement de gens aujourd´hui que le racisme visible dont la croissance et la dégénérescence sont aussi déconcertantes que désastreuses. Beaucoup en souffrent, mais le dénoncent rarement si ce n´est que quand ils en détiennent quelques suspicions disparates qu´ils soutiennent maladroitement. D´autres, malgré leurs lamentations, ne peuvent nullement le faire puisque privés de preuves concrètes. C´est exactement l´un des problèmes du racisme subtil dont nous subissons discrètement et silencieusement les impacts et les contre-coups tels que l´exclusion, le rabaissement, le traumatisme, le stress, la peur, l´isolation, la solitude et l´aliénation intellectuelle, ce qui, par conséquent, compromet le développement social humain.

Le racisme subtil rend, en outre, difficile la fiabilité des statistiques sociales sur la dénonciation des cas de racisme, car il y a tellement d´actes, de comportements, d´attitudes et d´expressions racistes qui se subtilisent entre nous, se dissimulent dans les propos, circulent discrètement et se propagent invisiblement au milieu des relations humaines et sociales que nous sommes enclins à dire que le racisme du monde moderne ou post-moderne aujourd´hui est un racisme subtil qui se pratique plus de manière imperceptible que visible. Et, cette invisibilité et subtilité rendent le racisme encore plus problématique. En effet, d´une part, le racisme subtil représente un défi du point de vue théorique, méthodologique et épistémologique pour les sciences sociales, la sociologie en particulier, d´autre part un défi pour les institutions politiques publiques chargées de rendre justice et pour les groupements collectifs de pression qui combattent le racisme. Néanmoins, malgré tous ces obstacles, cela n´empêche de déceler dans le vivre-ensemble quotidien quelques signes qui peuvent prouver que ce racisme subtil dont nous avons l´intention de traiter existe réellement. Sur ce, l´article a pour objectif de comprendre la manifestation de ce racisme subtil et d´en proposer quelques formules afin de le surpasser.

1. Définition du racisme subtil et quelques signes de la preuve de son existence

Par racisme subtil il faudrait entendre des sortes de préjugés et de discriminations à caractère raciste qui se dissimulent et circulent parmi les individus dans le cadre des pratiques et relations sociales. Le racisme subtil est cet infériorisme ou supériorisme basé sur la race, la position sociale, le pouvoir politique, la puissance économique qu´on n´arrive pas à saisir et extraire matériellement ou physiquement dans un environnement interrelationnel; il y a donc une insaisissabilité qui entoure la manifestation du racisme subtil. On peut au moins aborder le racisme subtil de trois manières: soit qu´on le considère comme quelque chose d´ingénieux et d´insignifiant; soit qu´il est subtil par le fait de la difficulté à le saisir et le comprendre; enfin, soit qu´il est subtil à cause de son excessivité à outrance. En somme, le racisme subtil est un culte de la race qui est célébré de manière camouflée, secrète et invisible. Bien qu´il faille faire attention de ne pas trop le politiser et le galvauder, le racisme subtil peut renvoyer à tout type de comportement indésirable d´un individu qui, par de fines et intelligentes astuces, cherche à ravaler l´autre, à l´inférioriser, à le dévaloriser sans même jamais laisser tomber de sa bouche un simple mot ou expression à conotation raciste et discriminante. De même qu´un auteur eut à comparer la politique d´attente à une forme de domination, le racisme subtil peut être également une autre manière d´être raciste sans se faire remarquer.

Des gestes grotesques, soit en public ou en privé, pourraient aider à comprendre un peu la manifestation de ce racisme. En effet, le refus d´un joueur d´échanger son maillot avec un autre sur un terrain de sport; le marronnage à ne pas intégrer un étudiant dans un groupe de travail ou d´étude; l´évitement à ne pas s´asseoir à côté d´une personne, à ne pas commenter ses opinions, à ne pas répondre à ses questionnements dans le cadre d´un débat; la stratégie de faire attendre une personne plus qu´une autre, etc., autant de gestes, peut-être insignifiants, mais capables d´être entre autres quelques signes surnois, indiscrets, invisibles et subtils d´un racisme. Le racisme visible est féroce, ravageur, humiliant et destructeur. Le racisme subtil, ne concernant pas seulement une catégorie d´individus entant que victimes au profit d´une autre entant qu´agresseurs, est, par contre, rongeur, trompeur, et se présente comme une épée à double tranchant qui transperse l´âme. Personne n´assume ni l´un ni l´autre. En somme, pir idiot que puisse être un individu, il ne va jamais se réclamer être raciste ou admettre avoir des idées, des comportements, des attitudes, des visions, des prétentions, des perceptions, des conceptions, des appréciations à allures racistes qu´il dissimule lui-même. Il y va de soi, parce que le racisme de nos jours, surtout le racisme subtil, est un phénomène impersonnel et impersonnifié, autrement dit, la personne individuelle qui en est l´auteur, se faisant invisible, n´y apparaît presque plus.

Cela voudrait-il dire que nous sommes tous racistes ou avons en nous des germes racistes qui dorment ou sommeillent en nous et peuvent, par conséquent, se réveiller à n´importe quel instant? Peut-être ou pas...! En tout cas, même si notre but ici n´est pas de théoriser sur le racisme entant que tel, mais d´attirer l´attention de certains sur l´existence d´un racisme subtil et la façon dont nous croyons qu´il s´opère, il est important de comprendre que si le racisme est un concept qui ne se refère  pas uniquement à la race et à la racialisation, alors tout langage ou toute expression ou toute intention tendant à la supériorisation ou à l´infériorisation d´une personne - une autre forme de déshumanisation et d´inhumanité à l´égard de l´être humain - est par essence raciste. Or, même si le racisme subtil est inexpressif et se manifeste dans l´obscurité et l´invisibilité, il n´est pas sans effet pour autant. Ses effets, aussi néfastes que ceux provoqués par le racisme visible lui-même que les instruments juridiques nationaux et internationaux cherchent à combattre et condamner, nous atteignent à un rythme comme à un autre. On peut dire que le racisme subtil, par sa manière imperceptible d´agir, est à la fois un non-racisme et un racisme. Sur ce, le racisme subtil est celui qu´on ne voit pas alors qu´il est là. On pourrait même le comparer à l´air qui est présent mais non pesant; au vent qu´on ne voit pas alors qu´on le ressent constamment, enfin, à la réalité qui est invisible pourtant réelle. 

2. Les instruments juridiques contre le racisme: une avancée significative mais insuffisante

Le système de racisme européen de l´époque coloniale qui a pendant longtemps aliéné l´esprit humain lui ayant forcé à croire à la suprématie et la supériorité d´une race qui a conquis et détient encore la puissance économique dans le monde. Le racisme, ne pouvant être réduit à sa simple notion de race, ne s´arrête pas là; il s´étend également, selon Larousse, à toute forme d´hostilité et de discrimination systématique à l´égard d´un groupe d´individus déterminé. Depuis les révolutions des peuples colonisés, esclavagisés, déshumanisés et opprimés - Haiti en fut la pionnière dans cette série et allait être suivie par beaucoup d´autres pays - qui ont abouti à la décolonisation, le système raciste occidentalo-européen qui s´est, délibérément, octroyé un droit de chosifier des êtres humains en les transformant en moins que rien, a été vivement ébranlé et combattu, et continue de l´être. Ce combat contre le racisme - il doit en fait le rester de façon plus vive et pragmatique - se fait avec des instruments juridiques nationaux et internationaux qui le classent parmi l´un des crimes les plus terribles.

En effet, sur le plan national, beaucoup de pays ont déjà fait des efforts pour se doter d´une législation contre le racisme dont l´efficacité dépend de la rigueur dans l´application stricte et du succès obtenu à partir des procès et des sanctions qui en résultent. En règle générale, toute législation nationale en la matière vise d´une part à protéger la démocratie, prévenir les violences que peuvent causer les propos racistes, de l´autre. Sans vouloir reprendre une chronologie systématique de ces législations, il s´avère qu´à Haiti - en dépit de tout ce qu´elle endure aujourd´hui sur le plan social, politique et économique - a été le premier dans tout le continent américain depuis 1803, pour ne pas dire sur la planète entière, a avoir donné le signal de cette lutte contre le racisme féroce et déshumanisant des colonisateurs européens. Au lendemain des guerres révolutionnaires non seulement pour l´indépendance et la liberté, mais encore contre le racisme, l´esclavagisme et le colonialisme, ce que les puissances coloniales européennes craignaient, la France en particulier, arriva, à savoir, la contamination des autres colonies américaines, caribéennes et africaines par cette fièvre révendicative et obsessionnelle pour la lutte des droits de l´homme provenant d´Haiti depuis le début du 19ème siècle.

De fait, Haiti a ouvert la voie à l´indépendance et à la liberté pour beaucoup d´autres nations qui, comme elle, ont plus tard pris naissance dans ces combats sociaux, politiques et économiques. La nation haitienne fait face aux questions racistes dès sa naissance, en d´autres termes, le problème du racisme et du colorisme ne manquait pas de susciter des débats et de se trouver au coeur des rivalités politiques, des luttes sociales et des cupidités économiques qui ont régné et règnent encore dans ce pays. Dès l´aube, la constitution haitienne de 1805, la première de la république indépendante d´Haiti, désignée à l´époque sous le nom d´Empire d´Haiti (Art. 1), est claire sur la question de toute forme de discrimination raciale axée sur la couleur et établit, par la suite, une sorte de noirisme dans la société haitienne. En effet, même si l´Art. 14 de ladite constitution concerne plus particulièrement les enfants nés de parents haitiens, il est par contre une disposition légale qui prescrit toute sorte d´acception ayant pour fondement la couleur. Ainsi donc, contrairement à ce que l´on pense, la problématique de race et de couleur surgit simultanément avec l´indépendance haitienne.

