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HAITI: UN GRAND BIDONVILLE


C´est quoi un Bidonville si ce n´est un espace géographique pauvre et surpeuplé dépourvu d´infrastrutures sanitaires, sociales, économiques, intellectuelles et autres. En effet, ce terme tire sa première définition du mot ''slum'' d´un écrivain anglais nommé James Hardy Vaux en 1812 qualifié à l´époque de hors la loi. Selon lui le terme serait synonyme de ''raket'' ou commerce criminel, ainsi pendant longtemps le mot ''slum'' a été utilisé pour désigner des quartiers sales habités par des gens pauvres et criminels. En 1953, le mot ''Bidonville'' a été employé pour la première fois en français à propos du Maroc pour parler littéralement des maisons construites en bidons c´est-à-dire avec des débris de matériaux. Aujourd´hui, un Bidonville se caractérise par les éléments suivants: surpeuplement, logements en piètre qualité situés dans les périphéries des centres villes, accès insuffisant à l´eau potable, manque d´hygiène, abasence d´électricité, insécurité de toute sorte (alimentaire, sociale, en matière de la jouissance du domicile, etc). Selon le rapport mondial de 2006 des Nations-Unies, un citadin sur trois habite dans un Bidonville,  plus d´un milliard de personnes vivent dans des Bidonvilles, il existe plus de 200 000 Bidonvilles à travers le monde parmi lesquels on peut citer le Bidonville de Dharavi à Bombay (800 000 ha), le Bidonville de Kibéra au Kenya (200 000 ha) et le nombre tend à s´accroître chaque année, par exemple au Cambodge on enregistre la naissance de plus de 3 000 Bidonvilles par an.

En France, la crise de logement a engendré la réapparition des Bidonvilles en 2006. L´une des causes du développement des Bidonvilles dans le monde est la migration des populations à l´intérieur des villes. Cependant, il y a deux aspects importants à signaler, d´une part, tous les pauvres n´habitent pas  essentiellement dans des Bidonvilles, en revanche tous les Bidonvilles ne sont pas peuplés uniquement de gens pauvres, d´autre part, les Bidonvilles n´existe pas seulement dans les pays pauvres ou dans ceux-là qui sont en développement, il existe également des Bidonvilles dans les pays industrialisés comme les Etats-Unis, la France, bien que ce soit de façon très secrète. Le mot Bidonville varie aussi d´un pays à l´autre, mais toujours en désignant les mêmes réalités, par exemple, aux Etats-Unis on parle de Tent Cities , au Brésil ce sont les Favelas pour désigner les quartiers pauvres où vivent des personnes en situations sociales et économiques difficiles et apparemment rejetées de la société. Ainsi donc, cet article n´a pas comme l´intention de parler de l´existence de Bidonvilles en Haiti, mais de montrer malheureusement  qu´Haiti en elle-même constitue un grand Bidonville.

Haiti, un Grand Bidonville de 27 750 Km2

Il ne faut pas parler de l´existe de Bidonvilles en Haiti, ce serait trop courtois, il est préférable plutôt de voir en Haiti elle-même un énorme Bidonville d´une superficie de 27 750 km2 en raison de la répartition spatiale, de la vie sociale et économique des gens. de la morphologie urbaine et de la morphologie sociale qui caractérisent le pays. Un Bidonville qui ne se peut être administré que par des hommes à esprit bidonvilisateur n´ayant que des programmes bidonvilisatoiresEn réalité,  Haiti en tant que territoire géographique dans la carte mondiale habitée par plus de 9 millions habitants s´est de plus en plus transformée en un grand bidonville et cette transformation a commencé en 1950 et s´est accelérée à une  vitesse telle qu´en moins de 50 ans Por-au-Prince est devenue le plus grand Bidonville du pays. En d´autres termes, il s´agit, d´un côté, de Haiti dans le sens d´administration politique, c´est-à-dire, une administration politique qui reduit le pays à une espèce de Bidonville, de l´autre, de Haiti sur le plan démographique, urbain et géographique en matière d´une mauvaise apropriation par les populations des espaces géographiques. Ainsi, pas la peine de parler de Cité Soleil, de Raboto, de Morne l´Hopital, de Capapevert, de Cité de Dieu, de Cité de l´Eternel, ect, ce sont des Bidonvilles certes, mais des Bidonvilles à l´intérieur du grand Bidonville appelé Haiti.

