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VERTIÈRES: LE GRAND SIGNAL

Les luttes sanglantes et intestines pour la libération des esclaves ayant abouti à la proclamation de l´indépendance le 1er janvier 1804 ont duré plus de trois siècles s´il faut commencer d´abord par la résistance désespérée des Indiens auxquels nous profitons de rendre un hommage bien mérité. Les Indiens ont tous péri avec la rage au coeur en refusant de se soumettre à la colonisation génocidaire de l´Europe. Nous devons saluer leurs mémoires pour avoir pris cette position digne bien que désespérée, mais héroique contre les espagnoles sans foi ni loi qui ont décimé toute leur race. Ces luttes se sont, cependant, officiellement affichées sur l´échiquier de l´histoire des révolutions haitiennes lors de la cérémonie du Bois Caiman en août 1791 en passant par le marronage qui fut l´une des principales formes de protestation et de résistance des esclaves contre l´ordre colonial établi. Nous n´allons pas refaire toute l´histoire d´Haiti, car tout haitien est capable de se souvenir des grands et principaux moments l´ayant caractérisée. Ces moments forts rappelent, en gros somodo, les batailles de la Ravine à Couleuve (février 1802), de la Crête-à-Pierrot (mars 1802), de Vertières (1803) en passant par cette inébranlabe réunion politico-religieuse communément appelée ''Cérémonie du Bois Caiman'' en prenant le nom de la localité où elle s´est déroulée. Pour mettre un  terme à plus de deux siècles d´oppression française, l´armée indigène a combattu vigoureusement l´armée napoléonienne à la Butte Charier et Vertières le 18 novembre 1803.

L´armée indigène dite l´armée d´Haiti qui a connu toutes les  difficultés humaines et matérielles avant d´avoir remporté glorieusement cette victoire le 18 novembre sur l´armée napoléonienne n´existe plus, elle est actuellement substituée par une armée étrangère imposée par l´ONU au peuple haitien avec un poignard bien pointu à la gorge et un fusil à la tête, cette armée est l´expression de toutes les calamités du peuple haitien, nous voulons parler de la Minustah, le propagateur par excellence de l´épidémie choléra et l´auteur de plusieurs cas de viol, d´agressions sexuelles... Donc, dans un tel contexte, pouvons-nous célébrer Vertières? Quels seraient le sens et l´importance d´une telle célébration dans une Haiti où les dirigeant se plaisent à banaliser les dates historiques? Si cette célébration est possible, elle ne va pas au-delà d´une simple réflexion intellectuelle, d´une simple culture dont la tradition historique nous impose, d´un accomplissement de devoir de mémoire et d´une responsabilité citoyenne, car Haiti est un pays essentiellement occupé par l´ONU dont le patron représente le Brésil, une ancienne colonie portugaise qui devient alors une puissance colonisatrice moderne, le géant de l´Amérique du sud qui s´invite à la table des grands du monde. Pour être réaliste et honnête, il faut dire  que les principaux responsables de la présence de la Minustah en Haiti sont d´abord les haitiens, et cette irresponsabilité s´explique par leur manque de vision et leur incapacité de définir la vraie destinée de cette nation. 

Aujourd´hui  avec un président qui se complait ouvertement dans cette occupation, que faut-il espérer de plus? Rien et absolument rien. Cependant, le devoir de mémoire sous impose à entrevoir Vertières comme le grand signal qui a vu naître la nation haitienne, ce toujours dans le continuel souci de fouetter la conscience citoyenne de chaque haitien afin de corriger les erreurs et de construire ce pays sur des nouvelles bases solides et solidifiées. En effet, depuis le 18 mai 1803, Saint-Domingue s´est déclarée libre de la France en créant son propre drapeau. En ayant déchiré la couleur blanche du drapeau français pour ne conserver que les couleurs rouge et bleue symbolisant l´union des noirs et des mûlatres, Dessalines a montré clairement sa rupture haineuse et définitive d´avec la France. Il faut bien comprendre que la création du drapeau haitien lors du congrès de l´Arcahaie le 18 mai 1803 fut le symbole de la vraie libération des esclaves. Ainsi, le cris de la liberté retentissait sur tout le territoire bien avant l´indépendance. Par cet acte, les esclaves ont parfaitement compris que Liberté et Indépendance, bien que conceptuellement différentes, vont de pair, c´est ainsi qu´ils se sont résolus d´ancrer à cette nation son indépendance en déclenchant contre la France cette dernière bataille du 18 novembre 1803 à Vertières. La motivation et l´incitation à cette bataille proviennent, d´une part, de cette déclaration enflammée faite par Dessalines: ''Jurons de combattre jusqu´au dernier soupir pour l´indépendance notre pays'', à cet effet, le grand signal pour sortir le pays définitivement de la domination française fut donné, de l´autre, elles proviennent également de cette soif démesurée qui s´entrevoit à travers l´engagement de toute cette masse d´esclaves en quête de se constituer en état-nation.