Aux États-Unis, les luttes antiracistes n´ont survenu, effectivement, que vers les années 50 et 60 où les noirs américains réclamaient leurs droits plus particulièrement leurs droits de vote. Au Brésil, la constitution de 1988, en son art. 5º, incise XLII, fait du racisme un crime imprescriptible. La loi # 7716 du 5 janvier 1989 le condamne avec la plus grande énergie. Même la France, le pays qui a pendant longtemps institutionalisé le racisme tant en Afrique que dans les Îles caraibes, est parvenue à adopter, depuis la fin du 18ème siècle, des lois contre le racisme et toute forme de discrimination et de préjugé basée sur la race. Le continent africain, lui aussi, se mêle de la partie par le truchement de l´Afrique du sud qui, en 2000, a voté une loi contre le racisme et tout type de propos homophobes susceptibles de susciter la haine raciale ou éthnique. L´accent mis sur ces sociétés se justifie, d´une part, par leur composition sociale mosaique, car c´est là où les noirs sont le plus victimes du racisme, d´autre part à cause des différentes actions révendicatives que ces groupes dits minoritaires ont menées pour combattre le racisme, l´homophobie et la discrimination raciale.

En second lieu, sur le plan international, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, en 1945, il a été adopté une multitude de résolutions, de recommandations, de conventions et de traités en vue de l´élimination du racisme, de l´homophobie et de la xénophobie. L´ONU, l´organisation créée au lendemain des guerres mondiales dans l´objectif de gérer les conflits interétatiques, fait du racisme un sujet d´intérêt international et invite les états-membres à en faire de même. Parmi ces instruments juridiques internationaux contre le racisme, on peut citer la Convention Internationale de 1966 de l´ONU adoptée à New York et qui prescrit toute forme de discrimination axée sur la race, la religion, la couleur, la langue etc. On a ensuite la Convention Européenne de 1950 qui consacre la jouissance des droits de l´homme et des libertés fondamentales sans aucune préférence liée à l´origine nationale, raciale, éthnique ou sociale de la personne. Enfin, il y a le Traité de Rome de 1957 qui est survenu dans les sociétés européennes lors de la réapparition des pratiques discriminatoires et racistes. Tous ces textes internationaux condamnent avec la dernière rigueur et véhémence le racisme sous toutes ses formes. 

Jusque là ce ne sont que de très beaux textes philosophiques qu´il est agréable de lire, de commenter, de critiquer et de contextualiser. Ces textes, se renfermant sur eux-mêmes sous un aspect théorique, restent, cependant, dans la pratique lettre morte. Au Brésil, depuis le vote de la constitution de 1988 et l´adoption de la loi de 1989 à nos jours, le Ministère de la Justice par le truchement de son service appelé Ouvidoria Nacional de Igualdade Racial, a reçu en moyenne 300 cas de dénonciations contre le racisme ou les injures racistes par an. Il est en outre difficile d´évaluer le suivi de ces dénonciations. Or, quand dans une société pluriraciale comme celle du Brésil et des États Unis ou multiéthnique comme celle de l´Afrique du sud où les noirs majoritaires ont des droits réduits; quand le taux d´homicides mensuel, trimestriel et annuel affecte plus la population noire et métisse que la population blanche; quand il y a plus de jeunes noirs incarcérés et entassés dans des prisons et centres de détention que de jeunes blancs; quand dans les fonctions supérieures on y rencontre plus de blancs que de noirs; quand les universités sont débordées plus d´étudiants blancs que de noirs; quand le marché du travail est plus accessible aux blancs qu´aux noirs, alors nous sommes enclins à supposer qu´une sorte de racisme génocidaire se trame subtilement et silencieusement contre une telle population infériorisée et traitée comme minoritaire du fait qu´elle ne détient pas les richesses économiques.

Sur ce, les doutes suivants persistent: peu de cas d´actes racistes ont été repertoriés, rapportés, enrégistrés et poursuivis par devant les instances judiciaires compétentes depuis la création de ces instruments juridiques; il y a une très forte disproportionalité et un déséquilibre total entre le nombre incalculable d´actes racistes et discriminatoires qui se pratiquent chaque jour à travers le monde et le nombre de condamnés pour ces mêmes actes, même si la condamnation concernerait un individu, une institution, un pays, un groupe ou une organisation; les victimes des actes racistes, bien que nombreux, ont très rarement - pour ne pas dire n´ont jamais - bénéficié de réparation et de restitution dans leur dignité, humanité et personalité; enfin, les plaintes déposées contre des personnes racistes, xénophobes et homophobes, qui pour la plupart détiennent de puissants moyens politique et économique, ont très rarement eu des suivis et des conclusions. Tout ceci y compris la manifestation subtile du racisme qui est dangereuse pour le développement de l´être humain tant du point de vue psychologique, spirituel, moral que personnel et social montrent, non seulement que le racisme ne date pas d´hier, mas surtout cette lutte pour l´affaiblir voire le déraciner dans nos pratiques sociales est un long chemin à parcourir et peinera d´aboutir à des résultats positifs.

3. Pourquoi le racisme subtil est-il très dangereux?

Le racisme subtil est celui qui, à cause du laxisme de la société vis-à-vis du racisme physique et visible et sa tolérance à cacher les auteurs de cette pratique répréhensible ayant déjà causé pas mal de dégats, tend à fuir les lois qui condamnent le racisme proprement dit. Le racisme subtil est un acte ignoble qui se concrétise dans la plus profonde obscurité et indifférence. Fuir les lois nationales et internationales prescrivant le racisme traduit la peur d´en subir les sanctions, ce qui veut dire que les racistes subtils opèrent, d´une part, dans l´anonimat, l´hypocrisie, l´obscurité, la discrétion et la dissimulation. D´autre part, le racisme subtil s´exerce dans l´invisibilité, la lâcheté et les propos qui l´accompagnent sont le plus souvent imprécis et inexpressifs. En d´autres termes, le racisme subtil ne se dit pas, ne s´exprime pas, ne s´affiche pas, mais se pratique dans le plus sombre catimini. Il est donc difficile de l´identifier si ce n´est qu´en faisant montre d´une intelligence poussée et approfondie qui invite à se méfier des apparences, à fixer le regard du sujet parlant pour y déceler des traits et signes de ce racisme, à observer les comportements dissimulants, et, enfin, à accorder une attention soutenue plus aux non-dires qu´aux dires trompeurs et bavards. Le racisme subtil même s´il feind on peut toutefois le détecter et le découvrir dans des démarcages, discrétions, silences complices, mutismes volontaires, injures, propos irrespectueux et irrevérencieux, mépris, dissimulations.

Dans les relations interindividuelles, le racisme subtil est à dimension et dominance égocentrique et ethnocentrique. Celui qui en est l´auteur se surestime, se survalorise, est traversé par un égocentrisme à outrance en se croyant être supérieur à l´autre en vertu de sa position sociale, de ses privilèges socio-économiques ou encore de ses influences politiques. A cet effet, cherchant à les dissuader, à les esquiver en ne les commentant pas, le considérant une espèce d´objet, les opinions de l´autre lui importent peu. Dans les discussions, le raciste subtil fait tout pour éviter de se mettre d´accord ou en désaccord avec les idées de celui qu´il cherche à rabaisser et à inférioriser. La loi et les normes sociales n´y peuvent rien. Les dénonciations y référant souffrent de palpabilité. Voilà pourquoi le racisme subtil est dangereux parce que non seulement il tend à tromper la vigilance des lois antiracistes et se pratique dans la plus parfaite ignorance, mais sutout de manière inapperçue il est capable de ratrapper n´inmporte qui en affectant, silencieusement, sa vie morale. La victime du racisme subtil, étant dans l´incapacité et l´impossibilité de le prouver, est appelé à en souffrir toute sa vie et, pis est, à en demeurer une éternelle victime.

S´il est dangereux, le racisme subtil est pourtant loin d´être fatal. S´il faut le contrecarrer, il est important de ne pas en faire une fatalité, mais un fait social qui nous est imposé. Il est vrai que les lois positives y compris celles relatives au racisme fonctionnent avec des faits et preuves matériels, mais à cause de sa nature il n´est pas facile de soutenir le racisme subtil par des preuves concrètes en vue de faire valoir sa qualité de victime d´un tel acte. On risque même d´être accusé de menteur pour avoir porté de faux témoignages. Et, ce type de délit est puni par la loi. En outre, le problème du concept de racisme subtil c´est qu´il est trop philosophique, immatériel et abstrait, il n´est pas physique, juridique encore moins légal. Donc, c´est un épiphénomène derrière lequel se cache un fait social qui vient de l´extérieur et impose tant à ceux ou celles qui le pratiquent ou le subissent un mode de vie. Néanmoins, on peut l´affronter autrement, pas avec les lois positives préexistantes, mais par l´éducation, l´amour, le respect, la culture, le surpassement de soi, la reconnaissance de soi et de l´autre entant que sujets de droits et porteurs d´identités multiples et plurielles. Car, le combat contre le racisme subtil est à la fois un combat contre soi-même et contre l´autre. D´où toute la complexité et la dangerosité du phénomène.

