Pesquisar seu artigo aqui

DE LA RÉSISTANCE ''INDIENNE'' À GONAIVES


DE LA RÉSISTANCE ''INDIENNE'' À GONAIVES

Il existe dans la culture et les croyances haitiennes un proverbe  très fort qui dit ceci: ''Pa janm bliye premye grenn lapli ki te fè mayi a pouse''. C´est sur la  base de ce proverbe que nous devons saluer la mémoire des premiers combattants appelés ''Indiens'' qui nous ont légué ce coin de terre après qu´elle eut été, à plusieurs reprises, sequestrée, violée et dilapidée par les puissances colonisatrices et esclavagistes européennes. Là où ils se reposent, leur âme ne peut ne pas être boulversée parce que la liberté et l´indépendance pour lesquelles ils ont péri avec la rage au coeur est aujourd´hui vilipendée. C´est dans cette même perspective, malgré tout, en ce 209ème anniversaire de l´indépendance nationale, que je m´incurve humblement et ce avec beaucoup de reconnaissance et de respect devant la résistance dite indienne qui a abouti jusqu´à la proclamation de cette indépendance dont, en dépit de  notre état, nous  éprouvons quand bien même la fierté de la célébrer. Je crois également qu´entre la pauvreté et la misère qui se veulent la carte référencielle d´Haiti et la domination étrangère via la présence d´une armée ''pèpè'' onusienne en lieu et place de notre FADH, nos ancêtres auraient  préféré choisir la misère et la pauvreté au lieu de se faire insulter et maltraiter mafieusement par les machinateurs occidentaux. Sans particulièrement la résistance  ''indienne'', le dernier combat qui eut lieu à Vertières le 18 novembre 1803  et bien d´autres encore avant ou après,  il n´y aurait pas ce 1er janvier 1804 dont nous commémorons les 209 années en ce mardi  1er janvier 2013. L´histoire universelle retient qu´Haiti est non seulement le premier exemple de peuple noir qui ait réussi sa révolution, mais surtout, un symbole sublime de liberté et d´indépendance. 

Ces 209 années nous rappelent les gifles et les affronts donnés à l´invincible armée napoléonienne de l´époque avec la plus grande fierté et la dernière goutte du sang de nos ancêtres pour nous donner cette Patrie. Elles nous rappelent également  les souffrances et les amertumes qu´ils ont souffert. En fait, ce serait méconnaître notre histoire si nous n´accordions pas une place aux résistances des premiers habitants de l´Île enchantée appelés ''Indiens'' par les Espagnoles eux-mêmes. Avant de parvenir à  des luttes plus ou moins organisées, nos ancêtres ont résisté aux actions inhumaines et dévastatrices de leurs oppresseurs. Alors qu´ils vivaient paisiblement dans la contemplation des merveilles de la nature et dans l´harmonisation humaine sur leur Île de rêve, ils ont vu débarquer successivement les Espagnols en 1492 avec la croix dans une main et le fusil dans l´autre, puis les Français, les Anglais et les Hollandais vers 1625. Ces débarquements brusques et brutaux  sur ce coin de terre où la vie à l´état de nature était agréable ont laissé des traces indélébiles dans notre existence de peuple. Cependant, s´il existe des pays qui ont obtenu leur indépendance dans la négociation et avec la collaboration du colonisateur comme ce fut le cas du Brésil et des États-Unis,   Haiti a fait compètement le contraire, son indépendance traduit des luttes sanglantes et incessantes de plus trois siècles ayant débuté depuis la résistance ''indienne'' vers 1492 jusqu´au 1er janvier 1804 en passant par  le combat de Vertières qui s´est terminé en 1803. Les esclaves, en dépit de leurs faibles moyens et des outils précaires avec lesquels ils ont combattu les forces colonisatrices et esclavagistes, se sont donnés eux-mêmes la liberté et l´indépendance. L´indépendance haitienne s´est acquise au prix du sang, c´est le fruit des révolutions enclenchées depuis 1790 ayant engendré la mort des millions d´esclaves qui y ont sacrifié leur vie. Il n´existe aucune autre révolte d´esclaves de ce genre, c´est l´une des raisons pour lesquelles les haitiens et haitiennes doivent en être fiers (ères). Il est vrai qu´aujourd´hui ça va très mal  chez nous, mais cela ne doit en aucune façon nous ravir cette fierté. Il est dit qu´aucun prophète n´est honoré dans son pays, c´est la même chose qui arrive à l´haiten qui laisse aux étrangers le soin d´interpréter, d´étudier et d´apprécier la valeur et la grandeur de son histoire, l´exemple qu´il a pu transmettre aux autres peuples de la terre, pendant que lui-même méprise tout cela. Et c´est ce mépris qui le met Haiti à genou devant les étrangers dont l´histoire n´est nullement comparable à la sienne. Haiti laisse son existence marquée, d´une part, par des luttes continuelles internes et externes, de l´autre,  par l´héritage de l´esprit du maître colon, c´est-à-dire, l´accaparement des richesses par une très faible minorité. Mais, les ''Indiens'' ont fait preuve d´un héroisme remarquable en choisissant tous de périr plutôt que d´être contraints à l´esclavage. Ne devons-nous pas suivre cette trace en la contextualisant?