Vertières traduit à la fois le grand et le dernier signal qui consiste à faire voir au monde entier une nouvelle façon de traiter les êtres humains dits de races inférieurses, chosifiés, privés d´âme, tortués, humiliés et maltraités dans le plus profond de leur être. Ce fut le dernier signal pour que naisse la première république nègre du monde. Si Vertières fut pour Haiti le dernier signal ayant permis de mettre un terme au système colonial européen y compris tout ce qu´il a engendré de diabolique, il traduit, par ailleurs, la plus grande défaite historique de l´armée napoléonienne par une armée qui lui était techniquement, armement et économiquement inférieure, cependant stratégiquement elle ne pouvait lui résister. En Vertières il faut voir la vigueur, la détermination et la force de l´armée haitienne à tenir tête face à l´occident. Il est évident de voir également cet exploit dans son sens le plus historiquement et magnifiquement digne d´un peuple noir qui a connu durant plus de deux siècles toute sorte d´humiliation, de souffrance dans le seul but de faire de Saint-Domingue la colonie la plus prospère, le grenier de la France et de l´Europe, mais également un laboratoire de misères humaines. Vertières est le message clair et explicite d´Haiti de sa volonté de vivre entant qu´État économiquement souverain et politiquement indépendant, c´est sa fierté et sa gloire les plus inégociables et inaliénables.

Pourquoi ne pas lancer pour une nouvelle fois dans l´histoire ce grand signal? Avons-nous des obstacles qui nous l´en empêchent? Ces obstacles nombreux ou pas, difficiles ou pas, sont-ils insurmontables? Je crois qu´Haiti a laissé passer trop de grandes occasions pour refaire son histoire. Cet autre Vertières est nettement possible, mais il nécessite d´un dépassement de soi et d´un sacrifice spirituel et humain. Aujourd´hui le grand signal en ce Vertières dont il est question dans cet article se veut plutôt excessivement et fondamentalement mental et psychologique. Notre façon de vivre dans cette complaisante occupation déshonore et méprise les efforts de nos ancêtres. Nous sommes entrain de leur cracher dessus inconsciemment, mais certains de nos dirigeants, de par leur comportement, le font consciemment. Il était plus difficile à nos ancêtres de réussir ce Vertières physique et matériel dont nous ne faisons que contempler la rejouissance, mais aujourd´hui pour essayer de prouver qu´ils n´ont pas combattu en vain, osons dès maintenant sans plus tarder réaliser ce Vertières psycho-mental par la libération de ces chaînes mentales qui nous paralysent complètement. Deux démarches à proposer dans cet exercice indispensable à une nouvelle indépendance psycho-mentale d´Haiti. La première consiste en une retrospection historique, la deuxième, étant corolaire à la première nous invite à prendre conscience de nos valeurs culturelles dans les Caraibes particulièrement et à travers le monde. Quel que soit le peuple qui parvienne à perdre ou à se laisser priver de ces deux grands patrimoines, connaît déjà sa mort spirituelle plus catastrophique que sa mort physique.

Enfin, en ce 18 novembre 2012, je m´engage à lancer ce grand signal du Vertières psycho-mental pour compléter le chef d´oeuvre du Vertières physico-matériel concrétisé par les pères fondateurs de ce pays dont nous peinons désespérément d´avoir une paix, une liberté, une sécurité alimentaire et sociale, une justice, parce qu´il se trouve envouté de toute part entre les mains de ceux-là que Dessalines avait appelés les ''machinateurs de la nation''. Ils sont noirs et blancs et souvent la face de l´ombre, c´est-à-dire blanc-noir. Dans une telle situation, nous ne sommes point libres de nos ventres, ni de nos estomacs, voire de nos esprits et de nos pensées. C´est cette nouvelle forme d´esclave qu´il faut combattre en recevant cet appel. Ce combat doit commencer par une auto-examination de chaque haitien dans son être intérieur et sa profonde conscience, car le changement d´Haiti ne sera pas un miracle provenant du sceptre d´un roi, mais entant que processus, il doit commencer par le grand signal de ce Vertières psycho-mental à être concrétisé ensemble dans l´amour, le respect, la dignité et la patience.

Campinas, 17/11/2012

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