Le racisme subtil, enfin, contourne les normes sociales et même induit la société, les acteurs et agents sociaux en erreur. Il les bifurque et cherche des racoursis. Il se manifeste dans l´inexpressivité, l´impercebtibilité, l´immatérialité, l´invisibilité et se joue sur l´éloignement et la distanciation en se cachant derrière les apparences, les paroles flateuses et les promesses superflues. Pouvant être rencontré au niveau des pratiques relationnelles des individus entre eux; dans les fréquentations continuelles d´une ambiance culturelle, collective, sociale ou académique; dans les espaçes universitaires plus fréquemment au sein des groupes de travail et d´étude, le racisme subtil affecte, que l´on veuille ou pas, notre train de vie. Si certains refusent d´en parler, d´autres ne cachent pourtant pas leur indignation face à la montée à outrance de cette pratique humaine et sociale qu´on a du mal à comprendre. Nous avons pour preuve d´un tel racisme le cas des étudiants haitiens accueillis à l´Université d´État de Campinas (Unicamp) où, dès leurs premiers instants, ils commençaient à faire face pour la première fois à cette forme de racisme avec lequel ils ne s´habituaient pas auparavant. Néanmoins, au fil du temps, ils ont fini par le saisir et décidé de le vaincre à leur manière.

4. Les étudiants haitiens face à un racisme subtil à l´Unicamp

Le racisme subtil frappe surtout les étudiants noirs à l´Unicamp (africains, brésiliens noirs et haitiens). Nous nous intéressons plus essentiellement à la dernière catégorie. En effet, les étudiants haitiens constituent le premier groupe d´étudiants noirs à avoir été reçu massivement par une université brésilienne, en l´occurrence l´Unicamp, qui, comme l´USP (Université de São Paulo), est une université à réputation élitiste et même raciste. Le racisme qui règne au Brésil est comme un choc psychologique pour les étudiants haitiens qui, se croyant être dans un pays à majorité noire, n´auraient jamais pu imaginer faire face à un tel type de phénomène sans oublier, bien entendu, les multiples agressions verbales et physiques qu´ils endurent chaque jour. C´est quelque chose qui les surprend quoi! Pris au dépourvus par ce racisme subtil, ils ont eu du mal à le comprendre. Or, c´est dans le milieu universitaire, dont nous avons une certaine connaissance et que nous fréquentons plus souvent, qu´ils devaient pour la première fois y faire face. Et, si pendant un certain temps, ils se sont tus non pas par la peur d´être expulsés de l´université, mais par crainte d´être pris pour des hallucinés, le racisme subtil n´a toutefois pas eu raison d´eux.

En effet, en 2011, un groupe d´une quarantaine d´étudiants haitiens, boursiers du gouvernement brésilien, est arrivé à l´Unicamp dans l´objectif d´y continuer et terminer leurs études de premier cycle universitaire. La langue, le portugais brésilien, s´avérait être le premier requis pour s´inscrire dans une discipline scientifique. À cet effet, l´encadrement académique, la compétence des professeurs, la pédagogie et la méthode employées, l´aptitude et l´intelligence des étudiants haitiens, tous impécablement réunis ensemble, ont permis de parvenir avec succès à cette finalité linguistique. Cette étape accomplie, le moment était donc venu de rentrer à l´université. Le racisme subtil, qui leur était jusque là étranger et méconnu, allait être le premier défi auquel ils devaient faire face dès la rentrée universitaire en février 2012. Ce racisme subtil avait quelque chose à voir avec leur accent créole à maintes fois ironisé et se pratiquait discrètement mais paradoxalement dans une ambiance académico-universitaire. Celui-ci se faisait encore sentir dans la fréquentation des salles de cours, mais la situation s´est plus précisément empirée dès l´instant où il fallait constituer des groupes de travail et d´étude qu´ils devaient par la suite rejoindre en compagnie d´autres étudiants brésiliens. Toute stratégie et manoeuvre ont été mises en branle en vue de les mettre à l´écart, les esquiver et les éviter: rejet, éloignement, distanciation, silence, oubli, discrétion etc. Leur expulsion des groupes qu´ils ont malgré tout rejoint n´était pas directe, mais diplomatique . 

Selon le témoignage de plusieurs d´entre eux, il arrive dès fois que des groupes de travail et d´étude - une obligation d´ailleurs de certains professeurs - sont constitués avec un nombre inférieur à celui exigé par ceux-ci, ce, dans l´indifférence totale de les y intégrer. En outre, par le fait de ce comportement raciste pour le mieux qu´on puisse dire absurde et aberrant, certains étudiants haitiens ont obtenu des notes inférieures à la moyenne ou en ont perdu. Sur ce, il est donc important de souligner deux réalités dominantes dans la vie estudiantine de ces derniers: d´un côté la forte probabilité - et ceci s´est effectivement produit - qu´un étudiant haitien se retrouve solitairement perdu au milieu d´un nombre écrasant de jeunes étudiants blancs, surtout qu´au Brésil la communauté noire qui ressent une certaine affinité avec les haitiens et les africains accède de moins en moins à l´université. D´un autre côté, certains professeurs ignorant ou niant l´existence d´une telle réalité imposent une règle commune à tout le monde: celle de réaliser son travail final de cours dans un groupe dans le cas contraire la note y relative peut ne pas être concédée. De plus, il y a des devoirs collectifs dont la note finale est, exclusivement, soit collective, soit individuelle ou les deux à la fois. D´autres plus compréhensifs et conscients de la réalité mettent à disposition de tous les deux possibilités. Ainsi, l´évaluation est individuelle et collective bien que dès fois la seconde l´emporte sur la première.

Le cas des étudiants haitiens doit nous interpeller sur au moins trois réalités concrètes qui se cachent derrière ce racisme, et, auxquelles, de fait, nous ne devons pas nous échapper. C´est que, premièrement, s´ils ne le manifestent pas publiquement, ils s´en plaignent à des particuliers, et s´ils le font c´est que quelque part ce racisme qu´ils subissent malgré leurs efforts intellectuels pour s´assurer un estime social existe, les affecte moralement et les cause des torts. Ils ont dû donc travailler et étudier ardemment afin qu´il ne compromette pas leur rendement intellectuel. Deuxièmement, ils ont compris que c´est en faisant semblant de l´ignorer, d´en faire fi, de faire comme s´il n´existait pas qu´ils arriveraient à vaincre ce racisme subtil qui prend sa source dans les mépris, les éloignements et la distanciation des uns ou des autres sur le campus de l´Unicamp à Barão Geraldo. Enfin, en troisième lieu, ayant surmonté courageusement ces obstacles racistes par l´autoréalisation, ils se sont finalement persuadés qu´en tout cas la meilleure formule de lutter contre cette forme de racisme devant lequel les lois et les institutions judiciaires sont impuissantes, c´est par les efforts intellectuels réalisés dans l´individualité, par l´estime de soi et l´autorespect. Cela leur a valu de fait du succès. Ainsi, par la preuve de leur autoperformance, certains groupes récalcitrants ont été obligés de leur frayer une petite place dans leur rang.

5. La lutte contre le racisme subtil est-il possible?

Étant donné d´une part son impalpabilité et son immatérialité; l´hypocrisie et la discrétion dans lesquelles il baigne d´autre part, le racisme subtil, paraît-il, est très difficile d´être combattu. D´où deux problèmes majeures. Premièrement, le défi qu´il pose à l´organe judiciaire de rendre justice aux victimes, deuxièmement, le traumatisme, le stress et l´anxiété dont il est la cause et avec lesquels les victimes sont contraints de vivre tous les jours. Ce qui, en conséquence, ralentit le rythme de développement social, économique, intellectuel et culturel de l´individu dans la société. Le chemin à parcourir pour lutter contre ce type de racisme s´annonce d´ores et déjà ardu, long et épineux. Toutefois, quelques formules moins magiques que réalistes pourraient servir. Inspirées de l´expérience haitienne à l´Unicamp, il est important d´y réfléchir un peu.

Une première chose à faire remarquer dans le comportement des étudiants haitiens face au racisme subtil c´est qu´ils ont eux-mêmes puisé dans leur for intérieur des pulsions et élans nécessaires leur permettant non seulement de vaincre ce racisme et d´évaluer leur capacité, mais surtout de s´auto-réaliser dans la plus intime individualité. Il s´agit là d´une résignation, non dans le sens de naiveté, mais ancrée à un ''déjà'', elle traduit une étape déjà franchie. C´est-à-dire, étant déjà là présents au sein d´une société raciste; ayant déjà consenti d´énormes efforts et sacrifices pour y être; ayant été déjà admis à l´une des prestigieuses universités brésiliennes; se sachant être déjà des privilégiés et miraculés; ils se sentaient traversés par le droit de réussir et de se faire valoir, par le sentiment de se souvenir de la cause pour laquelle ils sont là et d´être convaincus qu´ils côtoient d´ores et déjà une place au sein de l´élite intellectuelle en dépit de tout, par le devoir de ne jamais oublier que beaucoup comptent sur eux. Une résignation qui se traduit par cette obsession, cette soif, cette détermination de réussite et ce rêve de devenir quelqu´un, donc, face à un tel ascétisme, rien ne pouvait les arrêter. En tout cela, ils ont fini par se savoir capables de quelque chose, de s´engager seuls avant de penser à aller à la conquête d´un quelconque support ou appui collectif pour parvenir à ce niveau presque de manière narcissique. Cela ils l´ont suffisamment et parfaitement compris.

En fait, il y a lieu de souligner que chaque individu porte déjà en lui ces valeurs sociales et culturelles pour foncer: l´estime de soi, la confiance en soi et le respect de soi. Ce ne sont pas des choses qui viennent spontanément, mais,choses sociales par excellence, elles proviennent de la société. Elle les nourrit, les organise et les construit dans nos pensées. Les étudiants haitiens en avaient fait bon usage. La performance, la compétence et le succès acquis dans l´individualité ne sont certes pas une garantie suffisante pour se faire immédiatement ou obligatoirement accepter par l´autre, mais, d´une façon ou d´une autre, ils auront quand bien même pour effet de permettre à l´individu de s´affirmer et s´imposer à l´autre même si ce dernier ferait semblant de les ignorer. L´impact espéré sera positif et l´essentiel est de ne pas se laisser anéantir, abattre, décourager, vaincre par ce racisme subtil qui cause deux dilemmes à la victime: l´un lié à la justice réparatrice et l´autre à l´intégration sociale. Ce qui veut dire, en somme, que la structure sociale restera opaque aux victimes du racisme subtil ou pas si elles ne font pas des efforts pour le surpasser.

