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samedi 7 novembre 2015

CE QU´IL FAUDRAIT COMPRENDRE DE LA JOURNÉE DU 25 OCTOBRE 2015: ET SI C´ÉTAIT UNE FARCE?

Le CEP se féliciterait d´un éventuel bon coup de filet; le gouvernement célèbrerait malignement dans le secret une réussite qui n´en est pas une; l´institution policière se rejouirait d´avoir été, mis à part l´ingérence directe de la Minustah, à la hauteur d´assurer la sécurité civile des citoyens; certains partis politiques crient déjà à la victoire, d´autres au scandale, aux fraudes massives et au bourrage d´urnes et appelleraient à la mobilisation populaire; l´International pourrait se vanter d´avoir, une fois de plus, bien accompli son jeu mafieux et malsain; les médias en parlent bavardement comme d´habitude; la société civile, farouchement divisée sur le sujet électoral, se sentirait prête à acceuillir en dépit de tout les ''nouveaux élus''; les masses populaires seraient, peut-être, entrain de fourbir leurs armes, enfin, le suspens est fort et presqu´épouvantable, comme si, ce 25 octobre 2015, il y eut ce qu´en France, au Canada, aux États Unis - pour ne citer que ces géants - on appelle effectivement élections. Fou ou sage; bête ou érudit; intellectuel ou analphabête, aucun, dans ces sociétés dites civilisées, n´ose questionner la légalité, la légitimité et la crédibilité de l´appareil voire du processus électoral. Pourquoi? Au-delà de toute fermeté, célérité et sévérité du dispositif bureaucratique dont disposent ces pays développés, une chose leur préserve de telles allégations, soit nationales ou internationales, c´est leur souveraineté: Ils sont des États souverains, et, à ce titre, leurs problèmes sont traités sans même imaginer à une immixtion d´une tierce partie. L´objectif du présent article est donc de provoquer quelques réflexions critiques sur cette journée du 25 octobre, comme nous l´avons fait auparavant pour celle du 9 août 2015, afin de comprendre ce qui s´est réellement passé et de révéler quelques duperies dont est continuellement victime le peuple.

Une farce voilà ce à quoi peut se résumer cette journée du 25 octobre que plusieurs se plaisent à dénommer ''journée électorale''. Une farce se traduit par quelques actions drôles bien réfléchies et préparées dans l´intention de contourner la réalité, cacher la vérité et bafouer une situation déjà trop critique. Elle suscite le plus souvent, dans un cadre théatral, le rire, la plaisanterie et la raillerie pour faire oublier la douleur et les affres de la vie. Par contre, lorsqu´il s´agit d´une réalité sociale, politique et économique, elle renvoie au mépris des plus vulnérables. Ce qui s´était passé ce dimanche 25 octobre 2015, qu´on appelle improprement ''élections'', à l´attention du peuple haitien pour le renouvellement des conseils municipaux, de la chambre des députés, du sénat et du président, ne peut être qu´une farce ayant pour finalité de continuer à tromper le peuple et faire fi de sa misère au quotidien. Nous n´avons pas besoin de redire pourquoi jusqu´à date, dans le contexte politique haitien, il est difficile de parler d´élections dans le vrai sens du terme.

Toutefois, il convient de rappeler que la nature et le type de démocratie qui se pratiquent en Haiti sont complètement et absolument incompatibles au concept d´élection, donc, ne permettent pas de parler, d´un point de vue rationnel, d´élection. Pourquoi? Pour la simple raison qu´on élit par le vote, or, si le vote du peuple, qui devrait constituer sa seule et unique arme vierge et puissante pour exprimer sa souveraineté, n´en est pas un, il est difficile d´entendre le concept d´élection inséparable du vote qui est un acte éminemment démocratique. Par ailleurs, il est également irrationnel de concevoir une élection en dehors de la souveraineté populaire, ce pouvoir suprême, intransmissible et perpétuel que détient le peuple de décider de son propre destin. La souveraineté de l´État et la souveraineté du peuple - toute problématique et complexité mise de côté - vont de pair, l´une complète l´autre et sont, par conséquent, non exclusives. Ce genre de processus électoral, tel que conçu dans le milieu socio-politique haitien est organisé pour se foutre de l´amertume du peuple, l´éternelle victime des contrecoups des crises de toute nature (naturelle, politique, environnementale, économique, individuelle ou sociale). En outre, plus tard, pour cacher la vérité, il s´avère plus facile de l´accuser d´être le créateur de son propre malheur à cause d´un prétendu choix qu´il aurait fait, pourtant, en réalité, il n´avait du tout rien choisi, il a tout simplement été l´acteur mineur d´un jeu politique complexe et hautement planifié dont il est une marrionnette et, malheureusement, incapable de se rendre compte pour agir en conséquence.