Quand je parle d´administration politique il faut penser à l´Etat entant que structure réelle et corps physiquement et administrativement bien organisé. Si malheureusement le pays est considéré aujourd´hui comme un grand Bidonville, cela est du aux programmes bidonvilisatoires que connait le pays depuis plus d´un siècle. En effet, Haiti a les taux de mortalité infantille (80/1000), de natalité (4 enfants par femme) et d´espérance de vie (57 à 60 ans) les plus faibles de l´Amérique. Faisant partie des PMA (Pays Moins Avancés), elle est le pays le plus pauvre de ce continent avec 80 % de sa population vivant avec moins de 2 U$ par jour, plus de 70 % des personnes sont au chomage, plus de 85 % sont analphabètes. Les grandes villes du pays telles que Port-au-Prince, Cap-Haitien, Gonaives, Cayes, Jacmel, Port-de-Paix sont des Bidonvilles en constante progression pour les raisons telles que mentionnées dans les caractéristiques des Bidonvilles ci-dessus. Plus de 75 % de la population n´ont pas accès à l´eau potable. Plus de 60 % de la population haitienne vivent dans des Bidonvilles. Cité Soleil l´un des plus grands Bidonvilles du pays peuplée de plus de 400 000 habitants, est l´un des quartiers les plus pauvres où les gens vivent dans un état de pauvreté extrême. Cependant, la situation dans ces quartiers dits défavorisés n´a jamais changé d´année en année à cause des programmes bidonvilisatoires. Si au début du 19ème Haiti fut le symbole de la gloire de tous les pays de l´Amérique et du monde entier, aujourd´hui elle est devenue  le symbole de la plus lugubre misère humaine où le droit de vivre représente un calvaire. Que faut-il de plus pour prouver qu´Haiti est un grand Bidonville? Il ne faut pas avoir peur de le dire, car c´est une vérité irrefutable bien qu´en même temps blessante et humiliante pour tous ceux qui sont morts pour le changement, mais encore pour ceux qui continuent à le faire avec les faibles moyens du bord. 

Les programmes bidonvilisatoires

On entend par programmes bidonvilisatoiress, des programmes dépourvus de sens, de contenu et de matière pour résoudre les vrais problèmes profonds d´une société, je n´ai pas besoin de répéter les maladies dont souffre amèrement la société haitienne, car dans plusieurs de mes articles j´en ai déjà parlées. Les programmes bidonvilisatoires représentent un handicap majeur au développement de cette île martyre. Ils sont de très courte durée, conçus dans l´intérêt d´une très mince minorité et ne vont comme on dit dans le jargon haitien ''Pi lwen ke pwent nen nou''. Ils sont, de ce fait, incompatibles à réalité sociale, politique et économique du pays. En effet, pensés par des gens sans vision arrivant au sommet des directions suprêmes de l´état de façon très spontanée, ces programmes représentent un danger pour l´avancement du pays et hypothèquent par conséquent  son avenir. Ils sont nombreux et Haiti en a connus plusieurs depuis un bon bout de temps. Dans le passée aucun des gouvernements antérieurs n´avaient eu un plan de développement durable bien réfléchi, agencé et concret qui soit le reflet de la réalité quotidienne haitienne. Aristide et Préval durant ses deux mandats chacun, n´ont pas su le faire, au contraire ils ont conduit le pays à la dérive. Durant les 20 ans de gouvernance Lavalas, le pays n´a fait que compter les pas sur place. C´est une façon de parler, mais en réalité quelque chose a changé, mais vers le bas.

N´allons pas faire une histoire des programmes gouvernementaux à caractère bidonvilisatoire depuis la naissance d´Haiti jusqu´à aujourd´hui, ce serait trop fatiguant, mais surtout inutil, car la situation actuelle du pays prouve clairement que depuis plus de deux siècles, il n´y a jamais eu de programmes serieux traduisant les vrais besoins des haitiens. Mais restons de préférence dans le fait présent et actuel d´Haiti en considérant cet exécutif bicephal formé de Michel Martelly et Laurent Lamothe. Cette équipe arrivée au pouvoir de façon spontanée, c´est-à-dire sans programme politique réel, hérite du même système de conception de programmes à caractère bidonvilisatoire. Aujourd´hui parait-il qu´ils sont plus nombreux qu´avant. On entend parler des programmes comme ''TI MANMAN CHERI'', ''KATYE PAM POZE'' ''ABA GRANGOU'', etc ces programmes sont une catastrophe et ne font que justifier l´aide internationale, car ce ne sont pas des programmes haitiens pour Haiti, ils ont été élaborés sous le modèle de l´aide internationale empoisonnée qu´Haiti continue de recevoir malheureusement. Comment de tels programmes seraient-ils profitables au peuple haitien? Cependant, la situation dans les quartiers dits défavorisés n´a jamais changé d´année en année à cause de ces programmes bidonvilisatoires et cette situation tendra à devenir pire si rien n´est fait. Ainsi donc, on ne parviendra pas à développer un pays avec de tels programmes qui profitent à un secteur bien déterminé. Car, la bidonvilisation d´Haiti ne date pas d´hier et s´aggrave de plus en plus avec ces dirigeants si bidonvilisateurs. Mais, en dépit de tout il faudra trouver des solutions pour freiner ce fléau.