En outre, faire partie d´un groupe, qu´il soit sectariste ou ouvert, ou s´y intégrer permet certes de se développer, s´épanouir, se parfaire, se cultiver, s´éduquer, s´acculturer et se perfectionner en subissant le poids contraignant que ce groupe fait peser. C´est un souhait idéal, car les échanges sociaux y sont toujours énormément fructueux et porteurs de complémentarité, de conflit et de contradiction desquels découlent les meilleures relations sociales harmonieuses. Et ces éléments en plus de participer à la transformation sociale des individus leur aident à construire leurs identités individuelles et collectives. Devant la montée à outrance dans le monde des libertés individuelles et de l´individualisme socialisant, il est clair que l´individu, le centre d´action sociale et moteur du changement social, peut réussir aussi individuellement que collectivement. Donc, il est faux et même illusoire de se croire improductif en dehors des encadrements collectifs. De cela aussi, ils en étaient conscients.

Il y a ici quelque chose qui se conquiert dans ces efforts intrapersonnels, ce que j´oserais appeler une puissance capacitative individuelle de réussir et de voler de ses propres zèles. Ils se le sont donc imposé et l´ont imposé et fait accepter non de manière arbitraire et dictatoriale, mais au fur et à mesure par le dialogue, le débat, l´entretien, la discussion et les efforts intellectuels qui doivent, ipso facto, aller dans un sens participatif et constructif. S´investir et croire dans ses capacités personnelles et individuelles, bien que cela nécessite un certain dépassement de soi et des efforts méditatifs et ascétiques, est un pas vers une acceptation collective, autrement dit, l´acceptation collective ne va pas attendre, elle est une construction et une concrétisation dans le temps et l´espace. Ce temps consacré pour se construire, se former, s´éduquer, se cultiver, se parfaire et se préparer dans la plus secrète individualité n´est pas vain. Il fait partie du processus de socialisation sociale et culturelle. Néanmoins, il est important de ne pas confondre individualisme et isolement. Si on s´isole on se tue socialement et psychologiquement, par contre l´individuation est nécessaire et même fondamentale à l´insertion collective.

Même si l´individualisation dans ce débat reste l´exception tandis que la collectivisation la règle, il ne suffit donc pas de noyer cette individualité dans une sorte de collectivisme à outrance et parfois contre productif. Le collectif est une construction sociologique, une sorte de force sociale invisible mais agissante dont l´effet contraignant ne se fait sentir qu´à l´intérieur du groupe. Il n´existe, par conséquent, que l´individu comme véritable acteur du groupe avec tout ce qu´il comporte de croyance, éthique, valeur et symbole. Sans l´individu il n´y a pas lieu de parler de collectivité encore moins de communauté. Or, si le racisme est souvent perçu comme un phénomène communautariste et sectariste, il est temps de restituer à l´individu cette place d´acteur social et collectif qui lui revient. Cela suffirait-il à mettre un terme au racisme plus particulièrement au racisme subtil? Loin delà! En fait, aucune formule magique ne pourrait prétendre mettre fin à un phénomène aussi complexe et compliqué qu´est le racisme subtil. Par contre, comme on vient de le voir, on peut se doter d´instruments intellectuels nécessaires permettant de l´affronter tout en refusant de s´y rabaisser. Subtil, pourtant fort ancré dans les habitudes et pratiques sociales, ce racisme va le rester tel autant que perdurent les disparités et inégalités sociales.

Devant cette incapacité de la justice de combattre le racisme subtil et les traumatismes dont il est l´auteur chez les victimes, la seule alternative consiste à se plonger dans un exercice altruiste afin d´acquérir les potentialités et ressources nécessaires qui puissent servir à surmonter ce racisme subtil inhumain et humiliant. Cela, entant qu´un recours susbtitutif - voire ultimement reconstructif de la personnalité - à l´impuissance de la justice. Autrement dit, une justice intérieure, intrapersonnelle et individuelle que l´on s´attribue à soi-même comme un curatif à l´inefficace justice institutionnelle. Car, si les dénonciations du racisme manifestement visible avec des preuves les plus matérielles et palpables qui soient trainent encore devant une justice inefficace et inefficiente et, par conséquent, n´aboutissent jamais à des sanctions réelles et réparatrices non seulement pour les victimes, mais surtout pour la société et la crédibilité et la transparence de la justice elle-même, il faut s´attendre au pir dans le cas du racisme subtil.

Réflexions finales

Tenant compte de tout ce qu´on vient de souligner, il y a lieu de comprendre que le racisme subtil n´est ni mythe ni illusion ni imagination, il existe bel et bien parmi nous, l´essentiel est de le déceler afin d´y prêter attention et d´en prendre garde. En dépit des humiliations, des séquelles morales et des traumatismes psychologiques qu´il leur a causé, les étudiants haitiens à l´Unicamp ont fait preuve de courage, de perspicacité, de persévérance, de consistance et de résistance en mettant l´accent sur l´effort individualiste pour le vaincre et ensuite réussir. Jusqu´à présent les résultats académiques qu´ils ont eus montrent qu´ils s´en étaient bien sortis. De fait, ils sont parvenus à s´imposer, à se faire accepter et respecter sur le plan de la performance académique et de la capacité intellectuelle mettant ainsi dans une situation embarrassante ceux-là, racistes subtils ou non, qui doutaient de leur potentialité. Ce sont eux qui m´ont permis de me convaincre qu´un racisme subtil règne à l´intérieur de cet espace universitaire brésilien et peut-être dans tout le Brésil. Ils en sont l´exemple vivant, la preuve concrète et la manifestation réelle. Ils ne sont pas les seules victimes, les brésiliens noirs et les africains font également face à ce mal qui, peut-être, ne tue pas physiquement (suicide), mais ronge, meurtrit, démoralise et traumatise assurément l´intellect et l´être (mort sociale ou psychologique). En résumé, il est important de ne pas se laisser terrasser et démotiver par un racisme de ce genre d´où qu´il vienne et quelle que soit la forme sous laquelle il se manifesterait, car, pour subtil, invisible, dissimulant, imperceptible et inexpressif qu´il puisse être, c´est par l´éducation, le savoir, la connaissance et la culture que cette forme de racisme doit être combattue, comme les étudiants haitiens l´ont prouvé.

Jean FABIEN

Campinas, 5 octobre 2016


samedi 17 septembre 2016

O IMPEACHMENT BRASILEIRO: ENTRE VERDADEIRO E FALSO?

Resumo

No dia 31 de agosto de 2016, ocorreu no Brasil um evento histórico importante com repercussões nacional e internacional: 61 Senadores votaram a favor da cassação definitiva do mandato da presidente Dilma Rousseff, afastada da presidência desde 12 de maio de 2016 no âmbito do processo comumente chamado impeachment. Este evento permanecerá marcante na memória social e histórica do povo brasileiro. Ao longo do acompanhamento do mesmo, há de interrogarmo-nos sobre o que é verdadeiro e falso à medida que tudo pareceu - na defesa, na acusação e no Plenário, onde se interagiam partidários e oponentes da Dilma - verdadeiro e falso ao mesmo tempo. Este verdadeiro falso ou falso verdadeiro se articulou em torno do uso de uma palavra-chave: golpe. Com efeito, os partidários da Dilma - falando do impeachment - denunciaram um golpe, os seus adversários e acusadores contra-atacaram sustentando que não é golpe. Daí o dilema de determinar se o impeachment é golpe ou não. Mas, como ele não pode ser os dois ao mesmo tempo, pois o artigo tem um duplo objetivo: analisar se realmente o impeachment brasileiro - na sua complexidade - pode ser considerado como um golpe; entender se, talvez, o emprego deste conceito não tenha sido excessivo e em que medida esta excessividade influenciou a decisão final do Senado por ter sido tomada por uma esmagadora maioria.

Introdução 

A obtenção da medalha de ouro dos Jogos Olímpicos pela primeira vez na historia futebolística brasileira - uma conquista tão sonhada desde mais que 100 anos - e o impeachment abriram uma outra página na historia contemporânea do Brasil. Com o impeachment o país, por uma outra vez, atraiu as notícias mundiais. Como todo fato histórico, o impeachment brasileiro tem uma origem e ocorreu num contexto social, político e econômico bem peculiar. Gostaríamos de lembrar três cenários históricos fundamentais que deixaram mais ou menos claro um pressentimento original de impeachment. O primeiro começou com a oposição declarada do vice-presidente à Dilma. Com efeito, numa carta enviada à presidente em 2015, Michel Temer deixou claros seus sentimentos de desconfiança e de desconforto dentro do governo dirigido pela senhora e chamou a atenção dela sobre a necessidade de reunificar o país. ''Tenho mantido a unidade do PMDB apoiando seu governo [...]. Isso tudo não gerou confiança em mim. Gera desconfiança e menosprezo do governo[1]''. Segundo este trecho do conteúdo da carta, Temer se sentiu menosprezado e humilhado pela presidente.