Oui, c´est un fait qui ne s´obstrue à personne qu´une infime partie du peuple haitien, non massivement comme on se plaît à l´énoncer, a, innoncemment, repondu à un appel ce 25 octobre. Au début, il convient de l´entrevoir comme acteur mineur, un agneau immolé du jeu mafieux des grands décideurs nationaux et étrangers de la destinée d´Haiti. Par contre, il sera, à la fin, la seule et la principale victime puisque sa situation sociale n´est pas appelée à changer. Donc, ce processus fait automatiquement de lui une victime stigmatisée, et de celui-ci le victimaire. Le peuple n´est pas une fiction ni une abstraction, il est moins fictif que la société; il est réel en chaque être humain et chaque individu en porte une étincelle. Le peuple, qui est l´agglomérat composé d´un nombre indéterminé et éparpillé d´êtres humains sur un espace territorial, agit, réfléchit, se nourrit, souffre, se sent mal en même temps qu´il peut être content, donc, la meilleure façon de définir le peuple est de prendre en compte l´être humain en soi avec ses nécéssités urgentes comme moins urgentes. Or ce qu´on appelle ''élections'' en Haiti est une indécence administrative, une imposture intellectuelle, une insulte à l´intelligence et une gifle à la dignité, quand elles se tiennent, elle vont toujours à l´encontre des besoins les plus fondamentaux et élémentaires du peuple. Sur ce, il y a au moins trois manières de comprendre comment la volonté du peuple se trouve empétrée, truquée, enfouillée voire exclue et rejetée dans le processus du vote. 

D´abord dès le départ il se pose un problème de confiance et d´humanité dans le processus du vote. Le problème de confiance se trouve au côté du peuple qui, contraint à entrer dans ce jeu parce que mis, bétonné et oublié dans une situation de miserabilité voulue et imposée par les classes dominantes, ne fait confiance à l´appareil organisateur du soit disant processus électoral encore moins aux acteurs politiques qui y sont impliqués, à l´inverse, ces derniers ne se fient ni au pouvoir ni à la volonté du peuple de leur concéder le pouvoir, mais, se confient plutôt en un International fictif et réel. Mais, le peuple sait et est conscient qu´agir de la sorte ne peut que préparer son propre suicide, et que, malgré lui, cet acte servira à enrichir ceux qui travailleront contre lui. Le problème d´humanité, en revanche, concerne les grands décideurs qui, ayant, malheureusement, entre leurs mains le destin de ce pays, sont insensiblement sourds et aveugles aux cris de misère, de salubrité, de faim, de pauvreté du peuple causés par l´exclusion sociale, l´inégalité sociale, la corruption politique au plus haut sommet des institutions étatiques; se plaisent à agresser le peuple par leurs actions et actes extravagants; s´amusent à se moquer de lui en annonçant de projets grossiers et arrogants dont ils savent pertinemment irrealisables.
Les gens du peuple sont moins que rien pour ces derniers et ils continuent de tout manigancer afin de le maintenir, l´enfoncer et le paralyser dans cette déshumanisation. Dans un pareil cas, il est faux que le bulletin de vote soit la solution aux problèmes de ce peuple agonisé. La solution à ses problèmes ne peut se retrouver dans un bulletin de vote corrompu, truqué et empoisonné au départ, mais dans l´arme magnanime révolutionnaire à laquelle tout peuple meurtri, maltraité, violé, méprisé, tortué et mutilé moralement ou physiquement doit essentiellement et obligatoirement recourir. Son ultime arme est, reste et demeure la révolution. Pas une révolution pour révolution, mais une révolution pour changer l´ordre des choses et prendre en main sa destinée en se substituant, comme insiste Lénine, à l´appareil de l´État. Car, qui peut parler réellement au nom du peuple, faire entendre sa voix, défendre vigoureusement ses intérêts, révendiquer ses droits, exprimer le refus de sa déshumanité, si ce n´est le peuple lui-même?