Haiti, bastion de dirigeants bidonvilisateurs

Le concept de dirigeants bidonvilisateurs serait synonyme de dirigeants corrompus, aveugles, piètres, impotents, sans scrupule, et Haiti en a connus une quirielle, on n´en parle pas. Il est vrai qu´Haiti n´est pas le premier pays dans le monde où il existe des dirigeants corrompus, de plus, en réalité, la corruption telle qu´elle est réellement ne peut exister que dans les grands pays sous des formes vraiment subtiles difficiles à constater. Le grossissement des quartiers populaires reste un sujet complètement oublié, pourtant réel dans la vie haitienne. Aucun plan de redressement n´a été mis en place pour prendre en charge ces quartiers qui ne s´inscrivent dans aucun programme d´urbanisation ou encore d´aménagement du territoire. Le problème des Bidonvilles en Haiti reste dans les tiroirs, on en parle très peu ou du moins presque pas. Les dirigeants bidonvilisateurs c´est ce qui ne manque pas en Haiti, ce à tous les niveaux de l´échelle étatique. Cependant ce ne sont pas des hommes compétents et honnêtes qu´il en manque bien que peu nombreux, mais l´ignorance, l´anaphabétisme du peuple, et surtout avec une domination étrangère si forte font que les choses se tournent toujours mal pour Haiti. Les dirigeants bidonvilisateurs maintiennent le pays dans un état de Bidonville, bien que conscients, mais alliénés mentalement et culturellement. Ainsi, le pays incarne ces dirigeants en perdant complètement sa propre culture, dans ce cas il ne s´agit pas d´une acculturation, mais d´une déculturation.

Solutions proposées pour sortir Haiti de son état de Bidonville

S´il s´agissait d´une partie du pays qui était bidonvilisée, les solutions seraient moins difficiles, mais elles sont plus complexes en raison du fait que c´est le pays en entier qui se transforme en un grand Bidonville. Quel dommage! Mais surtout quel amertume! De ce fait, y aurait-il une issue pour freiner ces programmes bidonvilisatoires et sortir Haiti de son état de Bidonville? Bien sûr qu´il y en a et il y en aura toujours, mais cependant ce sont des  solutions qui ne feront pas l´affaire des hommes asoiffés d´argent, de fortune et de richesse, préférant trahir leur peuple au lieu de le sortir des difficultés. Les solutions proposées seraient les suivantes:
1- Eradiquer cette faim chronique qui devient la carte d´identité de l´haitien
2- Créer des emplois durables et capables de garantir une liberté économique à chaque haitien indistinctement
3- Construire des logements sociaux décents dans les quartiers pauvres
4- Réduire le salaire du président, des ministres, des parlementaires et des autres grands fonctionnaires de l´état afin de sortir le pays de la dépendance économique totale et de créer plus de programmes économiques et sociaux
5- Elaborer un programme de développement durable échelonné sur au moins 50 ans qui touchera tous les vrais problèmes de la société (urbanisation, démographie, économie, politique, éducation, culture, géographie, etc)
6- Sortir le pays de l´aide étrangère qui empoissonne sa destinée en la rendant autosuffisant à lui-même par l´augmentation de sa  production agricole et en stimulant les haitiens à pratiquer le PACL c´est-à-dire Produire-Acheter-Consommer Local.
7- Maîtriser et  mieux contrôler le territoire national en particulier les zones côtières et frontalières qui représentent une source économique évidente pour le pays
8- Permettre d´abord aux firmes et compagnies haitiennes et ensuite étrangères d´exploitations des mines, des carrières de sables, des ressources du sous-sol et d´autres richesses naturelles dont dispose le pays, d´exploiter rationnellement ces richesses naturelles dans le plus grand intérêt de la nation.
9- Se mettre à la recherche de la science et de la technologie étant un grand outil de développement