O segundo cenário se relaciona, poucos tempos depois, à ruptura, em março de 2016, do PMDB (Partido do Movimento Democrático Brasileiro) com o governo da Dilma lembrando que este partido esquerdista era o melhor aliado íntimo de combate do PT há muito tempo. A partir daí, podemos dizer que Dilma começava a se enfraquecer e estava caminhando, gradativamente, para um processo de destituição. O terceiro elemento que não devemos nos escapar, é este abandono silencioso da Dilma pelo seu próprio partido, o PT (Partido dos Trabalhadores), que ficou calado e passivo durante suas acusações. Ainda muito menos discutido, embora interessante, este aspecto merece uma atenção peculiar. Com efeito, o partido se mostrou desconfiante e indiferente ao caso da Dilma e parecia ser mais interessado a outros assuntos como, por exemplo, uma eventual reforma em vez de um acompanhamento solidário à senhora. Ou seja, o PT procurava afastar-se e fugir de um dos seus líderes em dificuldade por toda parte, porque está querendo salvar sua pele deixando-o afogar.

Dilma mesma a um certo momento sentiu a falta deste apoio. Ela tinha muito pouco apoio deste partido de esquerda que chegou ao poder pela primeira vez com a eleição do Lula em 2003. Enquanto que Dilma estava enfrentando seus acusadores e oponentes, o PT se mostrou muito mole. Era possível observar, ademais, apesar de uma pequena minoria de senadores do PT que a defenderam, uma grande falta do apoio deste partido à Dilma até falar de uma ausência flagrante. Em outras palavras, o PT se afirmou impotente a assumir a defesa da sua própria chefe e a acompanhá-la nas suas adversidades. Portanto, durante o processo de impeachment percebemos que Dilma estava sozinha em frente de um duplo dilema: as acusações pertinentes e dolorosas dos seus adversários e a traição de alguns dos seus antigos e melhores partidários e aliados que a abandonaram num momento crucial em que ela precisava mais deles.

Além desses fatores, o processo de impeachment ocorreu num contexto social, político e econômico difícil para o Brasil: graves crises econômicas; inflações; desempregos; aumento dos produtos alimentares de primeira necessidade; escândalos de corrupção da Petrobras; denuncias contra megaeventos socioculturais com custo altíssimo (por exemplo, os Jogos Olímpicos cujos investimentos custam 51% do orçamento, U$ 4,6 bilhões segundo o jornal Folha); programas sociais do governo dificultados; movimentos sociais; Lula, o líder carismático do PT, perante a justiça enquanto que Dilma tentou nomeá-lo como ministro da Casa Civil, etc. Eram, entre outros, alguns fatos que precederam o impeachment. Não podemos, no entanto, esquecer o papel significativo de uma certa imprensa de direita no Brasil que, nas suas propagandas midiáticas, participou fortemente da desestabilização e do enfraquecimento da Dilma, do seu governo e do seu partido. Assim, enquanto que estamos assistindo um momento muito difícil do PT, o processo de impeachment nos convida a perguntar se não se trata de uma queda consumida ou de um fim deste partido na medida em que dois dos seus líderes principais, Lula e Dilma, estão sendo processados pela justiça brasileira.

O artigo não vai enfatizar todos esses fatores, mas pretende destacar algumas reflexões sobre o impeachment. Para isso, num primeiro tempo, nossa tarefa consistirá em entender o sentido histórico do impeachment que, desde seu início, é qualificado de golpe pelos partidários e advogados da Dilma. Na segunda parte, pretendemos discutir os caráteres legal, constitucional e institucional do impeachment tal como é concebido no campo político brasileiro. Tentaremos, em terceiro lugar, ressaltar dos argumentos da defesa e do discurso de depoimento da Dilma uma certa excessividade no uso do conceito de golpe e buscaremos determinar em que sentido esta excessividade influenciou a decisão final senatorial de 31 de agosto de 2016 de que resultam duas consequências previsíveis importantíssimas: Por um lado, Dilma Rousseff perdeu a comanda definitivamente do país mesmo se, felizmente, ela não seja impedida de exercer por um período de oito anos seus direitos civis e políticos, por outro lado, seu antigo vice-presidente, Michel Temer - suspeitado de ser o principal conspirador e traidor desta destituição - se tornou, automaticamente, o presidente atual do Brasil para assumir o resto do mandato da presidente destituída. Por fim, se a quarta parte quer entender o lógico de votação do impeachment no Senado, num quinto tempo, verificaremos alguns problemas que põe este argumento de golpe.


1. O significado histórico do impeachment brasileiro

O processo de impeachment da presidente Dilma Rousseff já, desde seu início em outubro de 2015, se inscreveu nos anais da historia não somente do Brasil, mas também da historia mundial. Por que? Primeiro, pelo fato de que o Brasil - a despeito de todas as realizações e de todos os progressos sociais e  econômicos nos últimos dez anos do Partido dos Trabalhadores (PT) - não tinha medo nem vergonha de acusar de corrupção, de crime de responsabilidade e de crimes fiscais aquele regime político, que, desde a acessão de Luiz Inácio Lula da Silva ao poder, conseguiu reduzir consideravelmente a pobreza e permitiu ao país se tornar, entre 2012 e 2014, a sétima maior economia mundial. É preciso ter muita coragem e audácia para fazer isso. Em segundo lugar, é pela primeira vez na historia política brasileira que uma presidente envolvida num processo de impeachment, acusada e afastada do seu poder demonstrou tanta perspicácia, coragem, determinação, força e perseverança para ir até o fim na comprovação e na defesa da sua inocência perante um tribunal legislativo que representava o Senado federal brasileiro. 

O terceiro aspecto histórico do impeachment vem de um sentimento pessoal, porque era pela primeira vez da minha vida de jovem que eu assisti, desde o início até o julgamento final, um processo de destituição tão contraditório, confuso e controverso de uma presidente oriunda das eleições democráticas. Ator e construtor da historia, todo ser humano sonharia viver um momento histórico excepcional como este na sua vida. De fato, como o terremoto do Haiti, em janeiro de 2010, o impeachment brasileiro, malgrado sua perplexidade e complexidade, foi um dos grandes momentos históricos marcantes da minha vida que me acrescentou uma compreensão a mais do Brasil. Uma satisfação pessoal certo, mas também uma grande confusão. Satisfação não no sentido de alegria, de contentamento, de comemoração, de festividade, pelo contrário, de profundos confusão e questionamentos sobre o que traduziria realmente este processo. Por fim, o impeachment constitui um momento histórico interessante tanto pelo Brasil como pelo mundo na medida em que desde seu início até seu fim era super difícil identificar quem estava certo ou errado; quem dizia a verdade ou a mentira; quem enganava o povo - a eterna vítima - e quem queria salvá-lo. Era um processo muito duvidoso. 

Em resumo, além da sua historicidade, o impeachment era marcado pelas suas dúvidas e confusões. Era complicado localizar o lugar de onde se sairia a verdade ou a mentira; dissociar o verdadeiro e o falso. À ideia de golpe a acusação e os senadores oponentes à Dilma sempre respondem pela legalidade, constitucionalidade e legitimidade do impeachment defendendo que se trata de um processo que está sendo conduzido sem espírito de passionalidade, de emoção e de injustiça. Eles eram, radicalmente, convencidos que estavam na verdade, a constatação não era diferente no lado dos partidários da senhora. Nesse caso, só a historia - no seu papel de prospectividade - poderá dizer no futuro quem estava certo ou errado, saberá classificar e separar verdade e mentira. Pois, a historia não existe só para explicar o passado nem não se escreve unicamente no passado, ela é também prospecção no futuro da consequência dos atos cometidos no presente. Dito de outra maneira, as ações presentes de hoje, que se tornam passadas pela amanhã, ao entrarem nos anais da historia social e humana, determinam o futuro. Podemos assim dizer que a historia é presente, passado e futuro e o impeachment brasileiro se inscreve num dinamismo histórico e sociológico de falso verdadeiro e verdadeiro falso. 


2. Definição do impeachment e caráteres legal, constitucional e institucional do impeachment brasileiro

O impeachment é um direito concedido pela constituição e pelas leis nacionais ao poder legislativo de acusar o membro de um governo cujos atos são julgados repreensíveis e ilegais. Ele consiste, literalmente, em um processo de destituição que, no caso da comprovação da veracidade dos fatos, tende a cassar, definitivamente, o mandato constitucional e legal de um membro do governo com outras consequências adicionais como perda dos direitos civis e políticos que resultariam dos procedimentos extrajudiciários penais e civis. O impeachment na sua concepção desenvolve uma certa relação com o princípio de Montesquieu que quer que um poder limite um outro poder se este for suspeitado de violar a constituição e as leis. Com efeito, surgido na Grã Bretanha, no século XIV, este processo de destituição constitui um instrumento político e jurídico poderoso nas mãos do parlamento para recordar os grandes governantes do Estado como, por exemplo, presidente e ministros, que podem ser julgados por seus próprios atos inconstitucionais e ilegais. Assim, o primeiro caso de destituição foi sofrido, em 1376, por William Latimer na Inglaterra.

Na legislação brasileira, a constituição federal de 1988, em seu Art. 52 incisos I e II, elabora uma lista de personagens passíveis de ser processados e julgados pelo Senado Federal. As leis definem mais ampla e detalhadamente os crimes que levam a este processo. Com efeito, previsto pela Lei de 10 de abril de 1950 que estabelece os fatos que o exigem, o pedido de impeachment no Brasil é um direito que cabe a qualquer cidadão ordinário (Art. 14) na medida em que este detém provas e testemunhas suficientes para sustentar suas acusações, portanto será admitido um processo em impeachment caso tiveram denuncias dos crimes definidos na lei referente. Segundo esta lei, são crimes de grande gravidade que podem causar um impeachment. Dentre esses crimes a partir dos quais um processo de impeachment pode ser engajado podemos sublinhar crime de responsabilidade, crime contra a existência da união, crime contra a lei orçamentária... Todos esses crimes e outros contidos nesta lei caracterizam a legalidade e a constitucionalidade do impeachment. Todavia, existe ainda no espaço socio-jurídico brasileiro, um debate contraditório muito animado em torno da interpretação da noção de crime de responsabilidade.

