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CETTE HAITI QUE J´AIME EN MÊME TEMPS QU´ELLE M´ÉNERVE!



Haiti est ma terre natale et le pays que je ne cesserai jamais de chérir. Aucun endroit sur cette planète ne me ravira que ce coin de terre qui m´a vu naître, m´a nourri et m´a façonné. Je l´aime, je l´adore en même temps qu´elle me dégoute et qu´elle m´énerve. Et c´est cet amour démesuré et profond de le voir sortir de ses situations infrahumaines qui crée en moi ce sentiment de dégoût et d´énervement en même temps qu´il suscite en moi une haine du propagandisme gouvernemental.  Il n´y a rien de plus énervant et dégeulasse que de faire croire aux gens que quelque chose fonctionne tandis qu´en fait dans la réalité rien ne va absolument dans le pays. Rien n´est plus frustrant que de vivre dans l´apparence, par l´apparence et pour l´apparence. En Haiti c´est ainsi que ça marche. Il n´y a pas de vie en Haiti, ou dirais-je mieux, la vie se cache ou du moins elle s´obscurcit. Je regrette de le dire mais la vie telle qu´elle est vécue là où il y a des êtres humains, n´existe pas en Haiti. La vie entant qu´elle suscite la joie de vivre et la haine de la mort que l´on retrouve ailleurs, est complètement absente en Haiti. L´haitien a plus l´envie de s´en aller plutôt que de rester à force que sa vie s´est transformée en un enfer.


Chaque haitien honnête, qu´il vive à l´intérieur du pays ou à l´extérieur, devrait avoir le courage de constater que plus rien ne marche ni ne va en Haiti. C´est un pays où le propagandisme obtient le prix Nobel. Les dirigeants sans scrupule mentent à la population à longueur de journée. Le BLÒF y règne en maître. La honte est quasi inexistant. L´auto-sanction, l´auto-évaluation, la conscience, tout enfin s´éffrite. Qu´est-ce qu´Haiti au juste? Nous avons comme l´impression que notre cerveau est bloqué, nous ne sommes plus capables de penser ni de réflechir afin d´agir. La société est décriée. Personne ne respecte personne. Aucune règle morale, coutumière et juridique n´est respectée. Le peuple s´enfonce dans un état miséreux atroce et la vie économique se transforme de plus en plus en un venin mortel pour le petit haitien : 500 Gdes ne suffisent pas à nourrir une seule personne pendant une journée. Comment la vie peut-elle être possible dans un cas pareil?


Depuis l´aéroport jusqu´au terme de son séjour, le climat du pays commence à énerver le citoyen haitien qui revient en Haiti soit pour les affaires, soit pour les vacances familiales traditionnelles, soit pour le tourisme, etc. L´accueil qui lui est réservé n´est pas du tout hospitalier; les RAKETEURS réclamant entre 20 U$ et 50 U$ pour les bagages, envahissent l´enceinte de l´aéroport, les mendiants peuplent devant la sortie de l´aéoroport, le pays est sal, les règles d´hygiène sont complètement négligées. En ce sens, je ne sais franchement à quoi pourrais-je comparer mon Haiti chérie. À une jungle? Dans la jungle, il y a la loi du plus fort, donc la loi quand bien même. À une gagueur? Dans une gagueure, les règles sont clairement définies avant de laisser les coqs se battre. À une cour? Dans une cour, et ce dans ''LAKOU LAKAY'', avant d´y rentrer, on frappe et quelqu´un invite à entrer, une règle idéale et coutumière s´y impose. Par conséquent, ce cas d´espèce qu´est devenue Haiti semble dépasser mon entendement. En outre, il est très difficile de circuler en Haiti. La circulation tant publique que privée, à pied ou en voiture, y est terriblement mal organisée. Si un tel moindre service, aussi facilement qu´il soit organisé dans les autres pays, ne fonctionne pas en Haiti, alors qu´en dirait-on des autres?