De 5 millions avant 1492, les premiers opposants du désastre de la soi-disante découverte ont passé à 200 000 rescapés en moins de 10 ans, ces derniers se sont refugiés dans les montagnes de Cibaho avec le cacique Henri pour échapper aux fouets, à la pandaison, et à toute sorte de traitements inhumains des colons espagnols. En choisissant cette voie suicidaire, ils ont, soit consciemment ou inconsciemment, legué à leurs déscendants ou leurs remplaçants - vu le génocide les ''indiens'' n´ont pas laissé de déscendants, mais furent remplacés par des noirs africains - l´héritage de la résistance, la fierté et la dignité de vivre libres en refusant tout système contraire à leur vision, mais surtout de choisir automatiquement la mort plutôt que de perdre cette liberté. La résistance ''indienne'' fut le premier signal clair et net, bien que non reconnu par l´Occident, selon lequel l´esclavage est déclaré inhumain; la colonisation est destructrion et négation de l´être humain; et la segrégation raciale est anathème. Aucun n´a le droit de dominer personne sur quelle que forme que ce soit, personne n´est le maître de personne. La liberté est le respect de ses limites et de celles du voisin, mais lorsque les dérives adviennent par la force, la contrainte, la domination et  l´imposition, il n´y a d´autre choix que de mourir en luttant, tel fut le message éminemment historique transmis par la résistance ''indienne'' qu´aucun autre peuple du monde entier n´ait jamais véhiculé. La résistance ''indienne'', enfin, est l´exemple concret d´un peuple condamné par le sentiment de vivre dans la liberté, la dignité, la fierté, l´honnêteté sans causer d´ennuis aux voisins. 

Après la disparition massive des ''Indiens'', vers 1503 en vertu de la traitre négrière, des noirs robustes arrachés de leur natale en Afrique, ont été introduits puis dispersés au sein de la colonie partagée vers 1625  entre la France dans la partie ouest appelée Saint-Domingue plus tard Haiti; et l´Espagne dans celle de l´est l´actuelle République Dominicaine. Ces noirs venus de différentes tribus africaines ont été interdits de communication entre eux de  peur de ne préparer un soulèvement, cependant animés des esprits des anciens combattants, ils n´ont pas tardé à tout mettre en oeuvre pour renverser  ce système qui les réduit à moins qu´une chose. C´est ainsi que les années 1790 à 1804 ont été marquées par des mouvements protestataires au milieu de toutes les classes à Saint-Domingue contre le système établi, à commencer par celle  des blancs. A Saint-Domingue, partant du marronage aux incendies, à la fievre jaune jusqu´à la  grande révoultion de 1803, la lutte des esclaves fut la seule à pouvoir parvenir à son véritable objectif celui d´obtenir la liberté et l´indépendance et de vivre dignement entant qu´êtres humains, ainsi toutes les forces de la nature se sont  rassemblées aux côtés de ces damnés de la terre afin de les aider à concrétiser ce rêve. 