Existe tudo um procedimento complexo do impeachment, porém, tentamos resumir aqui seu percurso institucional. Basta, com efeito, após reunir todos os documentos que comprovam os fatos, encaminhar o pedido assim formalmente elucidado e constituído para a Câmara dos Deputados, que é a primeira instância institucional competente para receber um pedido de impeachment e se pronunciar sobre sua admissibilidade. A constituição de um gabinete de advogados no sentido do respeito da juridicidade do processo é muito recomendada porque, às vezes, o acusador pode não dominar todos os termos jurídicos assim como os procedimentos judiciários, nesse sentido, um gabinete de advogados, seja público ou privado, se faz muito importante. Não se trata de uma obrigação feita pela constituição federal nem pelas leis, todavia, na prática jurídica, seria eminentemente necessário fazer isso. Portanto, resumidamente, o impeachment brasileiro começou, legal e institucionalmente, na Câmara dos Deputados. Não foi diferente na Inglaterra quando fora a Câmara dos Municípios que deu início ao processo de impeachment de William Latimer em 1376.

No caso brasileiro, observamos que esta primeira etapa do processo foi respeitada na Câmara dos Deputados que tratou o pedido em impeachment segundo as leis nacionais e seus regimentos internos. Após todos os trâmites legais e formais, os debates contraditórios de uma duração de sete meses que seguem sua aprovação por 367 votos a favor, 137 contra, 7 abstenções e 2 ausências, os deputados encaminharam o pedido de impeachment ao Senado que terá o direito de tomar, em última instância, a decisão final. De fato, pelo que temos observado, o impeachment respeitou, cuidadosamente, os procedimentos formais, legais, jurídicos e institucionais: Os advogados da Dilma asseguraram, plena e integralmente, sua defesa; a acusação por sua vez assumiu seu papel com excelência; por fim, no Plenário onde os senadores se erigiram em juízes os debates contraditórios aconteceram perfeitamente. Na forma, esses procedimentos do impeachment pareceram simples, não obstante, no que diz respeito ao conteúdo, ele era um processo complexo e complicadíssimo à medida em que provocaria debates dialéticos e retóricos entre verdadeiro e falso muito animados. Saber se as regras de imparcialidade, de transparência e de neutralidade foram respeitadas aí é um outro debate.

O impeachment, não só Brasil, mas também nos Estados Unidos e na Inglaterra (onde nasceu) não é um processo tipicamente jurídico nem exclusivamente político. Mas, pelo que temos observado no caso brasileiro, ele era simultaneamente conduzido pelos poderes legislativo e judiciário, ele era os dois ao mesmo tempo. Nesse caso, se trata de um processo que tem uma natureza híbrida no qual se atuam o judiciário e o legislativo contra o executivo. Apesar de ter um caráter híbrido na teoria, na prática, por ter sido conduzido pelas instituições eminente e essencialmente políticas, a saber, a Câmara dos Deputados e o Senado, o impeachment brasileiro teve uma natureza dominantemente política. Isso significa que é preciso ter um sistema político com instituições políticas fortes como, por exemplo, o parlamento e a justiça para que o impeachment não fique somente no papel, mas possa ser efetivamente aplicado quando for necessário.

Aliás, a qualificação de golpe (parlamentar ou institucional) que cai sobre o impeachment brasileiro provém, sobretudo, desta predominância política, ou seja, pelo fato de ter sido mais reduzido ao seu aspecto político do que jurídico. Todos os atores nele envolvidos o reconhecem. Mas se, como acabamos de ver no caso brasileiro, todos os procedimentos constitucionais, legais, judiciários, jurídicos, administrativos e institucionais foram, a nosso ver, cumpridos, a saber, a reunião das provas materiais essenciais, o respeito da constituição e das leis, a participação das instituições competentes, o cumprimento impecável do papel da acusação e da defesa, por fim, os debates públicos contraditórios competentemente conduzidos, em que sentido poderíamos chamar o impeachment que ocorreu no Brasil de golpe, seja institucional, parlamentar ou clássico?


3. A ênfase sobre o argumento golpista do impeachment

Desde o início do processo de impeachment, há um aspecto interessante que nos chamou muito atenção, se trata do debate ideológico e conceptual em torno da palavra golpe que foi usada frequentemente, em particular, pela defesa para caracterizar o impeachment. A própria presidente, tanto nas suas diferentes intervenções e entrevistas midiáticas quanto no dia J do seu depoimento (29 de agosto de 2016) no Senado, empregou, repetidamente, o mesmo conceito para assegurar sua defesa perante um Senado nos olhos do qual poderíamos ler uma condenação prévia da senhora. Não podemos contar, assim, quantas vezes esta palavra foi evocada pelos defensores e partidários da Dilma tanto na sociedade como no Senado não para qualificar o processo do impeachment, mas para desqualificá-lo. Talvez, eles estejam certos desde que possuam provas suficientes para mostrar que não há crime de responsabilidade nem pedaladas fiscais cometidos pela senhora para ter o impeachment. É nessa perspectiva que estão defendendo veementemente a tese de golpe: um golpe clássico, parlamentar, judiciário ou institucional na política moderna brasileira como apontaram. Podemos dizer, resumidamente, que se tratava de uma das armas poderosas de combate que a defesa empregava para desmontar a acusação demonstrando a falsidade dos seus argumentos.

3.1. A expressão de golpe no depoimento da presidente Dilma Rousseff no Senado

Os debates já se anunciam muito provocadores e polêmicos entre a defesa e a acusação no Plenário que ia ser investido da presença do personagem chave do processo, a saber, a presidente afastada Dilma Rousseff que está sendo aguardada no Senado no dia 29 de agosto de 2016 às 9h da manhã para poder assumir, pessoalmente, sua defesa, ser ouvida pelo presidente do STF e interrogada pela defesa, pela acusação e pelos senadores, oponentes como partidários. Neste dia, que marcou a quarta sessão da fase do julgamento final do impeachment, o mundo vai saber se Dilma é culpada ou não. Com efeito, no discurso de depoimento da presidente afastada - além de reiterar e reforçar ainda mais fortemente o argumento de golpe - ela defendeu corajosamente sua inocência e denunciou os abusos e a injustiça que, segundo ela, se aplicam contra ela. ''Não cometi os crimes dos quais sou acusada injusta e arbitrariamente[2]'', disse ela. Isto tendeu a justificar, por uma outra vez, seu caráter de guerreira, de combatente incansável, de defensora da democracia.

Podemos ressaltar que o depoimento da presidente, neste dia de 29 de agosto de 2016 no Senado, se articulou em torno de vários pontos dentre os quais três principais chamaram mais nossa atenção: a historia pessoal da senhora, sua luta pela democracia e a denuncia do golpe. Mais uma vez, esta expressão de golpe à qual nos interessamos mais volta e é de uso da própria presidente. Após lembrar de um lado a senhoras senadoras e senhores senadores seu percurso de resistência à ditadura que ela mesma sofreu porque foi presa injustamente enquanto que ela era jovem, do outro lado sua luta incansável pela democracia, ela reconstituiu a historia das diversas tentativas de golpe que os presidentes que a antecederam enfrentaram. Alguns, como João Goulart, conseguiram superar um golpe parlamentarista outros não. Outros ainda, sob a pressão das elites cujos interesses foram ameaçados, se suicidaram. Foi o caso de Getúlio Vargas.

Essa lembrança explica que no Brasil, como nos outros países da América Latina, existe uma cultura política de golpe. golpe militar particularmente. Por ter sido usado pela própria presidente, o conceito de golpe, acreditamos, acabou de ganhar outras conotação, repercussão, consequência e outro significado, portanto, seu uso era suscetível alterar, hipoteticamente, as tendências da votação final. Com efeito, como até seu comparecimento no Senado, a senhora incarnou uma instituição prestigiosa que é a presidência, e como os poderes Executivo, Legislativo e Judiciário se devem respeito recíproco entre eles tanto nas expressões nas ações quanto do ponto de vista ético e moral, pois nos é difícil conceber que um possa qualificar outro de golpista. Seria institucionalizar o golpe. Isso não somente parece muito perigoso pela democracia como também pode ser interpretado como uma espécie de ofensa e ameaça moral às instituições republicanas. Assim, nas palavras da senhora, golpe significaria usar pretextos e falsos argumentos, não ter crimes de responsabilidade respectivamente definidos na constituição, empregar retórica jurídica na base das leis e da constituição para derrubar um governo democraticamente eleito. ''São pretextos para viabilizar um golpe na Constituição. Um golpe que, se consumado, resultará na eleição indireta de um governo usurpador[3]''. Sempre golpe de estado resulta da ruptura histórica e democrática, apontou ela.

O depoimento da presidente, que abriu o quarto dia final do julgamento foi seguido pela etapa interrogatória da defesa, da acusação e dos senadores-juízes (partidários e oponentes) à qual era submetida a senhora. Era igualmente a ocasião para a senhora fazer valer seus direitos como acusadora. A maioria dos senadores-juízes que assistiu seu discurso se sentiu decepcionada e ofendida após ouvir tantas vezes o uso da palavra golpe. O voto final, no dia 31 de agosto, ia refletir esta tendência. Com efeito, após seis dias de debates contraditórios dos últimos momentos do impeachment, uma maioria esmagadora de 61 senadores cassaram o mandato da Dilma, só 20 quiseram que ela fique para continuar a assumir a presidência. No processo do impeachment, os senadores desempenharam um papel de juízes enquanto que a acusação era representada pelos juristas Miguel Reale Jr. e Janaina Paschoal e a defesa assegurada pela Advocacia-Geral da União composta por José Eduardo Cardozo, Nelson Barbosa e Kátia Abreu.