En second lieu, dans le cas d´Haiti, ce n´est pas que le peuple ne sache choisir ou soit sans conviction au moment de faire un choix, mais il se trouve que cette conviction est complètement désarmée devant la faim, la pauvreté et la misère avec des marques visibles partout sur son corps et son visage. Outre que l´appareil est de plus en plus incrédible, cette conviction est, en d´autres termes, vulnérable, fragile, facile à être marchandée et exposée aux chantages des agents bien entraînés et préparés à cette fin. De ce fait, au moment de choisir, les gens du peuple sont facilement exposés aux agressions verbales, à la violence morale et psychologique et même physique parce que leur sécurité morale et psychologique dans l´accompagement et la sûreté de leur choix importe très peu, c´est l´image ou la farce qui compte pour ceux qui décideront. La non garantie du vote en question et le doute qui environne son respect  ne commencent pas dans les centres de tabulation où se comptent les bulletins de vote, mais, dès l´instant même où les gens du peuple, anxieux, motivés et craintifs, se pointent à un bureau de vote, y rencontrent un agent qui est déjà sur place pour le contraindre moralement à choisir un candidat contre ses propres gré, volonté et conviction. Si cela se passe ainsi durant le déroulement du vote, par contre, il faut s´attendre au pir dans les centres de tabulations où se déroulent les opérations de comptages des bulletins et procès verbaux. Mais, en réalité, rien ne s´y compte vraiment, c´est la stratégie de la farce et de la tromperie qui continue. Le peuple se fait, en conséquence, malgré lui, complice des impacts malheureux qui découleront d´une telle décision dans le futur. En fait, sa présence au bureau de vote n´est pas pour voter mais pour se faire envoûter.  

Le troisième élément prend en compte le courant idéologique voulant faire croire que certains candidats achèteraient le vote du peuple, lequel courant ne nous convainc pas du tout et, de plus, nous paraît irrationnel, car, si cela était vrai, le peuple ne serait pas autant misérable, il saurait faire du marché noir avec son vote et l´aurait transformé en un bien économique rare dans la mesure où il sait pertinemment qu´il est sien et sera réellement compté. En outre, il faudrait que le bulletin de vote du peuple soit effectivement le reflet de la volonté collective et que ce vote soit moralement, psychologiquement et physiquemente assuré et respecté pour qu´il puisse avoir l´habilité de le vendre à un quelconque candidat, car, on ne peut vendre que ce dont on est propriétaire. Donc, si le vote n´appartient pas au peuple, il n´est qu´une farce pour le tromper indéfiniment, il ne peut le vendre à qui que ce soit. De plus, une telle vente signifirait que le vote du peuple aurait non seulement pour les acteurs et grands décideurs politiques une certaine importance voire une grande valeur, mais surtout, il déterminerait et orienterait la décision finale. Or, si le vote auquel le peuple est appelé n´est qu´une farce destinée à le rendre à la fois victime et complice, un jeu à somme nulle pour lui, autrement dit, une manière de le passer en dérision et de le transformer en la risée du monde en vilipendant son intelligence, nous avons jusque là du mal à entrevoir le fondement logique d´une telle vente de vote s´il ne s´agit pas de machination politique.

Pour conclure, il faut comprendre que le vote en soi importe moins que le faire semblant d´aller voter auquel le peuple est astreint; il y a une très grande contradiction entre la massivité des gens devant les centres de vote et le vote en soi, car, ceci a pour objectif de renvoyer une image voulant faire croire au monde entier que c´est le peuple qui serait entrain d´agir, pourtant, la décision finale est toujours le contraire de son choix et se sait d´avance. La journée du 25 octobre a été tout simplement une diversion et une distraction de très mauvais goût orchestrée par des acteurs politiques nationaux et étrangers au milieu desquelles se place le peuple qui est toujours joué et déjoué. Le but est de le faire passer pour ce qu´il n´est pas, le faire faire ce qu´il ne veut pas et le faire dire ce qu´il n´a dit ou ne dira jamais. Ainsi, cette massivité de gens dans la capitale et dans les différents lieux urbains et ruraux, au cours de la journée du 25 octobre 2015, ne signifie aucunement qu´il y eut d´élection en Haiti, dans le vrai sens du mot. De plus,  en dépit de son importance numérique, cette massivité ne représente qu´une très infime partie de la population. Ce qu´il convient de comprendre finalement, c´est que des signes de fatigue se montrent visiblement sur le visage de la société haitienne contre ces pratiques inhumaines qui ne lui apportent que douleurs, pleurs, grognements, complaintes, misères et désespoirs. Tout cela signale que dans un temps pas trop lointain une révolution social est possible.

Jean FABIEN
Doctorant en Sociologie (Unicamp)

Campinas, 7/11/2015