En fait, avant la bataille de Vertières, Saint-Domingue s´est séparée de la France pour devenir Haiti par l´acte de la création du bicolore bleu et rouge le 18 mai 1803 à l´Arcahaie suite aux combats que les soldats de l´armée indigène ont tantôt perdu tantôt remporté face à l´armée française, mais le plus important c´est que tant que ce but commun qui est l´aboutissement à l´indépendance n´est pas encore atteint, les indigènes ne pouvaient se satisfaire de rien voire crier victoire. La France de sa part croyait qu´il s´agissait d´une simple séparation, mais lorsque  Dessalines déchira la partie blanche du tricolore français pour donner naissance à un bicolore haitien, les français ont vite compris que cette action traduit une séparation totale. Ainsi s´est éclatée la bataille meurtrière qui s´est déroulée au Nord dans une localité de la commune du Cap-Haitien appelée Vertières. On l´appelle arbitrairement dernière  bataille en raison du fait que c´est par elle que les esclaves se sont déclarés ouvertement libres et indépendants de  tout système d´esclavagisme, de colonialisme et de segrégationisme quelle que soit sa forme ou son origine. Vertières, comme je ne cesse de le répéter est, malgré notre situation tristement alarmante, l´expression de notre fierté de peuple. En ne laissant personne nous priver de ce symbole nous devons le travailler afin qu´´il fasse réellement l´honneur de nos ancêtres. Ce que nous avons acquis au prix du sang ne doit pas nous être enlevé que ce soit de façon brutale et encore moins par le néocolonialisme qui s´avère la nouvelle stratégie de la politique internationale. 

De même que le peuple d´Israel a dû passer par l´Egypte et le désert pour rentrer en Canaan; la terre promise que Dieu avait juré de donner à leurs pères, Haiti de sa part, a passé par la même trajectoire. En effet, de la  résistance ''indienne'' à son entrée glorieuse aux Gonaives en passant par Vertières, elle a connu les plus lugubres moments de son histoire de peuple. L´indépendance est tout ce qui reste à Haiti comme valeur et devoir de mémoire. Elle nous procure l´autorité de ne recevoir de leçon de liberté, de droits de l´homme et de libertés publiques de quiconque, encore moins de l´Occident parce que lui-même nous a isolés en refusant de reconnaître nos exploîts, au contraire, il nous a vus comme obstacle à la consolidation du système esclavagiste qu´il continuait de maintenir. L´esclavage est un système de destruction humaine tant du point de vue physique que spirituel. Malgré l´appui de l´Occident qui aujourd´hui s´érige en défenseur acharné de la démocratie, des droits de l´homme et des libertés publiques, les héros de l´indépendance comme Toussaint, Dessalines, Christophe et Pétion, ne se sont pas laissés faire. L´Occident nous plonge dans un véritable paradoxe où  il se transforme en diable ou en Dieu-Sauveur et vice-versa quand il le veut. 

Aujourd´hui frères et soeurs haitiens, il est vrai que nous n´allons pas refaire l´histoire, mais nous devons savoir que notre histoire de peuple est unique et une seule compréhension de cette unicité peut nous aider à réaliser des merveilles au profit de notre pays. Il se peut que l´on se dise que cela fait des années depuis que nous répétons les mêmes choses, mais avons-nous pour une seule fois essayé de nous mettre ensemble pour comprendre le sens de cet héritage que les ancêtres nous ont legué. Nous continuerons à le faire chaque année, à chaque instant, particulièrement en cette date, jusqu´à ce que nous obtenions la vraie dimension de fierté, de dignité, d´honnêteté et de respect que nous procure l´indépendance. Car, celle que nous possédons actuellement, elle est fictive, elle est imaginairement restée coincée dans les annales de  l´histoire, elle est contemplative comme le fait de contempler le ciel et les étoiles, nous ne la vivons pas parce que nous l´avons hypothéquée sans le savoir. Nous ne faisons que jouir des fruits de cette indépendance, mais nous ne prenons pas soin de l´arbre qui l´a donnée naissance. Cependant, l´indépendance d´Haiti fait toujours trembler le monde, les européens particulièrement pour ne pas dire les Français. Le nom de chaque haitien est sinonyme du respect de la personne humaine et de la liberté individuelle; de la jouissance des droits naturels et positifs les plus  imprescriptibles. Haiti est le premier État de l´Amérique après son indépendance à avoir instauré un modèle politique de justice sociale ancrée à l´être humain où ce dernier occupe le centre des priorités de l´état.