3.2. O argumento de golpe nos argumentais da defesa

A noção de golpe efetuou, com frequência, um certo vai e vem nos vocabulários da defesa ao longo do desenrolamento deste processo. Sem precisar voltar muito atrás do seu uso na Câmara dos Deputados, José Eduardo Cardoso, o advogado da Dilma, já o qualificou várias vezes desta maneira porque, disse ele, ''impeachment sem crime de responsabilidade configura golpe'' (Jornal do Senado, 4 de abril de 2016). As denuncias continuam da mesma forma perante o Senado quando, em 2 de maio de 2016, a defesa declarou: ''do jeito que está sendo feito, o processo caracteriza golpe (Jornal do Senado, 2 de maio de 2106). É claro que o jogo se fazia muito sensível num ambiente em que temos uma acusação que sustenta e uma defesa que recusa. Sem negar os aspectos políticos e politizantes, o fato é que os argumentos de golpe da defesa nos debates ocorridos na comissão especial senatorial não conseguiram convencer a acusação e os senadores-juízes e duvidosos. Na verdade, a acusação não precisava ser convencida e nunca o será porque seu papel é acusar.

Era muito instrutivo assistir estes debates dialéticos e contraditórios em que a retórica e a erudição não se faltaram. Mas, sobre esta estratégia empregada tanto pelos defensores da presidente Dilma Rousseff como por ela mesma segundo a qual o impeachment seria um golpe de estado, estou, cada vez mais, me questionando: Será que era a melhor argumentação estratégica da defesa para, realmente, defender a acusada? Mas, se a acusada fizer a mesma coisa, será que eram, em ambos os casos, as melhores técnica e formula de combate? Qualificando de golpe um impeachment previsto pela constituição, pelas leis nacionais e respeitosa dos procedimentos não seria ofender os Senadores e Deputados? Não seria desvalorizar e cuspir sobre a prestigiosidade das instituições políticas como a Justiça, o Congresso, mesmo o Executivo, cujo, apesar de tudo, Dilma incarnou a figura? O qualificativo ''golpista'' não era forte demais e não seria também uma forma de violência simbólico-verbal contra os juízes-senadores e, assim, um desrespeito à sua função? Interrogando-me dessa maneira, estou me interessado mais em analisar no sentido de que o uso da expressão de golpe foi vantajoso ou desvantajoso pela Dilma e se ele não estaria à origem da sua destituição acelerada. Ou seja, o que aconteceria se não fosse usado tão excessivamente este conceito que parece ter um caráter ofensivo e agressivo para os parlamentares?

As palavras têm seu sentido. Cada conceito é, geralmente, polissêmico. Não temos a pretensão de fazer um curso de técnica de uso dos conceitos a estes eminentes, competentes e combatentes advogados que defenderam brilhantemente a Dilma. Mas, com o qualificativo de golpistas atribuído aos senadores estamos percebendo que ele acelerou mais rapida, severa e colericamente a destituição da Dilma Rousseff. Gostaríamos de considerar um pressuposto fato único para tentar desenvolver nossa argumentação. Trata-se das variações dos votos dos senadores desde a aceitação do relatório do senador Antonio Anastasia até o julgamento final. Esta escolha se justifica pelo fato de que o Senado era a última instância a decidir se deve condenar ou inocentar a acusada do processo de impeachment. É, além disso, a instância perante a qual a defesa poderia jogar todas as cartas para tentar impedir que sua decisão seja a favor da continuação do processo. Daí a pergunta seguinte: Como e por que no último dia do julgamento final mais senadores do que nunca votaram contra a presidente enquanto ela precisava de menos que 54 votos para se ver restabelecida no seu cargo?


4. Análise da votação do impeachment no Senado

Após ter passado 7 meses na Câmara dos Deputados, o processo de impeachment contra a presidente Dilma Rousseff chegou, finalmente, em abril de 2016, ao Senado Federal - lembrando que cada uma dessas instâncias legislativas decide separadamente em plena independência e autonomia e, também, a decisão de uma não afeta a da outra. O Senado tem que decidir da admissibilidade do relatório da Câmara dos deputados a fim de determinar se sim ou não se continuará o processo. Para isso, em abril de 2016, foi eleita uma comissão especial de impeachment senatorial para estudar e avaliar o relatório da Câmara dos Deputados. No caso o Plenário aceitar o relatório da comissão, o processo de impeachment vai prosseguir, ele será suspenso no caso contrário. Infelizmente, após a audição de muitos eminentes peritos e testemunhas tanto na defesa como na acusação, os senadores-comissários chegaram à conclusão de que o relatório dos deputados é constitutivo de provas materiais suficientes para que o impeachment se prossiga. De fato, em maio de 2016, em sessão não plenária 15 contra 5 senadores aprovaram o relatório apresentado pelo senador Antonio Anastasia.

Embora estejamos confusos sobre os critérios de votos dentro de uma comissão especial senatorial de impeachment formada por 21 titulares e 21 suplentes, podemos estabelecer que com 15 contra 5 a maioria não era tão grande. Todavia, a defesa tinha a plena responsabilidade de buscar oportunidades favoráveis para conseguir o arquivamento do processo nas comissões ou em qualquer etapa em que ele esteja. Não tendo conseguido, então, o processo prossegue ao Plenário que terá a prerrogativa de apreciar o relatório. Chegando ao Plenário - aí é o princípio de 2/3 que se aplica - o relatório provocou ainda outros debates durante os quais a defesa e os senadores aliados da Dilma continuam defendendo o argumento de golpe. O Senado em sessão plenária teria que aprová-lo ou rejeitá-lo. Assim, uma aprovação significaria automaticamente o afastamento da Dilma por 180 dias, por outro lado, abriria um processo para o seu julgamento.

De fato, em 12 de maio de 2016, o Senado composto de 81 senadores, reunido em sessão plenária, se pronunciou com 55 (2/3 + 1) (67,9%) votos a favor e 22 (27,16%) contra sobre o relatório da comissão senatorial para a abertura do processo de impeachment. Este voto afastou, de maneira provisória, Dilma Rousseff do poder por 180 dias como foi previsto. Consequentemente, se inicia, primeiro, o processo de seu julgamento, segundo, o Brasil entra numa fase política transitória assumida desde a mesma data pelo vice-presidente como previsto na constituição federal e, terceiro, o STF assume agora o processo de julgamento. Vimos que com dois votos a menos (53), Dilma teria podido escapar a este afastamento provisório, porque precisava-se só 54 senadores para aprovar o relatório. O que significa portanto que não faltou muito para que o processo tenha sido suspenso. Podemos atribuir esta decisão do Senado à uma pré-destituição porque se a defesa não tem conseguido impedir o impeachment nestas fases que chamamos preliminares, pois lhe será mais difícil fazê-lo nos dias do julgamento, fase definitiva. Também, esta decisão, embora não definitiva, traduzia uma certa convicção dos senadores de que Dilma deverá ser julgada por crimes cometidos.

Com efeito, o afastamento da presidente foi seguido por três meses de debates no Senado, e, entre 9 e 10 de agosto de 2016, 59 (2/3 + 5) senadores decidiram que Dilma Rousseff vá à fase de julgamento final contra 21. Esta decisão dissipou todas as dúvidas e colocou fim ao mistério para saber se ela ia sim ou não ao julgamento final. Se tornou assim claríssimo que a acusada será efetivamente julgada pelo Senado. A fase deste julgamento final, assumida pelo STF, teve por objetivo condenar Dilma ou inocentá-la definitivamente. A presença desta instituição judiciária permitiu atenuar um pouco os aspectos políticos dominantes do processo e lhe confere um certo caráter jurídico-judiciário legítimo. 

Em comparação à votação de 12 de maio, estamos constatando que, na de 10 agosto para determinar o julgamento, a acusação e a oposição obtiveram 4 votos a mais. No dia do afastamento da senhora presidente, dentre o número de 81 senadores, 77 têm, manifestamente, expressado seu voto enquanto que quatro ficavam indecisos ao se terem abstido. Se a votação determinante da entrada da Dilma em julgamento era mais que a do seu afastamento, resulta que a defesa não conseguiu convencer e ganhar a confiança até dos senadores duvidosos. Entretanto, a oposição e a acusação, por sua vez, conseguiram ganhar 4 votos a mais. O que significa que suas argumentações convenceram ainda mais pessoas e, talvez, a percentagem vá crescendo no mesmo ritmo. Em outras palavras, se, de um lado, estes 4 senadores eram duvidosos, é que estavam perplexos e sua convicção no ar no que diz respeito aos argumentos das duas partes. Do outro lado, se eles foram ganhados pela defesa, isso poderia complicar o processo esperando seu eventual arquivamento.

O que estamos constatando é que a votação final era muito maior do que todos os outros votos no Senado desde o início do processo. O que explica isso? Talvez, aspectos múltiplos, plurais e complexos. Porém, na nossa apreciação, gostaríamos de sublinhar alguns elementos. Primeiro, a defesa e a Dilma não conseguiram libertarem-se da ideia de golpe, lhes era um tipo de obsessão. Um argumento inconsistente e ofensor para os maiores senadores-juízes. Em segundo lugar, os senadores oponentes que recusam o argumento de golpe eram maiores que os partidários, e o número em vez de diminuir, crescia cada vez mais. Devemos considerar também, em terceiro lugar, que a defesa falhou no seu papel de predileção de convencer. por fim, mesmo se fosse difícil avaliar o conteúdo das argumentações que ela apresentou, o resultado final era bastante suficiente para entender esta fraqueza e impotência das mesmas.