Le chemin à suivre

Ainsi, pour que tout cela soit possible, Haiti ne peut pas continuer à dépendre totalement de l´aide étrangère, elle a besoin d´une aide qui pourra l´aider à se passer de l´aide pour répéter les phrases de Thomas Sankara. Elle ne pourra pas non plus continuer à être un grainier pour les bailleurs de fonds étrangers qui éprouvent un immense plaisir à l´endetter dans le but de l´enfoncer dans la misère. Haiti doit commencer sa révolution d´abord par les haitiens en transformant le pays en un grand chantier où ils devront travailler jour et nuit pour construire un pays où il fera beau de vivre. Il faut convoquer tout le peuple à la construction de ce pays et organiser des grands chantiers de travaux de toutes sortes. Le développement d´Haiti ne devra être que l´oeuvre des haitiens, d´abord par la sortie des dettes, ensuite par la réduction du budget de l´état qui est nettement supérieur aux ressources économiques du pays, un budget dont les 80 % proviennent de l´aide étrangère sous forme de prêts, et ce sont les taxes des contribuables qui sont destinées à payer ces dettes contractées il y a des temps. Car, il est simple et impératif de comprendre qu´il est complètement anormal d´avoir un budget qui dépasse son gain, c´est comme quelqu´un qui a un salaire mensuel de 100 000 Gdes, et se fait un budget mensuel de 500 000 Gdes. D´où viendront les autres 400 000? Il ira faire des prêts pour compléter son budget, ainsi il demeurera endetté toute sa vie. C´est complètement absurde, ilogique et irrationnel. L´élimination des dettes d´Haiti, la réduction des salaires du président ainsi que ses commis, des parlementaires et d´autres hauts fonctionnaires de l´Etat, la réduction du nombre de voyage par mois ou par année, l´élimination des allocations octoyées aux parlementaires, au président et ses ministres, le remplacement des voitures luxieuses d´Officiel, des Mercedes très chers par des voitures modestes, sont autant de décisions dures que les dirigeants haitiens ont besoin de prendre

Quel modèle pour Haiti?

Le changement d´Haiti doit d´abord débuter dans le comportement et la mentalité même de chaque haitien, en particulier ceux-là qui detiennent les reines du pouvoir de décision, ils doivent avoir le courage de prendre des mesures même parfois draconiques et risquées pour redonner l´espoir  à chaque haitien, même ceux qui vivent en terre étrangère. Si un jour ces derniers décident de revenir vivre dans leur pays natal, la structure d´accueil sera leur principal obstacle, car Haiti est comme un ballon, elle est surpeuplée, c´est pourquoi elle un grand Bidonville. A l´instar de cet imminent chef d´état africain Thomas Sankara qui s´est distingué parmi les chefs d´états corrompus de l´Afrique, qui, en moins de 4 ans a rendu La Haute Volta aujourd´hui Burkinafasso, autosuffisante à elle-même sur le plan alimentaire, l´a mis sur la route du développement, les dirigeants haitiens doivent lutter à sortir le pays de ces difficultés atroces, ce en valorisant l´Afrique dont ils reclament à maintes fois la descendance. Cet homme qui demeure un des hommes progressistes, intègres et visionnaires que l´humanité n´ait jamais connu et que l´Afrique ne connaîtra jamais, doit être un modèle africain pour tous les haitiens aspirant à diriger ce pays. 

En faisant ces propositions, je risque d´être traité de fou ou d´irréaliste par des personnes qui diront qu´Haiti n´est pas Burkinafasso, que les dirigeants haitiens ne sont pas Sankara, que chaque pays à ses propres réalités, mais le plus triste c´est que ce sont ces mêmes personnes qui affirment qu´Haiti cherche des modèles en occident, pourtant les réalités occidentales n´ont absolement rien à voir avec la réalité haitienne. Aujourd´hui l´Afrique et le Brésil s´offrent comme des modèles de pays émergents par excellence, en d´autres termes, des pays qui ont connu des pires histoires comme Haiti, mais pour lesquels aujourd´hui l´heure du développement sonne. Je crois que le moment est venu pour qu´Haiti s´inspire de ces modèles, et qui sait si ce n´est pas sa dernière heure de décollage. Ainsi, je félicite ce gouvernement pour cette vision de placer Haiti parmi les pays émergents d´ici 2030, elle est noble cette vision. Si je ne me trompe pas c´est pour la première fois qu´un gouvernement ose prendre une telle position. Mais il faut être réaliste, 2030 c´est dans 18 ans, je doute fort que cela puisse être possible, toutefois j´en formule le voeux pieux.

Enfin de compte, je me demande à quoi sert-il à un homme de vivre dans le luxe et l´abondance pendant que la société dont il est le produit, le peuple dont il est le fils et le pays dont il est le citoyen périssent? A quoi sert cette richesse dans une societé de 80 % de pauvres? A quoi sert-il de s´enrichir au détriment des pauvres: victimes, sans défense, faibles, meurtris, humiliés, abattus, rejetés? Pour moi, il n´y a de plus grande sociéticide que cela qui pourrait se résumer à une sale lâcheté.

Campinas, 13/07/2012

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