Haiti est certes un petit pays de 27 750 km2, le plus pauvre de l´Amérique, fait partie des plus pauvres à l´échelle planétaire, mais son histoire la fait asseoir parmi les grands et tous les projecteurs des études et recherches historiques n´arrêtent pas de se fixer sur elle. Quel historien peut parler de la révolution ou encore de l´esclavage sans se référer à Haiti anciennement appelée Saint-Domingue! L´Occident a tout fait pour l´étouffer, mais heureusement que l´histoire n´est pas statique, elle est mouvement, elle ne meure jamais. Il est vrai que je ne suis pas fier de l´état de mon pays ni de ses dirigeants,  mais je suis fier de son histoire, en outre, être haitien, avoir la nationalité haitienne, me faire appeler haitien par quelqu´un est le plus grand honneur et la plus grande fierté que Dieu m´ait réservés, car par Haiti des sillons de la liberté ont été tracés pour toujours. Le nom d´haitien est digne d´être porté, et ce n´est pas la dignité telle que l´on perçoit dans les discours politiques, mais celle qui traduit notre contribution à la naissance d´un monde où l´être humain est actuellement traité et respecté comme tel avec toutes ses valeurs, à la création des plus prestigieuses instititutions internationales de défense des droits de l´hommes, des libertés individuelles, de la démocratie que sont l´ONU, l´OEA pour ne citer que celles-là.  Même si notre déliquescence a plongé le pays dans l´abîme de la honte et du mépris, cela ne traduit pas la négation de notre histoire. Il est vrai que nous n´avons plus la liberté et l´indépendance leguées par nos ancêtres, mais nous ne devons pas abandonner la segonde révolution par laquelle nous pouvons les reconquérir. Nous sommes contraints d´avaler notre dévise ''l´union fait la force'' parce que nous n´y croyons pas, il s´agit d´une simple phrase d´exercice intellectuel. Seul par un plaidoyer historique que je ne cesse de répéter, seul par un devoir de mémoire historique, nous pouvons sortir ce peuple du désert de la dépendance économique, de l´assistanat et de l´ingérence politique  pour l´amener non au Canaan où coulent le lait et le miel, mais où jaillisent le respect, la dignité et le développement.


Enfin, il est triste de constater que  l´haitien a peur de chez lui, il a peur d´exprimer sa fierté, de défendre ses droits et sa dignité, nous ne sommes que les seuls responsables et tout cela arrive à cause d´un défaut de mémoire, par contre, nous devons apprendre et comprendre que notre histoire revêt d´un caractère universel que rien au monde ne puisse altérer. Il n´y eut d´autre voie par laquelle nous devions passer pour obtenir cette indépendance que celle tracée par le sang et la résistance des ''Indiens''. Notre avancement dépend de la réconnaissance de nos valeurs et de notre histoire, nous sommes les seuls capables de définir nos propres valeurs et nous l´avons déjà prouvé, donc que personne ne nous enseigne le contraire. L´histoire est un triangle à trois côtés: passé, présent et futur dont la base représente le passé. De même que dans un triangle tous les côtés sont liés, sans le passé le présent est inexistant et le futur est impossible. Il faut un début en tout, un signal doit être donné à un moment fixé, et je suis convaincu que si nous le commençons en ce 209ème anniversaire de notre indépendance en dehors de toute démagogie et propagande, la génération future s´enorgueillira  de vouloir aller encore plus de l´avant pour qu´enfin nous ayons une Haiti moins pauvre, moins miséreuse, et développée. Tel est le voeux pieux que je formule.





CAMPINAS, 01/01/2913

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de préférer ce blog.