C´est tout cela qui fatigue mon esprit et que je trouve anormal de supporter. Je suis fatigué de ce pays qui ne cesse de vivre que sur des mensonges, de l´impunité et des malversations. Je suis fatigué de ce pays qui n´accorde aucune importance à la vie, à l´être humain, à la morale. Je suis fatigué de ce pays où chacun a dans sa poche sa propre loi. Je suis fatigué de ce pays où l´injustice a la suprématie sur la justice. Il n´est pas normal que l´haitien se sente mieux à l´extérieur que chez lui. Il n´est pas normal que dès que l´haitien met les pieds en Haiti, il se sent déjà impatient de regagner son pays de résidence à force que la situation du pays ne cesse de le transporter hors de lui-même. Il n´est pas normal pour vivre en Haiti, il faut avoir un coeur d´acier ou celui d´un chien. Il n´est pas normal qu´une infirme partie de la population congelle les 90% de la richesse du pays. Il n´est pas normal que la classe moyenne haitienne, au lieu de s´unir à la classe pauvre pour améliorer les conditions de vie,  cherche de préférence à se hisser au rang de la soi-disant classe bourgeoise pour étouffer la classe pauvre. Il n´est pas normal que le non respect de la vie, de la personalité et de la dignité humaine devienne monnaie courante en Haiti. Haiti fait peur même à ses propres enfants, et ceci n´est pas non plus normal.

Il faut que je souligne que ce ne sont aucunement des sentiments de désolation, de frustration ou de désespoir qui me poussent à parler de la sorte, mais plutôt le devoir de dire la vérité et rien que la vérité. Car ce devoir ne me permet pas de me comporter en  faux nationaliste ni d´être un nationaliste aveugle et inconscient. Je suis très pessimiste des 50 prochaines années d´Haiti au cours desquels il devrait y avoir un certain changement, car, puisque généralement un changement n´est apporté que par une génération, il reviendrait en ce sens à cette génération qui, dans 50 ans ne sera plus, d´enclencher ce changement, or, cette dernière dont je fais partie d´ailleurs a, de mon humble point de vue, déjà perdu la chance de sortir Haiti de cette situation difficile dans laquelle elle est plongée il y a plus de deux siècles. Cette génération a déjà commis des fautes plus graves que celles commises par les générations passées. Elle a eu et continue d´avoir des idées noires et terribles qui ne font que détruire les valeurs et les symboles histotiques et sociaux qui nous restent.

Devrons-nous attendre encore 100 ans? Probablement oui, moyennant que ce changement de mentalité et de comportement dont on a grandement besoin s´enclenche dès maintenant même et poursuit son cours sans arrêt afin que la génération future qui surgira dans 50 ans puisse le matérialiser. C´était l´un de mes plus grands rêves de voir exploser en Haiti un vrai changement. Mais Hélas! Il semble que je m´en irai sans le voir. Nombreux sont ceux de mes prédécesseurs qui avaient eu ce même rêve. Toutefois, le voir ou pas ne me préoccupe guère, il suffit qu´il arrive.
Néanmoins, je suis, par ailleurs, optimiste qu´Haiti ne demeurera pas dans cet état lamentable qui l´emprisonne. Car je suis trop jaloux de voir Haiti se mesurer à l´aune de la République Dominicaine dont elle n´était en aucune manière l´égale dans les 70 années antérieures, à celle du Brésil, de l´Argentine, de l´Afrique du sud, et pourquoi pas à celle des États-Unis d´Amérique, du Canada, de la France, ou encore à celle de n´importe quel autre pays de l´Europe. À force d´aimer Haiti, elle injecte en moi une jalousie féroce de voir sa situation sociale, économique et politique se changer.

Cependant, les fruits du changement dont il est question ne seront pas mûrs aussi vite que l´on pense, puisque c´est l´un des plus grands défauts de l´haitien, il veut toujours déguster du fruit de l´arbre qu´il a lui-même planté. Donc, c´est dire qu´à présent je ne ressens aucun vent de changement. Le changement en effet non seulement se prépare, mais surtout, il est perceptible, c´est-à-dire on le perçoit, on le voit venir de loin, on l´entrevoit. Le changement ce n´est pas comme l´horizon duquel à mesure qu´on s´approche, il s´élloigne jusqu´à ce qu´il disparaisse, mais c´est un but réel vers lequel on tend. À mesure qu´on déploie des efforts pour l´atteindre, on a la sensation d´être entrain de le toucher. Le changement est un but qui se vit et se matérialise au jour le jour.

Enfin de compte, cette Haiti que j´aime tant en même temps qu´elle m´énerve doit être, en dépit de tout, tout ce qui me reste de fierté. Car, je rêve de n´avoir en dedans de moi aucun sentiment de culpabilité ni de honte et de gêne intrinsèque de dire que je suis haitien. À cet effet, je formule le voeux pieux de voir un jour la vie, telle qu´elle doit être vécue, telle qu´elle est vécue et respectée ailleurs, commencer à exister bientôt en Haiti.


CAMPINAS, 17/1/2014

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