Todavia, se a defesa perdeu de um lado, ela conseguiu alguma coisa do outro: Segundo sua demanda, a votação pela perda dos direitos políticos aconteceu separada, isso resultou na notação de 42 senadores a favor e 36 contra. O que faz com que Dilma, apesar de ser destituída da presidência, possa continuar a exercer seus direitos políticos, porque precisava-se de 54 votos a favor para perder esses direitos. Em outras palavras, a presidente Dilma Rousseff poderá assumir cargos políticos como se candidatar às eleições presidenciais. Se segundo alguns senadores, este procedimento de votação separada pela perda dos direitos político da presidente era inconstitucional e ilegal, ele era, no entanto, favorável à Dilma por quem o impeachment era puro pretexto para destituí-la por não ter cedido às chantagens. No seu discurso de depoimento, ela deixou claro entender que o impeachment era o preço a pagar por sua honestidade e seu rigor na gestão das coisas públicas, tais qualidades eram um verdadeiro obstáculo aos interesses das elites econômicas conservadoras brasileiras. Assim, desde o início do processo, a ideia de golpe além de convencer ninguém, apresenta alguns problemas.


5. O problema do argumento de golpe

Por golpe devemos entender a maneira inconstitucional e ilegal de conquistar o poder sem passar pelas eleições normais derrubando o governo legitima, legal e constitucionalmente reconhecido. Preparado, geralmente, num perfeito segredo com a cumplicidade de uma parte da sociedade política e da sociedade civil um golpe resulta da traição, da conspiração e do uso da força. Uma das características do golpe é que ele é surpresa e surpreende sempre a população e aqueles que o sofrem. Falar de golpe quando três poderes estavam se envolvendo num processo que respeitou as prerrogativas constitucionais e legais é incompreensível e problemático. Qualificar de golpe um processo que durou exatamente 11 meses é também chamar, direta ou indiretamente, de golpistas deputados, senadores-juízes, presidente do STF, símbolo do poder judiciário. Era possível e previsível que uma tal qualificação detone a decepção e a cólera dos senadores. Além disso, é compreensível esperar que um tal termo de golpe seja usado por uma defesa que está executando um trabalho de profissionalismo jurídico, porém, quando vier de uma presidente é outra coisa. O argumento de golpe usado de maneira reforçada e enfatizada pela presidente no dia do seu julgamento final era visto como uma provocação, porque colocou em questão a competência das instituições legislativa e judiciária. Desde o início do processo o argumento de golpe, sendo confuso, enviou, de fato, uma mensagem errada sobre o funcionamento institucional e político do Brasil.

A tese de golpe acusa uma certa ambiguidade na medida em que podemos supor que as duas partes estavam dizendo a verdade e que seus argumentos tenderam a confundir golpe e injustiça. Ela era, por outro lado, de difícil apreensão à medida que se confirmam os caráteres constitucional, institucional, legal e legítimo do impeachment. Se após ter sido apreciado, estudado e analisado por todas essas prestigiosas instituições como a Câmara dos Deputados, o Supremo Tribunal Federal, o Senado, o impeachment é qualificado de golpe, é que o Brasil está mergulhando numa crise de governabilidade, de corrupção e de descredibilidade institucional gravíssima. Os brasileiros se mostrariam, por assim dizer, desconfiantes nas instituições públicas brasileiras e o resultado desta desconfiança seria a agravação da vida social do povo e a instabilidade. Ademais, o golpe não é uma instituição, é uma ação brutal que, embora preparada, se cumpre na espontaneidade. Ou seja, golpear alguém é mandá-lo embora brutalmente do poder sem que este tenha o direito de defender suas opiniões. Num golpe não há tempo para discussões sabedoras, dialéticas e intelectuais como isso ocorreu no impeachment brasileiro. 

Outro problema que provoca a ideia de golpe é que ela tem uma conotação fortemente política e politizante. Se, realmente, não tivesse crime de responsabilidade, entendemos que era mais plausível falar de injustiça que golpe. Não estamos defendendo se houve golpe ou não. A defesa poderia certamente ter razão, porém, o que observamos é um uso excessivo e abusivo e, às vezes, incorreto e ambíguo do conceito de golpe que comprometeu muito a fiabilidade, a confiabilidade e a credibilidade dos argumentos da defesa apesar da sua força. 
Os senadores veem na palavra de golpe reiterada muitas vezes pela senhora presidente e seus partidários uma ofensa tanto a eles como pessoas físicos e eleitos quanto à instituição que eles representam e, também, uma ameaça à democracia e às outras instituições políticas da república. Eles se sentiam assim atacados na sua dignidade, autoridade e capacidade de ser dirigentes do país. Assim, se deveríamos ver no impeachment brasileiro um golpe é que Brasil está inovando alguma coisa que ainda não existe em nenhum país do mundo no sentido de que os golpes que a historia clássica mundial nos ensina e que aconteceram na América, na Europa e na Ásia são amiúde violentos, militares e surpreendentes, portanto, não obedecem  a todas essas etapas pelas quais passou o impeachment.

Alguns adversários da Dilma como, por exemplo, a senadora Simone Tebet, criticam a tese de golpe da defesa. 

Eu acho engraçado que aqueles que falam em defesa da democracia não falaram que foi golpe o impeachment do ex-presidente Collor. Aliás, eles o provocaram. Nem que foram golpe as inúmeras tentativas de impeachment contra Itamar [Franco] e contra Fernando Henrique Cardoso, diz ela (Jornal do Senado, 29 de abril de 2016).  

A ideia de golpe no contexto do impeachment brasileiro nos faz cair numa armadilha de retórica enganosa, perigosa, cansativa e desvantajosa para a sociedade e as instituições. A periculosidade da tese de golpe é que ela é muito perplexa e confusa e tende a desconfigurar, esconder e desnaturalizar a realidade. A tese de injustiça intervém também e nos parece mais razoável, porque a justiça em si não é sempre justa. Agindo com olhos fechados, ela condena, acidentalmente, inocentes em lugar de criminais. Embora isso aconteça raramente num sistema de justiça forte, não se trata de acreditar cegamente na infalibilidade da justiça. O impeachment, talvez, possa ser injusto e traduza uma grande injustiça contra a presidente Dilma, mas assimilá-lo ao golpe de estado fragiliza a construção da democracia e da governabilidade no Brasil.

Da mesma maneira que os olhos do mundo inteiro ficavam brilhando sobre o Brasil nos momentos da Copa das Confederações (2013), da Copa do Mundo (2014) e das Olimpíadas e Paraolimpíadas (2016), os quais megaeventos deram ao Brasil uma grande visibilidade internacional, a comunidade internacional estava assistindo atenciosamente o processo do impeachment que, agora, do ponto de vista histórico e processual, já se inscreve na memória do povo brasileiro mesmo se seus efeitos vão continuar a se fazer sentir. Além destes eventos esportivos e culturais, acreditamos que, nos últimos dias do mês de agosto de 2016 após as Olimpíadas, o impeachment atraiu muitas atenções e provocou muitas interrogações e dúvidas no Brasil e no mundo, porque se tratava de tudo um sistema social, político, diplomático, econômico e jurídico em perigo. Nesse sentido, tanto na escala nacional como internacional, o futuro social, político, econômico e diplomático do Brasil dependia muito do resultado deste processo. Em resumo, a vida dos brasileiros e estrangeiros (empreendedores capitalistas sobretudo) estava na mão do impeachment. 


Considerações finais

Não podemos concluir este artigo sem sublinhar, em primeiro lugar, uma das ideias defendidas pelos partidários da Dilma durante este processo: É que se ela for cassada e que Temer assuma o poder, este se tornaria ilegítimo e usurpador de poder, pois o povo não votou nele, votou na Dilma. Nos é difícil entender esta ilegitimidade de um vice-presidente que a constituição nacional brasileira reconhece como sucessor imediato e direto do presidente eleito em caso de ausência, de morte, de impedimento e de destituição. É verdade que o povo brasileiro votou diretamente na Dilma, não no Temer, mas num sistema de presidencialismo - como nos Estados Unidos e no Brasil - o vice-presidente é eleito juntamente com o presidente e o substitui automaticamente em um dos casos supramencionados. Mesmo se no campo intelectual político brasileiro ainda não haja unanimidade sobre a natureza do sistema político brasileiro, mas a partir deste processo é claro entender que o Brasil adota como regime político o presidencialismo que, aliás, parece ser um dos regimes políticos que permite evitar a lacuna institucional.

Em segundo lugar, o fim do impeachment brasileiro nos deixa ainda numa grande perplexidade, incerteza, confusão  no que diz respeito à natureza imparcial e neutra dos senadores. Além disso, ele suscitou em cada indivíduo vivendo no Brasil uma improbabilidade do futuro do país. Pelo que percebemos, o senadores desempenharam um papel de juízes, mas, ao longo do processo eles apareceram muitas vezes com um comportamento de acusadores e oponentes através das suas expressões. Nesse caso, parecia que Dilma era previamente condenada e não precisava se defender nem ser defendida. Ou seja, os senadores eram juízes e partes ao mesmo tempo e poderíamos mesmo salientar que eles foram atravessados por uma certa obsessão de condená-la. Portanto, apesar de seus caráteres constitucional, legal e institucional é possível questionar a imparcialidade e a neutralidade dos atores do processo de impeachment brasileiro. Todavia, se devermos deixar de lado todo fanatismo, partidarismo, sentimentalismo, propagantismo, populismo e emocionalismo, podemos dizer que o impeachment brasileiro foi marcado por uma relação de força e traduz, a despeito de tudo, a potência, a capacidade e a força de um poder de limitar as ações do outro.

Jean FABIEN                                             

Campinas, 17 de setembro de 2016



[1] O conteúdo integral da carta de Michel Temer está disponível em: http://g1.globo.com/politica/noticia/2015/12/leia-integra-da-carta-enviada-pelo-vice-michel-temer-dilma.html. Acesso em: 15. Set. 2016.
[3] Ibid